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04/10/2007
Vincenzo Bellini : Norma
Edita Gruberova (Norma), Zoran Todorovich (Pollione), Roberto Scandiuzzi (Oroveso), Sonia Ganassi (Adalgisa), Cynthia Jansen (Clotilde), Markus Herzog (Flavio), Chœur et Orchestre de l’Opéra de Munich, Friedrich Haider (direction), Jürgen Rose (décors, costumes, lumières, mise en scène)
Enregistré au Staatsoper de Munich (janvier-février 2006) – 155’25
2DVD Deutsche Grammophon 00440 073 4219 – Région 0





Depuis sa prise de rôle au début des années 2000, Edita Gruberova a fait couler beaucoup d’encre quand elle a voulu s’essayer au personnage de la vestale gauloise. Ce DVD, capté à l’Opéra de Munich où la soprano est adulée, est le témoin d’une belle représentation où la chanteuse, avec des moyens vocaux encore époustouflants, brosse le portrait d’une femme brisée dont le monde s’écroule en quelques minutes.


Le bleu est la couleur dominante de cette production, qui reste assez classique. Sans être très originale, elle a le mérite de ne pas trop dénaturer l’œuvre, mais elle ne peut éviter que l’ennui ne s’installe rapidement. Heureusement que la seule présence d’Edita Gruberova permet de planter le décor de n’importe quelle intrigue…Norma ne serait pas Norma sans son arbre, ses cortèges de vierges, ses feux allumés, … Les costumes sont simples, bleus ou marron. En revanche on peut relever quelques fautes de goût, comme Pollione qui entre en scène avec un fusil…suivi de son comparse Flavio qui allume cigarette sur cigarette.


Sonia Ganassi met son timbre chaud et voluptueux au service du personnage sacrifié d’Adalgisa. Dans le duo avec Norma “Oh! rimembranza” elle exprime toute la douleur du personnage en utilisant un tempo assez lent et des notes langoureuses et sombres. Le début de “Mira, o Norma” est également une merveille, amenant les premières notes avec précaution. Les deux voix s’harmonisent bien entre elles, comme en témoigne le duo de haute voltige “Si, fino all’ore estreme”.


Zoran Todorovich chante avec vaillance le rôle de Pollione. Certes le personnage n’est pas des plus intelligents mais quelques nuances ne nuiraient pas, ainsi qu’une attention plus précise aux transitions. Le chanteur ne manque pas d’engagement et il en fait la preuve dans des passages comme “Meco all’altar di Venere” ou bien dans le duo du deuxième acte avec Norma.


On a connu Roberto Scandiuzzi en meilleure forme. Il campe un noble Oroveso mais la voix a tendance à bouger un peu surtout dans le premier acte. Son intervention dans la deuxième partie est bien meilleure et on retrouve sa belle voix profonde et longue. Jour de méforme…
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Reste Edita Gruberova… Son interprétation de Norma est aujourd’hui considérée comme l’une des meilleures et c’est vrai qu’elle est une Norma surprenante! Certes son chant dans “Casta diva” a de quoi dérouter, car les respirations sont assez étonnantes, les coupures inhabituelles, mais quels sons filés, purs, beaux, émouvants… Ils rappellent ceux de Montserrat Caballe dans cette fameuse version d’Orange… Les vocalises de “Ah! bello a me ritorna” sont d’une précision et d’une facilité confondantes. La chanteuse apporte à Norma une fraîcheur et un enthousiasme presque de jeune fille: elle exprime tout son amour dans “Oh rimembranza”. La suite de l’opéra est un peu décevante car la voix d’Edita Gruberova, fine, pointue et à certains moments aigre, ne lui permet pas toujours de décrire la femme blessée et en colère, en partie parce qu’elle ne peut pas toujours arrondir son instrument. Dans ces passages, la comédienne prend le pas sur la chanteuse et c’est donc avec des gestes qu’elle va exprimer la colère de Norma. En résumé, Edita Gruberova n’est jamais aussi juste et aussi bonne que quand elle exprime la douleur du personnage comme dans les toutes premières notes de l’acte II.


La direction de Friedrich Haider est un peu décousue, surtout dans l’ouverture où il semble peiner à trouver ses marques. Le reste de l’opéra est un peu mieux conduit, mais on est loin d’une direction enflammée et belcantiste à la Pidò, pour ne citer que lui. Tout cela reste bien sage et on aurait aimé un peu plus d’engagement de la part de l’orchestre.


Sans être exceptionnel, ce DVD mérite d’être regardé et apprécié pour la présence d’Edita Gruberova. Se limiter à un enregistrement audio revient à perdre une large dimension du talent de cette chanteuse car, avec un geste, un regard, elle souligne ou bouscule les intentions de son chant.


Manon Ardouin

 

 

 

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