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01/16/2007
Extraits d’opéras de Richard Strauss, Gioacchino Rossini, Jacques Offenbach, etc…

Elīna Garanca (mezzo-soprano), Adrianne Pieczonka, Diana Damrau (sopranos), Staatskapelle Dresden, Fabio Luisi (direction)
Enregistré à Dresde (Lukaskirche) en juillet 2006 - 58’22
Deutsche Grammophon 00289 477 6231


Elīna Garanca commence à se faire un nom dans le sérail assez fermé des mezzos. Avançant dans sa carrière avec une prudence et une sagesse qui la mèneront longtemps sur les scènes internationales, la Lettone approfondit quelques rôles, les chante un peu partout puis en aborde de nouveaux. Après avoir fait paraître un premier récital chez Ondine, passé relativement inaperçu, puis un Mozart chez Virgin salué par la critique, la chanteuse revient en force avec ce premier disque chez Deutsche Grammophon.


Elle interprète les grands airs du répertoire de mezzo (Rossini, Massenet, Offenbach…) mais également quelques œuvres plus originales (Chapí, Villa-Lobos...). Le programme est très éclectique et comme elle l’explique dans la notice: “J’ai ainsi pioché dans les répertoires italien, français, allemand, espagnol et brésilien car je veux que tous ceux qui achètent le disque aient le sentiment qu’on s’adresse à eux”.
La musique française est bien représentée avec Werther de Massenet, La Grande-Duchesse de Gérolstein et Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach. Elīna Garanca a triomphé en 2005 dans le rôle de Charlotte au Staatsoper de Vienne aux côtés de Marcelo Alvarez: elle avait la puissance et la beauté vocales pour brûler les planches! Elle interprète ici la scène des lettres avec une émotion poignante notamment quand elle crie presque le premier “ces lettres” et qu’ensuite elle le répète avec une voix beaucoup plus douce et douloureuse. Elle utilise les couleurs chaudes de sa voix pour souligner le malheur du personnage (“isolement”). Elīna Garanca chante de manière trop solennelle et sérieuse le récitatif qui introduit “Ah que j’aime les militaires”. Tout est très bien fait, mais il manque le petit grain de folie qu’avait su apporter Felicity Lott à cette partition ou bien la classe de Régine Crespin. Elle est nettement plus convaincante dans l’air de Niklausse d’Hoffmann où elle rend hypnotique la première partie avec une voix presque blanche: elle laisse ensuite éclater toute sa puissance dramatique et vocale dans “c’est l’amour, l’amour vainqueur”. Dommage que ni dans Massenet, ni dans Offenbach on ne comprenne un traître mot de ce qu’elle chante!
Rossini est représenté par la scène finale de La Cenerentola, rôle dans lequel la chanteuse fut découverte à Paris et par un extrait de L’Italiana in Algeri. Ses vocalises, élément ô combien essentiel chez ce compositeur, sont correctement exécutées mais la mezzo n’a pas les mêmes facilités qu’une Vivica Genaux ou une Cecilia Bartoli. Elle campe une Angelina assez autoritaire, raide voire froide sauf dans ses adresses à son père et à ses sœurs: on ne sent pas chez elle la douceur et la fraîcheur d’une jeune fille à l’aube de son bonheur. Isabella lui va beaucoup mieux car elle peut user et abuser de son timbre chaud et langoureux pour séduire Mustafa: elle distille son chant et son venin amoureux avec minutie grâce à des notes allongées et languissantes. Elle fait bien plus preuve d’humour et de décalage dans cette page que dans celle de La Grande-Duchesse.
La musique espagnole est présente notamment avec la zarzuela Las Hijas del Zebedeo et l’air “Al pensar en el dueno de mis amores”. Elīna Garanca se rapproche avec grande justesse de l’esthétique espagnole et elle a sûrement dû beaucoup écouter Teresa Berganza car les couleurs sont assez identiques ainsi que le phrasé: même lenteur sur la fin des notes, même retenue dans les phrases... Fabio Luisi et Elīna Garanca sont tout à fait convaincants dans cette musique qui ne leur est pas familière et ils arrivent à faire illusion grâce à un entrain et un rythme appropriés.
Elīna Garanca se devait d’enregistrer le trio final du Rosenkavalier car elle s’est révélée être idéale pour le rôle d’Octavian. Et effectivement elle apporte une élégance au personnage, une noblesse évidente. Elle est secondée par la voix de grande classe d’Adrianne Pieczonka (le “Hab mir’s gelobt” est de toute beauté!) et par le timbre vif et expressif de Diana Damrau. La mezzo possède une maîtrise totale de la partition et elle se montre surtout attentive aux transitions et aux envolées lyriques. Fabio Luisi adopte un tempo assez lent pour ce passage et les trois dames ne terminent pas dans une terrible cacophonie comme c’est souvent le cas. Les plus beaux numéros du disque.
Fabio Luisi ne manque pas d’idées dans sa direction. Il est particulièrement habile dans les transitions: dans le début de La Grande-Duchesse, il ralentit fortement le passage du thème de “Portez armes” à celui de “Vous aimez le danger”.


L’aria “Tarde, uma nuvem rosea” des Bachianas brasileiras n° 5 de Villa-Lobos semble taillée sur pièce pour la chanteuse car elle peut montrer son legato raffiné, ses aigus brillants et assurés, un souffle interminable et la chaleur de son timbre. Un air qui résume les grandes qualités d’Elīna Garanca.


Manon Ardouin

 

 

 

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