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12/27/2006
Nikolaï Roslavetz : Symphonie de chambre – Dans les nuits de la nouvelle lune (édition Alexandre Raskatov)

BBC Scottish symphony orchestra, Ilan Volkov (direction)
Enregistré à Glasgow (18-19 décembre 2005) et à Dundee (4-5 juin 2004) – 67’36
Hyperion CDA67484 (distribué par Abeille musique)



Aux côtés de Dechevov, Knipper, Lourié, Mossolov, Popov ou Protopopov, Nikolaï Roslavetz (1881-1944) fait partie de cette avant-garde soviétique des années 1920 anéantie par la reprise en main stalinienne des années 1930 mais dont on redécouvre les audaces depuis la perestroïka. C’est la raison pour laquelle la plupart de ses partitions n’ont été éditées, créées et diffusées que de façon posthume: 1990 pour le poème symphonique Dans les nuits de la nouvelle lune (1913?), déjà gravé sous la direction de Holliger (Wergo, 1990), et 2005 pour la Symphonie de chambre (1935), dont c’est ici la première version discographique.


Achevée peu de temps avant que la Pravda ne condamne, à propos de Lady Macbeth de Chostakovitch, le «formalisme petit-bourgeois», la Symphonie de chambre respire encore l’air des années 1920: Popov avait d’ailleurs apporté sa contribution au genre en 1927 (pour septuor), au moment même où Roslavetz interrompait quant à lui la composition d’une première symphonie de chambre, dont l’unique mouvement achevé a été enregistré il y a une dizaine d’années. Egalement destinée à dix-huit instruments, cette Symphonie de 1935 est cependant d’une toute autre portée, ne serait-ce que par sa durée (cinquante-cinq minutes).


Essentiels à la compréhension de cette période troublée de la vie musicale soviétique et éclairés par une notice très complète (en anglais, français et allemand), ces quatre mouvements de coupe classique suscitent toutefois un sentiment étrange : le modèle de la Première symphonie de chambre de Schönberg – qui s’apprêtait alors à en écrire une Seconde, au demeurant fort différente – semble avoir tellement marqué Roslavetz qu’il en cite presque littéralement dans au début de son Allegro risoluto le thème initial («Sehr rasch») en quartes ascendantes, présenté également au cor. Au-delà, les textures et les couleurs rappellent également l’oeuvre fondatrice du maître autrichien. Mais celui-ci, à la différence de son épigone ukrainien, avait renoncé aux longueurs postromantiques, de telle sorte que l’impression prévaut d’entendre un curieux hybride, comme le délayage d’un propos que Schönberg avait précisément réussi à réduire à un concentré explosif.


La même année, dans la plus mahlérienne de ses symphonies, la Quatrième, Chostakovitch n’en restait pas moins Chostakovitch, tandis que Roslavetz semble avoir été fasciné par son modèle comme la proie par le prédateur. Tout aussi épigonal – mais l’inspirateur est ici manifestement Scriabine – Dans les nuits de la pleine lune s’écoute avec autant de plaisir.


Simon Corley

 

 

 

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