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12/09/2006
Ludwig van Beethoven : Sonate n°4, opus 7 – Sonate n°24, opus 78 – Sonate n°28, opus 101
Garrick Ohlsson (piano)
Enregistré au SUNY Purchase Performing Arts Center, New York (janvier 2006) – 64’02
Bridge 9198 (distribué par Abeille musique)




Enregistrer aujourd’hui les Sonates pour piano de Beethoven est à la fois une gageure et un risque. Une gageure car ce monument exige autant une technique éprouvée qu’une profonde musicalité. Un risque parce que toute nouvelle gravure dépourvue d’originalité ou d’excellence peut se noyer impitoyablement dans une discographie aussi riche que prestigieuse. On comprend cependant que de nombreux pianistes continuent de se lancer dans cette aventure gratifiante en enregistrant, ou en réenregistrant, tout ou une partie de ce corpus. Citons François-Frédéric Guy (chez Naïve), Paul Lewis (Harmonia Mundi), Angela Hewitt (Hyperion), Kun Woo Paik (Decca), Andras Schiff (ECM) ou encore Gerhard Oppitz (Hänssler).


Avec ce disque au design quelque peu suranné, Garrick Ohlsson nous livre le premier volume de son intégrale. Les mesures initiales de la Quatrième sonate annoncent la couleur : le Beethoven du pianiste américain est solide, charpenté, carré et va droit au but. Volontaire et conquérante, son interprétation est d’une grande urgence dramatique et d’une ampleur toute symphonique, ce qui sied à cette vaste sonate de jeunesse. Sa vision âpre et sans concession convainc, mais bien qu’elle soit dépourvue de lourdeur, elle ne séduira peut-être pas ceux qui préfèrent des angles plus arrondis dans cette oeuvre.


Garrick Ohlsson nous fait ressentir la nécessité de la petite Sonate n°24, trop négligée, voire oubliée, en dehors d’une intégrale. Bien que sous ses doigts, la poésie de cette page ressorte moins que sa tendresse, le pianiste s’y montre, quand il faut, intimiste ou espiègle. Son indéniable savoir-faire se manifeste plus encore dans la Sonate n°28. On ne peut en effet que souligner le sens de la construction, le travail approfondi sur le texte et la maîtrise des contrastes dont il fait preuve. Parfois, une légère impatience se fait entendre, en particulier dans les deuxième et troisième mouvements, empêchant les phrases de s’épanouir pleinement. Très petit bémol, malgré tout, pour ce disque qui se révèle, au total, de haute tenue et qui montre, de toute évidence, que le pianiste n’a pas retenu une approche chronologique pour construire son intégrale.



Sébastien Foucart

 

 

 

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