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12/08/2006
Scènes de Macbeth et airs de Don Carlos et Il Trovatore de Verdi
Margherita Grandi (soprano), divers orchestres et divers chefs (Berthold Goldschmidt, Thomas Beecham…)
Enregistré en 1947-1948 - 79’51
Testament SBT 1402 (distribué par Abeille musique)
Bien que Margherita Grandi (1892-1972) ait effectué une carrière importante, il ne reste que très peu de documents de ses prestations. Après avoir débuté comme mezzo, elle se tourne vers des emplois de soprano dramatique en abordant Aïda, Tosca, Lady Macbeth… Ce disque contient de très larges extraits de Macbeth enregistrés à Edimbourg en 1947.
Quel dommage de ne pas avoir de témoignages filmés de cette musicienne! En effet sa voix est intense, dramatique, expressive et il est à parier qu’elle devait être une actrice éblouissante et investie. La voix est magnifique, homogène et seules les vocalises ne sont pas toujours très précises. Les aigus sont brillants, puissants, en un mot superbes. La chanteuse est très attentive aux transitions: elle soutient bien les notes, les développe jusqu’au bout avant le passage à une autre phrase. Son incarnation de Lady Macbeth est très riche car Margherita Grandi possède les graves nécessaires (un peu caverneux) pour rendre le personnage effrayant et redoutable mais aussi les aigus lumineux pour soutenir la large tessiture que demande ce rôle. Elle aborde tous les aspects de Lady Macbeth: le crescendo effectué sur la première phrase “Or tutti sorgete, ministri infernali” souligne bien la détermination de la protagoniste et son caractère inébranlable. Elle souligne également sa folie dans les notes rapides du duo “Il pugna là riportate” (premier acte) qu’elle effleure à peine ainsi que dans les “vendetta” de la fin du troisième acte. Elle est entourée par Francesco Valentino dans le rôle de Macbeth: le baryton est très convaincant, car il sait se montrer dominé par Lady Macbeth. Il exprime bien la faiblesse du personnage mais aussi sa détermination un peu fragile dans “Sappia la sposa mia” ainsi que dans le duo “Regna il donno su tutti”. Macduff est chanté par l’excellent Walter Midgley qui possède une très belle voix, ronde et chaleureuse. Pour le quatrième acte, l’enregistrement choisi est celui Thomas Beecham réalisé quelques mois plus tard, nettement meilleur au point de vue de la direction. Cet extrait est remarquable car on sent le personnage défaillir progressivement et enfin devenir vulnérable: la voix est de moins en moins grave et lourde, les notes sont retenues, la tension monte… et Lady Macbeth deviendrait presque humaine avec son aigu tenu et pur à la fin de l’air.
En complément de Macbeth le disque comprend deux airs de Verdi. Dans “Tu che la vanità” de Don Carlos, Marguerita Grandi campe une Elisabetta sensible et douce à cause de sa voix parfois un peu légère. Les adieux à ses espérances sont très précis et expressifs, car elle les entrecoupe de respirations: elle semble pressée, haletante presque. La chanteuse est soutenue par Alberto Erede, bien plus inspiré que Berthold Goldschmidt: l’introduction orchestrale est très intense, le drame se met peu à peu en place. On peut aussi écouter “D’amor sull’ali rosee” d'Il Trovatore qu’il est préférable d’oublier, car il n’est pas d’une aussi bonne qualité que le reste des extraits présentés sur le disque: on entend davantage Azucena que Leonora.
Margherita Grandi n’a pas forcément eu la reconnaissance qu’elle mérite et grâce à ce disque, il est possible d’entrevoir ses grandes qualités. Elle possède une véritable force expressive que bon nombre de sopranos actuelles ne possèdent pas. Peut-être que des enregistrements “live” sortiront un jour des tiroirs et permettront de continuer à déouvrir cette chanteuse…
Manon Ardouin
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