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11/09/2006
Franz Schubert:Quatuor D. 810 "La jeune fille et la mort" - Quatuor D. 887
Quatuor Busch
Enregistré à Abbey Road, Londres (16 octobre 1936 et 30 novembre 1938)
EMI Classics - Collection "Great recordings of the century" 3 61588 2 - 73'33
Il existe des artistes qui au-delà de leur talent ont profondément bouleversé et marqué notre vision des œuvres et des compositeurs : Arthur Rubinstein a sorti Chopin des salons, Arturo Benedetti-Michelangeli a dégagé les brouillards impressionnistes qui obscurcissaient la musique de Claude Debussy, Pierre Boulez nous a permis de repenser radicalement la continuité stylistique partant de Richard Wagner pour arriver à l’école de Vienne, … et c’est également l’apport du Quatuor Busch qui a su nous révéler la profondeur et la sensibilité d’écorché de Schubert au-delà de l’image d’Epinal du compositeur léger de charmantes valses viennoises.
70 ans après le choc que cet enregistrement a dû provoquer, sa force expressive reste intacte. Mêmes les meilleurs quatuors modernes, qui ont pu assimiler la conception des Busch, n’ont pas réussi à atteindre la même fièvre et la même angoisse sourde qui ressort de l’Andante con moto de La Jeune fille et la mort. Stylistiquement, cet enregistrement reste d’une modernité saisissante : les tempi sont très homogènes sans les rubatos expressifs qui étaient la norme à cette époque, les glissandi restent discrets et le niveau technique des instrumentistes est très élevé. Le Quatuor D. 810 était auparavant disponible avec en complément le Trio op 100, avec au piano le gendre d’Adolf Busch, Rudolf Serkin. Le Quatuor D. 887 n’est pas en reste, acquérant sous les doigts des Busch une grandeur et une dimension toute symphonique.
Il existe de nombreux enregistrements de qualité dans la collection « Great recordings of the century ». Il en est très peu qui soient aussi indispensables.
Antoine Leboyer
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