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10/27/2006
Grandes scènes tirées de Verdi, Mozart, Donizetti et Rossini
Alexandrina Pendatchanska (soprano), Orchestre symphonique de Bulgarie, Eraldo Salmieri (direction)
Enregistré à la Radio nationale de Bulgarie (3-6 décembre 2004) - 79’54
1CD Spotlight MK20090


Alexandrina Pendatchanska est encore dans toutes les mémoires pour qui a vu son interprétation étourdissante de la prima donna Stonatrilla dans L’Opera seria de Gassmann au Théâtre des Champs-Elysées en mars 2003 (lire ici). Son nouveau récital est du même niveau, la présence scénique (et ô combien essentielle dans son esthétique) en moins.



La soprano bulgare a souhaité réunir les héroïnes qui ont le plus marqué sa jeune carrière. La première remarque qui s’impose à l’écoute de ce récital, c’est que la chanteuse s’investit corps et âme dans la musique et dans les personnages, n’hésitant pas à faire passer la beauté de la voix après l’intensité dramatique. Son chant est toujours soutenu par une rage contenue qui lui permet de brosser des portraits encore plus forts de toutes ces femmes.
Elle ouvre son récital avec la grande scène d’Ermione “Essa come al trionfo” où elle fait preuve d’une virtuosité saisissante. Cet air est peut-être le plus réussi du disque car non seulement elle incarne le personnage avec vérité mais elle propose aussi un véritable feu d’artifice vocal avec vocalises, intervalles impressionnants, etc…
Elle interprète deux Mozart pour lesquels il est peut-être un peu excessif de donner l’adjectif colorature. Elle chante “Come scoglio” de Cosi fan tutte avec une certaine classe mais elle fait de Fiordiligi un personnage entier qui ne doute pas vraiment. Il est vrai que la jeune femme essaie de se convaincre qu’elle doit rester fidèle à son fiancé parti à la guerre mais elle est fragile également et cette fragilité ne s’entend qu’à de trop rares moments si ce n’est dans la joute musicale avec l’orchestre. On retrouve cette même rage dans l’air de Donna Anna dans Don Giovanni “Non mi dir”. Là aussi la chanteuse donne une grande puissance au récitatif pour mieux souligner sa peine dans l’air avec des reprises en mezza-voce tellement élégantes sur “non mi dir”. Elle est très attentive au texte avec des notes plus sombrées sur “tormento”.
Elle aborde Verdi avec autant de brio dans le grand air d’Elvira d’Ernani “Ernani!…Ernani, involami”. Après le “récitatif” elle débuté l’air avec une voix plus aiguë, plus fraîche et surtout débordante d’enthousiasme et d’amour. Elle adopte un tempo assez lent, ce qui est assez intéressant car elle semble retenir ses sentiments, ne les exprimer que progressivement. Elle peut, dans la dernière partie de l’air, se laisser aller à des vocalises parfaites,… Toutefois elle ne peut éviter quelques notes criées dans les aigus amenés par un legato. Elle poursuit avec l’air de Leonora du Trovatore “Tacea la notte” qu’elle interprète avec beaucoup de sensibilité. Le début de “tacea” est un peu déroutant car on a davantage l’impression d’entendre Azucena que Leonora à cause des notes graves presque rauques. Mais le personnage évolue à partir de la magnifique transition tenue “Dolci s’udiro” où Alexandrina Pendatchanska propose des notes plus légères, plus féminines, plus fraîches et donc plus aiguës. Ce passage est emprunt d’une grande élégance!
Deux Donizetti avec la scène finale de Roberto Devereux “Vivi, ingrato…” dans laquelle elle crie aussi haut et fort sa colère avec des notes très graves, très sombres. Chaque note est pensée dans un but dramatique: par exemple, lorsque la reine demande “el sangue”, la soprano prend des couleurs presque effrayantes, du moins qui glacent tout spectateur. La scène finale d’Anna Bolena “Al dolce guidami” permet, en revanche, de découvrir une chanteuse plus humaine, plus douce et cet air conforte l’idée qu’Alexandrina Pendatchanska est une musicienne accomplie, capable de se plier aux différents rôles qu’elle doit interpréter.
L’Orchestre symphonique de Bulgarie conduit par Eraldo Salmieri est tout à fait à la hauteur et propose de belles introductions, pleines de finesse et de musicalité.
La pochette du disque est réussie avec des photos de la chanteuse, une petite biographie et surtout son projet concernant cet enregistrement. On regrettera toutefois l’absence des textes des airs interprétés.



Une belle carte de visite pour découvrir cette chanteuse qui, moins sur-médiatisée que certaines de ses collègues, n’en possède pas moins des qualités évidentes autant au niveau de l’interprétation qu’au niveau vocal (son ambitus est impressionnant de longueur!). On a rarement entendu une chanteuse, ces dernières années, s’investir autant dans un personnage… A posséder de toute urgence pour tout amoureux des belles voix!

Manon Ardouin

 

 

 

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