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10/22/2006
Francesco Cilea : Adrienne Lecouvreur
Joan Sutherland (Adrienne), Carlo Bergonzi (Maurice), Francesco Ellero d’Artegna (le Prince), Cleopatra Gurcia (la Princesse), Michel Sénéchal (l’Abbé), Orchestre et Choeurs du Welsh National Opera, Richard Bonynge (direction).
Enregistré à Swansea (septembre et décembre 1988) – 133’51
2 CD Decca 475 7906 (présentation trilingue, livret en italien et en français)


Adrienne Lecouvreur avec deux sexagénaires ! On ne niera certes pas, même si on les reconnaît aussitôt, l’usure des instruments, le ternissement des timbres, la difficulté des aigus, l’élargissement du vibrato. Mais quand on a une telle technique, usure n’est pas délabrement. Alors que beaucoup, aujourd’hui, s’épuisent à peine entrés dans la carrière, Joan Sutherland et Carlo Bergonzi en imposent encore dans un opéra où l’on attendait guère ces deux incomparables belcantistes.
Voilà du Cilea chanté comme du Bellini, avec un art du legato, une maîtrise du souffle, un sens des couleurs que rien, pour le coup, n’a altérés. Le Maurizio de Bergonzi a une classe, un chic qui n’a plus rien à voir avec les vulgarités pseudo-véristes de certains de ses confrères. Quant à la Stupenda, peu familière de ce genre de répertoire – elle a enregistré Turandot, mais s’est bien gardée de s’y risquer à la scène -, elle a abordé le rôle d’Adrienne au soir de sa carrière, comme un défi. Elle le renouvelle, faisant tout autre chose que les grandes titulaires du rôle, les Olivero, Kabaivanska, Scotto et autres Tebaldi, et, du coup, invalide toute comparaison. Elle nimbe son interprétation d’une sorte de mélancolie crépusculaire – quel beau « Poveri fiori » ! -, tout en restant capable de se dresser fièrement en face de sa rivale – son « Amate » dément sa réputation de froideur, de moins en moins justifiée au fil des années. Les affrontements entre la comédienne et la Princesse, malheureusement, tournent court, à cause des limites de Cleopatra Gurcia, princesse stridente et sans manières. On aimerait aussi un Michonnet plus subtil que Leo Nucci, à qui on préfère le Prince de Francesco Ellero d’Artegna, ou encore l’Abbé enrubanné et enamouré de Michel Sénéchal, quitte à passer ici sur un certain exotisme stylistique. A noter, dans le rôle très secondaire de Quinault, un baryton gallois débutant nommé Bryn Terfel.
Au pupitre, Richard Bonynge se montre assez raffiné, volontiers hédoniste, toujours vivant et jamais vulgaire, prenant bien soin aussi de faciliter la tâche des deux protagonistes. Notre admiration pour eux nous avait fait avait fait aborder ce coffret, souvent fraîchement accueilli en son temps, avec réserve, voire avec crainte. Ils nous ont réservé une belle surprise et justifient la présence de ce coffret parmi les rééditions proposées à l’occasion des quatre-vingts ans de Dame Joan.


Didier van Moere

 

 

 

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