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08/01/2006
The Toughest Show on Earth

- Joseph Volpe - Edition Alfred Knop



Le monde de l’Opéra a bien changé. Il fut un temps où l'on allait entendre Enrico Caruso chanter, puis Herbert von Karajan diriger, puis Patrice Chéreau mettre en scène. Aujourd’hui, le public se rend à la maison d’Opéra que dirige Stéphane Lissner, Jean-Pierre Brossmann ou Gérard Mortier. Quoi de plus normal que Joseph Volpe, General Manager de 1990 à 2006 du Metropolitan Opera de New York, prenne la plume pour raconter ses mémoires?


Contrairement à ses prédécesseurs, Volpe a démarré au Met comme simple menuisier après avoir eu de nombreux petits boulots qui lui ont permis de développer une réelle autorité doublée d’un sens pratique de ce qui marche et ne marche pas sur scène. Il ne faut pas s’étonner qu’il soit capable de simplifier les plans exubérants d’un Zeffirelli, de tenir tête à un board interventionniste, de retirer American Express des programmes du Met lorsque ceux-ci réduisent leurs subventions, de remettre à sa place des architectes en plein délire tout comme diriger toutes les opérations du Met avec une efficacité toute new-yorkaise. Bien sur, et c’est cela la surprise, il applique la même approche directe devant les enfantillages de quelques divas. Il raconte en particulier les détails du fameux cas de Kathleen Battle. Tous ces passages sont simplement hilarants et valent à eux seuls de lire le livre. Il ne faut que regretter qu’il n’y en ait pas plus et je ne citerai pas plus de noms …


Un des autres attraits du livre est de pouvoir mieux comprendre ce qu’est la fonctionnement d’un Opéra. Si vous travaillez dans une boite de high tech, vous serez surpris d’y voir beaucoup de similarités avec votre entreprise. Il y a des ingénieurs aussi difficiles que les pires divas, pardon des divas aussi difficiles que les pires ingénieurs. Le département production n’est que très rarement impliquée dans des options de design par la R&D, pardon le metteur en scène, mais une bonne discussion entre eux permet d’éviter bien des désastres plus tard. Enfin, comme dans votre entreprise, le top management fait appel à des consultants, Booz Allen et Hamilton, pour des études onéreuses et complètement inutiles et demande à des chasseurs de têtes, Heidrick et Struggles, de faire des missions de succession pour se rassurer alors que le candidat idéal est devant leurs yeux. (Chapeau à Heidrick et Struggles qui, fait unique, a reconnu son erreur et a remboursé le Met). Oui vraiment, le Met ressemble à votre entreprise …


Volpe est moins loquace sur certains choix artistiques du Met. Il a eu la sagesse de laisser les décisions artistiques à James Levine qui a su bâtir, année après année, un orchestre qui est un des meilleurs non seulement des Etats-Unis mais du monde entier, ainsi qu’une troupe vocale de premier ordre. Le seul domaine dans lequel il me sera permis de critiquer le travail réalisé est dans le fait que, pour éviter ce que les Américains appellent l’ Eurotrash, c’est-à-dire des mises en scènes très aventureuses, le Met ait privilégié des productions à l’esthétique dépassée. Il y a quand même du monde entre La Bohème de Zeffirelli et La Chauve-Souris revue par Neufels …


Au total, un livre passionnant (en anglais), plein d’esprit et d’énergie à recommander parmi les lectures d’été des lecteurs de ConcertoNet.


Antoine Leboyer

 

 

 

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