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06/05/2006
François Narboni : Les Animals, Mink, Le Plérôme des Eons, Heldenplatz, L'Allante heure, Pandémonium
Ensemble Stravinsky
3D Classics 3D8036
www.3d-classics.com
On l'attendait depuis longtemps, voici le premier disque du compositeur François Narboni, jeune quarantenaire très prometteur, dont on peut ici apprécier plusieurs facettes de son talent.
L'emblématique Les Animals (1996), qui donne son nom au disque, pour contrebasse principale, ensemble instrumental et - attention - cris d'animaux échantillonnés (chien, hibou, canard, etc), convainc d'emblée par son élaboration précise et son sens de l’humour (une valeur très peu partagée dans le monde de la musique contemporaine !). Cette joyeuse ménagerie où les animaux semblent jouer à cache-cache avec les musiciens, où les instruments semblent copier les animaux, est une fête pour l’oreille et pour l’esprit. C’est aussi, si l’on se place dans la perspective de l’histoire de la musique, un processus d’hybridation tout à fait nouveau, que le compositeur reprendra, cette fois avec de courts extraits de pop music, dans El Gran Masturbator (2000, lire ici), et que l’on espère voir dans d’autres pièces encore.
Climat opposé avec le sombre Heldenplatz (1988), pour contrebasse et électronique, mais toujours avec ce procédé d’hybridation qui nous fait passer d'une marche militaire (les premiers accords de la Sixième de Mahler) aux cris d'une foule en délire. Une progression parfaitement construite et impressionnante.
Le Plérôme des Eons (1998), pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano, explore, à la façon d'un Lachemann ou d'un Pesson, en quelque sorte l'envers des instruments, les bruits, les silences, les frottements du discours musical. Là encore, le sens du ludique évite de dériver vers le pensum pour aller vers la légèreté et le rythme. Mink (2004), pour saxophone soprano, tourne autour de formules répétitives, tout comme Pandémonium (1989), pour clavecin, qui fait penser à Ligeti. Evoquant Scelsi, L'Allante heure (2005), développe un jeu spectral d'un quatuor à cordes autour d'une clarinette tissant des formes répétitives.
Un CD hautement recommandable, pour une vraie découverte musicale, et dont on souhaite qu’il fasse mieux connaître ce compositeur captivant.
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Philippe Herlin
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