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05/15/2002


Hautbois de Feu : Joie et Lumière.


Antonio Vivaldi : Concertos pour hautbois, cordes et continuo en ré majeur, RV 453 ; en la mineur, RV 461 ; en ut majeur, RV 447.


Georg Philip Telemann : Concerto pour hautbois d'amour, cordes et continuo en sol majeur.


Jean-Marie Leclair : Concerto pour hautbois, cordes et continuo en ut majeur, opus 7 n° 3.




Nieuw Sinfonietta Amsterdam, Emmanuel Abbühl (hautbois et direction).


1 CD Pan Classics, 2002, n° 510 150.







Une oasis verdoyante, une rose dans les ténèbres, une clarté azurée dans l'obscurité. C'est le miraculeux effet que produit cette salutaire nouveauté, jaillie de la boîte de Pandore du label helvète Pan Classics. Dans une France séduite par le repli sur soi, confrontée à la menace (fantôme ?) d'une idéologie fangeuse, deux solutions s'offrent au citoyen-mélomane désorienté : soit (par masochisme) il s'adonne à la Musique pour l'Esprit en Deuil du Néerlandais Rudolf Escher (1912 ~ 1980), long crescendo apocalyptique d'une tension parfois insoutenable. Soit il préfère s'aérer les neurones - et, de ce fait, il se jette sur ces cinq Concerti prompts à remonter le moral à un bataillon de déprimés !!! Trois compositeurs, trois maîtres : l'un Italien, l'autre Allemand - le dernier, Français...


Infelice Antonio ! Certains esprits caustiques, "beckmessériens" (1), accusent l'auteur de Juditha Triumphans d'avoir écrit cinq cents fois la même partition. Caricature facile, et critique infondée. Même si, en apparence, aucun trait révolutionnaire ne semble traverser les trois Concertos pour Hautbois de Vivaldi, celui-ci les a dessinés en scrupuleux "pastéliste". Pour s'en convaincre, les éthérés mouvements Largo et Larghetto s'apparentent à une langoureuse étreinte - emprunte d'un lyrisme effusif, d'une évanescence toute préromantique.


Force est de reconnaître la haute maîtrise d'Emmanuel Abbühl, doublée d'un penchant bagarreur : fin bretteur, jouteur sensuel ; lequel s'empare de ces partitions tel un farfadet. Leste, mutin - prêt à en découdre. Émondé de tout baroquisme salonnard étriqué, Vivaldi dépoussiéré sonne comme du Bartok, voire du Stravinsky - celui de la période néo-classique. Ce constat s'impose également pour Telemann, ancré dans une science admirable du contrepoint, qui se berce dans une lave incandescente d'harmonies et de rythmes débridés, jubilatoires... Le bas-rock, dans de telles conditions, séduira les plus rétifs à cette esthétique musicale si spécifique !


Le primesautier hautboïste ne confond jamais esbroufe alla Paganini avec virtuosité pleine d'allant, et de cinglance brillante ; lorsqu'il secoue, renverse - tout en les enlaçant de moult délicatesse - les tempi des danses : sarabande, rondeau, gigue, menuet; A ce sujet, l'étonnant Allegro assai, dernière garniture de cette somptueuse guirlande fait stylistiquement songer au quatrième mouvement d'un autre oeuvre - pour piano celle-ci -, à savoir le titanesque Concerto de... Busoni (séquence all' italiana).


Pourtant, c'est peut-être l'ultime Concerto pour Hautbois, à l'italianité affirmée, de Jean-Marie Leclair ; qui réserve une divine surprise. Cantate sans parole, quasi-poème symphonique concertant tressant des filaments luciolaires... L'on y admire le jeu charnel, amoroso, sans la moindre once d'affeterie, d'Emmanuel Abbühl. Les sonorités diaprées de son hautbois s'enroulent autour des lignes sarmenteuses des cordes. Bel exemple ici, en vérité, de cosmopolitisme, de diversité culturelle et de métissage musical - avec ces partitions à la beauté fulgurante, qui s'enracient dans le sol immémorial du patrimoine européen.





(1) parmi lesquels... Stravinsky lui-même.






Étienne Müller

 

 

 

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