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06/23/2025
« Complete works with clarinet Vol. 1. On period instruments »
Wolfgang Amadeus Mozart : Sérénades n° 11 en mi bémol majeur, KV. 375 [1], n° 12 en ut mineur, KV. 384a [388] [2], et n° 10 en si bémol majeur « Gran Partita », KV. 370a [361] [3]

Nicolas Baldeyrou, Franck Amet [3] (clarinette) Alexandre Chabod (clarinette [1, 2], cor de basset [3]), François Miquel [3] (cor de basset), Gabriel Pidoux, Hélène Devilleneuve (hautbois), David Douçot, Thomas Quinquenel (basson), David Guerrier, Hugues Viallon, Antoine Dreyfuss [3], Anne Boussard [3] (cor), Yann Dubost (contrebasse)
Enregistré à La Chaux-de-Fonds (mai 2021) – 91’21
Album de deux disques Alpha 1040 – Notice (en français, anglais et allemand) de Nicolas Baldeyrou





Avant que maints compositeurs de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe ne s’approprient la clarinette pour lui dédier notamment des dizaines de concertos (parfois pour deux voire trois clarinettes solistes !), c’est évidemment Mozart qui, sans doute le premier, lui a donné ses lettres de noblesse grâce au sublime Concerto, à ses interventions dans La Clémence de Titus, dans certaines symphonies (en particulier le troisième mouvement de la Trente‑neuvième Symphonie) ou dans des pièces de musique de chambre (qu’il s’agisse du Quintette ou du Trio des quilles).


Les deux présents disques inaugurent un cycle souhaité par Nicolas Baldeyrou, consacré à l’intégralité de la musique de chambre et de la musique concertante pour clarinette de Mozart. Pour inaugurer cette ambitieuse entreprise (jouée sur instruments d’époque), le clarinettiste solo de l’Orchestre philharmonique de Radio France et ses comparses ont choisi de nous interpréter trois sérénades pour instruments à vent dont la célèbre Gran Partita, qui occupe à elle seule tout le second disque.


Commençons par la très belle Sérénade K. 375 (1781‑1782) dont les cinq mouvements s’organisent de façon très classique autour d’un Adagio central. Cette version pourra heurter ceux dont l’oreille est habituée à des versions peut-être plus policées (citons notamment les gravures de très belle facture laissée par l’Orpheus Chamber Orchestra, l’ensemble de Sabine Meyer ou la version donnée par les vents de l’Academy of Ancient Music dirigés par Christopher Hogwood) et à un diapason sans doute plus élevé. Les premiers accents des clarinettes (notamment de la première soliste) sont très marqués d’emblée : on tremble un peu en s’attendant de fait à une lecture des plus scolaires... mais le jeu entre les musiciens prend vite le dessus. Visiblement, chacun s’amuse, la fluidité entre pupitres faisant merveille (le jeu entre les deux clarinettes ou entre les deux bassons !). L’Adagio est bercé pour sa part d’un doux lyrisme qui permet aux traits de la clarinette et du hautbois de s’entrelacer avec dextérité. On regrettera les accents un peu criards du premier hautbois et de la première clarinette dans l’Allegro conclusif (d’autant que sur la partition, les notes correspondantes ne comportent pas d’accent), qui n’en demeure pas moins réjouissant.


Le jeu souhaité par Nicolas Baldeyrou et les siens convient mieux à la Sérénade K. 388 (1782‑1783). Le premier mouvement, un Allegro, est superbe : sens des contrastes, couleurs sombres (sans doute aidées par un diapason plus bas que celui auquel nous habituent les instruments modernes), vivacité de l’interprétation (mention spéciale au premier hautbois !). L’Andante (vraiment joué comme tel et non comme un Largo) possède des accents viennois qui annoncent presque de temps à autre le romantisme qui surgira trente ans plus tard et que l’on retrouvera dans le Quatuor K. 406, directement issu de la présente œuvre. Le sommet de cette interprétation réside néanmoins dans le très beau Trio canone al rovescio au sein du troisième mouvement grâce à deux hautbois en état de grâce ; dommage néanmoins que ce rêve se brise avec la reprise du thème initial et ses attaques une fois encore un peu trop dures à notre sens.


Chef-d’œuvre de la musique de chambre de Mozart, la Sérénade « Gran Partita » a innové à plusieurs titres : par son alliance des timbres (aux six instruments habituels viennent s’ajouter deux autres cors, deux cors de basset et une contrebasse), par le jeu contrapuntique, par ses dimensions même (près de trois quarts d’heure)... Le premier mouvement est très bien fait (si le Largo aurait gagné à être un rien plus mystérieux, le Molto Allegro est réjouissant), la technique irréprochable de chaque soliste permettant de donner toutes les couleurs voulues à ce foisonnement musical de premier ordre. Le deuxième mouvement Menuetto. Trios I et II est également bien fait mais on ne perçoit pas assez de fantaisie, de jeu, d’humour, les appogiatures, les rares volutes restant somme toutes assez attendues ; ce défaut se retrouve malheureusement dans le second Menuetto et dans l’avant‑dernier mouvement (Tema con variazioni), lequel a ainsi tendance à s’étirer en longueur. On attendait évidemment beaucoup de l’Adagio, sublime page mozartienne, et force est de constater qu’elle n’est que moyennement réussie ; même si la reprise du thème initial est meilleure (à partir de 2’42), on regrettera un premier hautbois qui aurait sans doute pu être plus chaleureux ainsi qu’un respect trop scrupuleux de la partition (les détachés ou la distinction liés/détachés beaucoup trop nets) qui nous fait ainsi perdre toute la chaleur de la mélodie. La Romanze (certes marquée Adagio sur la partition...) aurait sans doute pu être plus allante mais le mouvement est néanmoins très réussi, grâce en partie à un Allegretto truculent où les bassons s’amusent comme des petits fous. Même joie dans le Finale où, comme on le sait, la dextérité des musiciens est mise à rude épreuve !


Bref, en dépit des beaux moments qu’offre cette Gran Partitaet si l’on se cantonne aux seules versions sur instruments d’époque, les étincelles et le charme d’un Frans Brüggen (Philips) ou d’un Philippe Herreweghe (Harmonia Mundi) restent largement prioritaires.


Le site de Nicolas Baldeyrou


Sébastien Gauthier

 

 

 

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