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05/08/2025
« Ravel fragments »
Maurice Ravel : Trois Chansons pour chœur mixte sans accompagnement : 2. « Trois beaux Oiseaux du paradis » (arrangement Chamayou) – Daphnis et Chloé : « Danse gracieuse et légère de Daphnis », « Fragments symphoniques » & « Scène de Daphnis et Chloé » – Cinq Mélodies populaires grecques : 1. « Chanson de la mariée » – Pièce en forme de habanera (arrangement Chamayou) – La Valse
Joaquín Nin : 5 Comentários : 1. « Mensaje a Ravel »
Salvatore Sciarrino : De la nuit
Alexandre Tansman : 7 Préludes : V. « Hommage à Maurice Ravel »
Frédéric Durieux : Pour tous ceux qui tombent (Hommage à Maurice Ravel)
Ricardo Vines : 4 Hommages pour le piano : 1. « Menuet spectral (à la mémoire de Maurice Ravel) »
Xavier Montsalvatge : Elegia a Maurice Ravel
Betsy Jolas : Signets
Arthur Honegger : Trois Pièces pour piano, H. 23 : 2. « Hommage à Ravel »

Bertrand Chamayou (piano)
Enregistré aux Studios Miraval, Correns (décembre 2024) – 61’17
Erato 2173260123 – Notice de présentation en français, anglais et allemand


Sélectionné par la rédaction





On connaît les affinités du grand pianiste français Bertrand Chamayou avec Maurice Ravel qu’il a déjà enregistré il y a une dizaine d’années pour Erato. En ce cent cinquantième anniversaire de la naissance du compositeur français (1875‑1937), non seulement Bertrand Chamayou parcoure‑t‑il la France pour jouer Ravel mais il nous offre aussi un magnifique disque hommage intelligemment construit et sensible.


Ce disque débute par un arrangement de Bertrand Chamayou de « Trois Beaux Oiseaux du paradis », une pièce datant du début de la guerre qui lui sert souvent de bis au concert. Il en existe plusieurs versions, celle pour chœur étant la plus souvent donnée avant même la version pour voix soliste. L’arrangement ici réalisé tout de subtilité débute en beauté cet enregistrement qui ne se départira à aucun moment d’une élégance et d’une finesse éminemment ravélienne. Place ensuite à la transcription par Ravel lui‑même de la « Danse légère et gracieuse de Daphnis » ? qui n’a jamais aussi bien porté son nom.


Le « Mensaje à Ravel   » de Joaquín Nin (1879‑1949), pianiste et compositeur cubain d’origine catalane par son père, est une courte pièce débordant d’hispanité et au final subtil et surprenant. Retour à Ravel avec la mélodie « Chanson de la Mariée » (extraite des Cinq Mélodies populaires grecques) dans sa version pour piano seule faite par Bertrand Chamayou, qui fait presque redécouvrir l’incroyable partie de la main gauche. Place ensuite à De la nuit de Salvatore Sciarrino, compositeur sicilien né en 1947. Virtuose, la pièce colle des bribes d’« Ondine » et de « Scarbo », perdant l’auditeur qui, se croyant chez Ravel, peut aussi avoir l’impression d’être avec Liszt, voire Ligeti. Retour à Ravel ensuite pour les « Fragments symphoniques » de Daphnis et Chloé de la main même du maître de Ciboure. Les « Nocturne, Interlude et Danse guerrière » prennent ici une allure différente, moins immédiatement spectaculaire que la version orchestrale mais sans doute plus lumineuse. Les chefs de chœur qui, pour beaucoup, redoutent tant le passage a capella de l’« Interlude » pourront conseiller à leurs chanteurs d’écouter à loisir ce passage ici parfaitement éclairé dans ses subtilités harmoniques sous les doigts décidément experts de Bertrand Chamayou.


Le Cinquième Prélude d’Alexandre Tansman (1897‑1986), aux cloches envoûtantes, est un bel hommage d’un compositeur franco‑polonais dont la carrière fut lancée par le maître français. La Pièce en forme de habanera est une nouvelle transcription de Bertrand Chamayou de la fameuse pièce d’inspiration andalouse au caractère nostalgique. Ici aussi, l’absence de la partie chantée offre un éclairage sans doute plus harmonique que mélodique à une musique d’une grande pureté.


La pièce de Frédéric Durieux (né en 1959), Pour ceux qui tombent (Hommage à Maurice Ravel), est probablement la plus moderne de cet album. Elle cite « Le Gibet » et son glas, interrompu par de puissants accords dissonants plaqués. Une merveille de près de trois minutes. Puis vient La Valse dans la transcription du compositeur. On a beau adorer la version orchestrale, force est de reconnaître que cette version fascine également, notamment par sa main gauche soutenue mais aussi par ses nuances et son allure générale.


Le « Menuet spectral (à la mémoire de Maurice Ravel) » de Ricardo Vines (1875‑1943) repose, après la furie de La Valse. Il étonne par sa légèreté et sa fluidité. L’ambiance y est à l’évidence ibérique. L’Elegia a Maurice Ravel de Xavier Montsalvage (1912‑2002) qui suit est plus inclassable sorte de parenthèse suspendue. Place ensuite à Betsy Jolas (née en 1926) et à ses Signets, hommage plus inattendu et dynamique mais sans doute moins immédiatement connecté avec l’œuvre de Ravel. Pour finir ces hommages, place à Arthur Honegger (1892‑1955) pour la Deuxième des Trois Pièces pour piano, « Hommage à Ravel », très raffinée et espiègle, pleinement dans l’esprit de Ravel.


La scène finale de Daphnis et Chloé, arrangée par Ravel lui‑même, finit d’emporter l’adhésion. Tout y est beau, élégant, raffiné et lisible. On en oublierait presque le plus beau solo de flûte de tout le répertoire...


Décidément un magnifique et indispensable enregistrement, qui plus est servi par une superbe prise de son. A découvrir d’urgence et à mettre entre toutes les oreilles, même celles qui aiment Ravel à l’orchestre car on y découvrira d’autres aspects d’une musique d’une richesse décidément infinie.


Gilles Lesur

 

 

 

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