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09/29/2024
« Origins »
Arno Babadjanian : Prélude – Danse de Vagharshapat – Impromptu – Capriccio – Sonate polyphonique – Elégie
Gérard Gasparian : Ballade – Poème
Aram Khatchaturian : Toccata en mi bémol mineur, opus 24 – Spartacus, opus 82 : 34. « Adagio de Spartacus et Phrygia » (arrangement Emin L. Khatchaturian)
Komitas : Quatre danses

Jean-Paul Gasparian (piano)
Enregistré à la Fondation Singer-Polignac, Paris (21‑24 novembre 2023) – 57’47
Naïve V8444 – Notice en français et en anglais


Sélectionné par la rédaction





Dans ce disque, le pianiste français d’origine arménienne Jean-Paul Gasparian (né en 1995), en résidence à la Fondation Singer‑Polignac et déjà remarqué par ConcertoNet pour ses enregistrements de pièces de Rachmaninov et Debussy, rend hommage à des compositeurs arméniens.


Le plus célèbre d’entre eux, Aram Khatchaturian (1903-1978), est représenté par sa Toccata aux martellements jubilatoires et à l’énergie communicative et par un extrait de son célèbre ballet Spartacus, dans une version pianistique qui nous fait malheureusement manquer la science orchestrale du compositeur, seul intérêt de ces pages faites pour complaire au pouvoir soviétique.


L’autre célébrité, au moins chez les Arméniens, c’est Soghomon Soghomonian (1869‑1935), connu sous le nom religieux qu’il a retenu, Komitas, prêtre (vardapet), ethnomusicologue, poète, pianiste, chanteur (on dispose d’enregistrements de sa voix), chef de chœur et compositeur arménien rescapé du génocide de 1915, réfugié et mort en France. Le pianiste a retenu quatre de ses courtes danses, écrites au milieu des années 1900, très ancrées dans le folklore arménien mais touchantes sous ses doigts. Terminer le récital avec Komitas relevait à vrai dire de l’évidence tant sa figure, liée à un génocide qui a marqué les Arméniens pour l’éternité, est devenue légendaire et une référence incontournable même chez ceux qui ne connaissent ni son histoire ni sa musique.


Mais les pièces les plus intéressantes sont sans doute les autres, celles d’Arno Babadjanian (1921‑1983) et de Gérard Gasparian (né en 1960), propre père du pianiste. Du premier, nous sont proposées des pièces assez brillantes et éclectiques dont une fort belle Sonate qui s’achève par une toccata qui n’est guère éloignée de l’écriture d’un Prokofiev et qui bénéficie d’une domination technique superlative de Jean‑Paul Gasparian. Du second, on découvre des pièces inspirées de textes de Sayat-Nova, troubadour arménien du dix‑huitième siècle. D’une écriture plus moderne sans être révolutionnaire, délicatement ouvragées, elles paraissent évoquer des mélopées traditionnelles. Elles sont parfaitement mises en valeur par le jeu sensible de Jean‑Paul Gasparian.


Au total, c’est un disque, remarquablement enregistré au passage, qui est réalisé avec cœur. Il devrait intéresser, au‑delà de la nombreuse communauté française d’origine arménienne, les curieux de cet univers musical situé entre Orient et Occident, un peu passé ou tourné vers le passé, assurément méconnu, mais non dénué de personnalité et de singularité. A découvrir donc.


A noter que le pianiste présentera le programme du disque en concert le 28 septembre à la Philharmonie de Paris. Le concert est complet de longue date, la communauté arménienne ne manquant pas une occasion, comme pour l’exécution de l’oratorio de Garbis Aprikian sur le héros national David de Sassoun en l’église de la Trinité le 3 juin 2023, de marquer son unité, sa solidarité et au fond d’exprimer sa nostalgie d’une histoire brillante mais brisée par tant de malheurs.


Stéphane Guy

 

 

 

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