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06/06/2024
« Laterna Magica »
Jean-Philippe Rameau : Suite en la : Gavotte et six doubles
Régis Campo : Laterna Magica – Pagamania ! [*] – Ad Astra
Johann Sebastian Bach : Partita pour clavier n° 6 en mi mineur, BWV 830 – Partita pour violon n° 2 en ré mineur, BWV 1004 : 5. Chaconne (arrangement Ferruccio Busoni)
Tomás Gubitsch : A ce train‑là – Au bord du Nahuel Huapi – Tango tangent
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour piano et violon en mi mineur, K. 300c [304] : 2. Tempo di minuetto
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Romance , opus 5
Dimitri Chostakovitch : Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur, opus 40 : 4. Allegro
Enrique Granados : Danzas espanolas, opus 37 : 2. « Oriental »

Théo Ould (accordéon), Luka Faulisi (violon), Lisa Strauss (violoncelle), Natalija Stankovic [*] (voix alto), Yoko Yamada [*] (piano jouet, moulin à musique), Amine Soufari [*] (oud), Jean‑Philippe Grégoire [*] (guitare électrique), Régis Campo [*] (voix grave, sifflement, sitar indien, bol tibétain), Joël Versavaud [*] (duduk), Vincent Beer‑Demander [*] (mandoline)
Enregistré au Studio Ferber, Paris (avril 2023) – 69’09
Alpha 995 (distribué par Outhere) – Notice en français et en anglais


Sélectionné par la rédaction





Sont de plus en plus proposés sur le marché des disques consacrés à l’accordéon. Ils sont signés par de brillants interprètes qui, au travers le plus souvent d’arrangements, souhaitent exposer leur talent d’instrumentiste évidemment mais aussi démontrer une nouvelle fois que l’accordéon ne saurait être cantonné au bal musette et à la valse, ce dont plus personne ne doute à vrai dire, et qu’il a ses propres richesses harmoniques lesquelles peuvent donner des couleurs « décalées » à maints chefs‑d’œuvre du répertoire pour clavier, essentiellement pianistique, voire pour instrument à cordes comme le violon.


Théo Ould fait partie de cette nouvelle génération de musiciens. A 24 ans, il a été sélectionné dans la catégorie « révélation, soliste instrumental » des Victoires de la musique classique 2023 en compagnie d’un clarinettiste (Joë Christophe) et d’un violoncelliste (Aurélien Pascal). Son potentiel éclate il est vrai dans son album. Le disque respire autant l’audace, la liberté que la passion. Le musicien n’a à l’évidence que faire des frontières classiques. Il y mêle des univers musicaux bien différents. Musique baroque, classique, romantique et contemporaine se retrouvent donc côte à côte pour le plus grand bonheur de l’auditeur.


Au sein de la farandole, on retient notamment le jouissif et original Laterna Magica de Régis Campo (né en 1968) qui fait penser à Ligeti. L’accordéoniste y fait montre d’une virtuosité et d’une vitalité impressionnantes. Il fait ce qu’il veut avec son instrument et il en sort, tel un magicien, des sons inouïs. Le Pagaminia !  du même compositeur, inspiré par Niccolò Paganini, est un peu de la même veine ; Régis Campo et Théo Ould, aidés par l’électronique, la guitare électrique, le piano jouet, la voix, la mandoline, l’oud et le duduk, sorte de hautbois d’origine caucasienne, dynamitent les Caprices dans une sorte de tourbillon pétillant d’humour et pétri de jazz. Il y a aussi un intéressant Tango tangent du compositeur d’origine argentine Tomás Gubitsch (né en 1957) mêlant bande électronique et accordéon. La pièce renouvelle l’héritage d’Astor Piazzolla où le piano à bretelles et le bandonéon disposaient déjà d’une place toute privilégiée.


L’accordéon ne peut fournir la clarté cristalline du clavecin pour lequel la Sixième Partita a été écrite mais elle lui confère une puissance que l’instrument à cordes pincées n’a pas. En raison de son souffle, il paraît aussi tout à fait adapté à la célèbre Chaconne de la Deuxième Partita pour violon seul revue et augmentée par Busoni. Théo Ould y tient son accordéon avec une autorité excluant tout alanguissement. L’instrument (sur lequel rien n’est indiqué malheureusement dans la notice) en est transcendé. Enfin, instrument populaire et fréquent dans le folklore russe, l’accordéon convient évidemment à la Romance de jeunesse de Tchaïkovski.


On est un peu moins convaincu par le second mouvement de la Sonate pour piano et violon K. 304 de Mozart, où l’accordéon remplace le piano : l’instrument a quand même l’air de soupirer et de pleurnicher ; il ne peut guère rivaliser avec les subtilités du piano mozartien. Le final de la Sonate pour violoncelle et piano de Chostakovitch ne retient pas davantage l’attention ; il paraît être mené par un attelage disparate, de deux instruments partant dans des directions opposées, avec un violoncelle laborieux de surcroît, et l’on a l’impression de s’embourber.


Mais le bilan général reste positif. Le disque est le fruit d’une passion, celle d’un artiste éclectique, libre et original pour son instrument, prêt à faire feu de tout bois. Par sa variété et l’énergie communicative de Théo Ould, il offre un beau panorama des richesses de l’accordéon et nous le fait à nouveau aimer.


Stéphane Guy

 

 

 

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