About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

06/04/2024
« L’Orgue baroque en Aragon »
Jusepe Ximénez : Obra de lleno de Primer Tono, Sacris Solemniis
García Baylo ou Pedro Pifant : Vexilla Regis
Andrés de Sola : Registro alto de Primer Tono – Tiento de Cuarto Tono sobre un tiento de falsas de Aguilera de Heredia
Melchor Robledo : Domine Iesu Christe
Sebastián Aguilera de Heredia : Tiento grande de Cuarto Tono – La Reyna de los Pange lingua – Tiento de bajo de Primer Tono – Tiento de falsas de Cuarto Tono – Salve de Primer Tono
Pablo Bruna : Tiento de falsas de Primer Tono – Dos versos sobre el Ave Maris Stella – Tiento lleno de Sexto Tono sobre ut re mi fa sol la
Pablo Nassarre : Tocata de Primer Tono
Cristóbal de Morales : Regem cui omnia vivunt

Carlos Gonzáléz Martínez (orgue)
Enregistré en l’église San Pablo de Saragosse (date non précisée) – 67’45
Hortus 238 – Notice en français et en anglais


Sélectionné par la rédaction





Il est curieux que les guides touristiques de Saragosse n’évoquent pas l’orgue de son église San Pablo. Et la notice renseigne peu sur l’histoire de cet orgue. Tout au plus sait‑on, en cumulant de surcroît les informations de cette notice et celle fournies par la région d’Aragon, que son origine remonte à 1480, qu’il a subi des interventions parfois notables en 1569 (buffet), 1584, 1686 (ajout de registres et de trompette royales), 1754, 1757, 1766 (sommier), 1808 (buffet), 1860, 1892, 1984 et 1992. Du coup, on ne peut ni décrire précisément ni dater vraiment l’orgue que l’on écoute. Cela surprend d’autant plus que l’organiste est chercheur en musique ancienne et présente dans la notice le programme du disque. Un peu plus d’informations aurait comblé les passionnés d’orgue ou les curieux et un peu plus de pédagogie n’aurait pas fait de mal. Il faut se contenter de relever que l’instrument comporte un positif et deux claviers divisés en deux parties gauche et droite, et, ce qui n’étonnera pas, que le tempérament n’est pas uniforme. Il fait partie des cinquante‑neuf orgues qualifiés d’historiques de la région. Son titulaire, Carlos González Martínez (né en 1995), formé à Saragosse et en Suisse, nous le fait découvrir au travers d’un programme adapté à l’essentiel de sa facture, autour des organistes représentatifs des seizième et dix‑septième siècles aragonais, à l’exception de l’auteur du Vexilla Regis (soit García Baylo, soit Pedro Pifant), la pièce étant datée de 1473.


Les différentes pièces illustrent chaque saison du calendrier liturgique catholique de l’année. Parmi les œuvres choisies qui retiennent plus particulièrement l’attention, il y a un curieux motet pour le Vendredi saint, Domine Iesu Christe de Melchor Robledo (ca. 1510‑1586), qui s’ouvre par un jeu de crécelles car, à l’époque la Semaine sainte, période où les retables, les autels et les fenêtres étaient voilés, elles remplaçaient les cloches qui ne pouvaient sonner. Un peu de la même façon, c’est une cloche qui introduit l’impressionnant Regem cui omnia vivunt de Cristóbal de Morales (1500‑1553), le compositeur le plus connu de la série. Pour rendre hommage à Andrés de Sola (1634‑1696) qui, selon des sources historiques, se serait affaissé, mort sur le clavier de l’orgue de la cathédrale de Saragosse tandis qu’il jouait le Gloria de la messe de la Veillée pascale, Carlos González Martínez va jusqu’à conclure le Tiento de Cuarto Tono sobre un tiento de falsas de Aguilera de Heredia par un cluster comme s’il s’effondrait sur le pédalier. On apprécie aussi la Toccata de Pablo Nassarre (1650‑1730) ; dansante et bondissante, elle absolument irrésistible. Mais le reste, essentiellement des tientos, n’est pas inintéressant. Ce sont des fantaisies baroques aux volutes incroyablement imaginatives. Elles sont bien mises en valeur tant par le tact de l’organiste que par la douceur des timbres de son orgue.


Au total, Carlos González Martínez fait œuvre utile en mettant en avant tant son cher instrument que le répertoire local. Les deux méritent effectivement notre attention. Le disque est donc à saluer chaleureusement. Il s’ajoute à différentes publications récentes qui font découvrir, dans le même esprit, la richesse du patrimoine organistique espagnol subsistant, malgré les affres de l’histoire, et celle du répertoire baroque ibérique par trop délaissé par le passé et dans lequel il y a manifestement beaucoup à découvrir. On espère qu’il contribuera ainsi à susciter en Espagne restaurations et nouvelles vocations d’instrumentistes, les deux étant liées.


Stéphane Guy

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com