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04/13/2024
Eugène Ysaÿe : Sonates pour violon seul, opus 27
Sergey Khachatryan (violon)
Enregistré au Brucknerhaus, Linz (6‑8 et 14‑16 juillet 2022) – 79’59
Naïve V5451 – Notice en français, anglais et arménien


Must de ConcertoNet





Les enregistrements des six Sonates pour violon seul d’Eugène Ysaÿe (1858‑1931) ne manquent pas malgré leur difficulté considérable. Avec les Caprices de Paganini, c’est en effet un peu l’Himalaya auquel tous les virtuoses rêvent de s’attaquer un jour. Ici, c’est le violoniste arménien Sergey Khachatryan (né en 1985) qui se confronte au monument, sur un Guarneri del Gesù de 1740 ayant été joué par le compositeur et virtuose belge durant plusieurs décennies au début du vingtième siècle puis par l’interprète entre 2010 et 2022 grâce à un prêt de la Nippon Music Foundation. Quand on a surmonté les Sonates et Partitas de Bach comme Sergey Khachatryan, il était presque naturel pour lui de proposer sa propre lecture de ce qui en est en quelque sorte le prolongement, ces six sonates dédiées respectivement à Joseph Szigeti, Jacques Thibaud, Georges Enesco, Fritz Kreisler, Mathieu Crickboom et Manuel Quiroga, brillants virtuoses comme l’était Eugène Ysaÿe lui‑même. La référence à Bach est en effet évidente et quasi omniprésente mais le compositeur s’en éloigne rapidement dans des sortes de variations en y apportant toute sa science violonistique, son imagination comme son immense culture musicale. S’il tient compte des innovations en matière de technique de jeu violonistique apparues depuis la mort du Cantor, le compositeur ne propose pourtant pas une simple démonstration de son savoir‑faire. C’est un festival de couleurs et de styles qui s’offre à nous sans que le résultat ne soit en aucune manière soporifique : ce ne sont en rien des études scolaires mais bien des œuvres à part entière où la surprise est permanente, chaque mouvement ayant sa personnalité et son attrait.


On est particulièrement séduit par le timbre du violon historique retenu et la qualité de l’enregistrement, ni trop près ni trop loin. La réverbération est modérée contrairement à bon nombre de captations des Sonates et Partitas de Bach qu’on s’évertue stupidement à effectuer dans des églises ou dans ce qui ressemble à des halls de gare. De l’interprétation de Sergey Khachatryan, on retient son esprit rapsodique parfaitement adapté, le rejet de l’esbroufe, une technique souveraine, des tempos globalement très retenus, des attaques soignées, un archet d’une légèreté assez incroyable et un souci du détail tout à fait remarquable. Le violoniste surmonte avec aisance les difficultés tout à fait diaboliques de ces pages. Sa lecture du Vivo final de la Troisième Sonate « Ballade » suffirait à nous en convaincre. Mais son jeu paraît moins habité que celui de Frank Peter Zimmermann, dont les attaques sont peut-être plus dures et dont les graves ont parfois tendance à « meugler » mais dont l’approche est plus dynamique. Cela étant, Sergey Khachatryan figure assurément sur le podium.


Un point sur la notice : elle détaille bien les caractéristiques de chaque sonate mais son élément le plus intéressant et étonnant est sans doute cette photo des funérailles nationales d’Eugène Ysaÿe en 1931 devant une foule immense, le corbillard étant entouré de soldats et suivi d’énormes couronnes de fleurs. Imaginerait‑ on des funérailles aussi grandioses de nos jours pour un violoniste ? Malheureusement, non.


Stéphane Guy

 

 

 

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