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02/25/2024
Mieczyslaw Weinberg : Sonates pour violoncelle seul n° 1, opus 72, n° 2, opus 121, n° 3, opus 106, et n° 4, opus 140bis
Mario Brunello (violoncelle)
Enregistré à Vallà (21‑27 mars 2022) – 87’25
Arcana 1559 (distribué par Outhere)


Must de ConcertoNet





Et dire qu’il y a à peine plus de dix ans, Mario Brunello (né en 1960) ne connaissait pas la musique de Weinberg (1919‑1996), et pas même son nom, avant que Gidon Kremer ne le lui fasse découvrir ! Le violoniste letton, de fait, s’est considérablement investi dans la défense du compositeur et sans lui, il ne fait pas de doute que ses œuvres n’auraient pas bénéficié d’un regain de faveur aussi marqué que celui constaté ces dernières années, tant au disque qu’au concert et même à la scène, avec la représentation de plusieurs de ses sept opéras, comme La Passagère et Le Portrait. Mais le violoncelliste italien apporte à son tour une contribution de taille en regroupant dans un album au minutage remarquablement généreux les quatre Suites de Weinberg, même s’il ne s’agit pas d’une première au disque et si l’œuvre pour violoncelle seul comprend en outre les Vingt‑quatre Préludes de 1968.


Impossible de ne pas évoquer Chostakovitch, à la fois maître, ami et protecteur, y compris contre les délires antisémites du régime, qui avait emprisonné Weinberg en février 1953, libéré par la mort de Staline le mois suivant. La proximité artistique des deux créateurs est évidente, et ce sans qu’on puisse parler du cadet comme un épigone plus ou moins pâle, car davantage qu’une imitation, c’est plutôt d’une influence réciproque qu’il s’agit. La Première Suite (1960) en témoigne d’emblée, destinée – forcément, se dit‑on – à Rostropovitch, lequel venait de créer le Premier Concerto de Chostakovitch : on en entend davantage que des échos dans l’élégiaque et lyrique Adagio initial. Mais il y aura ensuite de l’ironie légère (Allegretto) et de l’âpreté, pour ne pas dire de la rage (Allegro).


De plus vastes proportions (33 minutes) et en quatre mouvements, la Deuxième Suite (1965), dédiée à Valentin Berlinsky, pilier du Quatuor Borodine qui créa tant de partitions de Chostakovitch, considérablement révisée et élargie en 1977, alterne méditation (Andante), vindicte (Allegro) et cri poignant (Adagio) avant qu’un immense Allegretto (près de 12 minutes) ne conclue sur une puissante progression qui se résout en une péroraison plus énigmatique qu’apaisée.


Egalement en quatre mouvements, la Troisième Suite (1971) est peut‑être celle où l’on entend le plus l’écho de Chostakovitch, que ce soit dans l’errance de l’Allegro initial ou dans le mordant de l’Allegretto. Puis le pensif Lento mène à un fantomatique Presto, con sordina, truffé d’harmoniques, l’une des rares pages de caractère visiblement virtuose. Ecrite pour le soixantième anniversaire de Berlinsky, la Quatrième Suite (1985/1986) retrouve une superbe profondeur méditative, avec son Andante initial qui enfle jusqu’à une impressionnante libération dans l’aigu. Après la parenthèse chantante et presque sereine de l’Adagio, vient un Allegro quelque peu sarcastique dont les dernières mesures, Adagio, mènent à une fin plus résolue, comme une ultime affirmation du compositeur.


Mario Brunello, s’il exploite pleinement le potentiel hautement expressif de cette musique, n’en rajoute pas, ce qui est très précieux : il tient fermement l’archet, mais sans la moindre raideur, la sonorité est magnifiquement mise en valeur pas la prise de son, mais ne devient à aucun moment une fin en soi, le ton reste noble, jamais larmoyant. On ne saurait trop le remercier de servir ainsi ce corpus splendide, ce qui devrait inciter les interprètes à lui trouver une juste place dans le répertoire pour violoncelle seul du XXe siècle aux côtés des Suites de Reger et de Britten, de la Sonate de Kodály ou des Trois Strophes sur le nom de Sacher de Dutilleux. Et les violonistes aussi bien que les altistes ne sont pas en reste, avec respectivement quatre et trois Sonates...


Un site consacré à Weinberg


Simon Corley

 

 

 

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