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02/01/2024
« Une soirée chez le chevalier de Chavoye »
Michel Pignolet de Montéclair : Sérénade ou Concert divisé en trois Suites de Pieces pour les Violons, les Flûtes & les Haut‑bois : Airs de Fanfares (Ouverture & Courantes 1 et 2 ) & Airs Tendres (Passepieds 1 et 2)
François Couperin : Ariane consolée par Bacchus
Louis-Nicolas Clérambault : Léandre et Héro
Batistin Stuck : Héraclite et Démocrite

Cécile Larroche (dessus), Guillaume Figiel Delpech (haute‑ contre), Les Chantres de Saint‑Hilaire Sauternes, François‑Xavier Lacroux (direction)
Enregistré à Sauternes (24‑27 octobre et 12 décembre 2020) – 68’40
Hortus 202





Pierre-Jacques Payen de Noyan et de Chavoy (1695‑1771) n’a guère laissé son nom à la postérité et, pourtant, quelle vie ! Officier dans les troupes de la marine, seigneur et lieutenant du Roi à Trois‑Rivières, il s’illustra notamment comme commandant du fort de Frontenac, qui surplombe Montréal, et représenta la Couronne de France à Detroit, où il lutta (sans succès) contre le trafic d’eau‑de‑vie tout en essayant, cette fois‑ci avec davantage de réussite, de régler certains conflits entre Outaouais et Hurons. Pour qui souhaite se renseigner sur ce Hubert de la Pâte Feuilletée plus vrai que nature, on conseillera la notice biographique assez complète consultable sur le site du Dictionnaire biographique du Canada, dirigé notamment par les universités de Laval et de Toronto.


Toujours est‑il que le chevalier de Chavoy était par ailleurs propriétaire d’un domaine, le justement nommé fief de Chavoy (près d’Avranches), où il aimait, en homme de culture, donner des concerts privés à l’occasion desquels on pouvait entendre des pièces pour petits effectifs dont le présent disque nous offre un florilège. Sous la houlette du flûtiste, mais aussi claveciniste et organiste, François‑Xavier Lacroux, l’ensemble des Chantres de Saint‑Hilaire Sauternes explore donc le monde de la cantate française avec trois œuvres respectivement signées François Couperin (sans qu’on soit d’ailleurs bien certain de la paternité de cette cantate), Louis‑Nicolas Clérambault et Batistin Stuck, disque complété par quelques pièces orchestrales composées par Montéclair.


Las... Si le projet s’avère des plus intéressants, la réalisation est en revanche des plus moyennes. Peut-être est‑ce en partie dû aux conditions d’enregistrement (le château Filhot à Sauternes offrant une réverbération et un halo qui font passer le clavecin pour une crécelle, le violon solo ne s’en tirant pas beaucoup mieux dans « La Tempête » de Léandre et Héro) mais l’instrumentarium ne nous enthousiasme guère de toute façon. Souvent terne (la flûte dans la « Ritournelle » de Léandre et Héro), le petit ensemble de huit musiciens ne brille guère par son imagination : les Airs de fanfares de la Sérénade de Montéclair manquent singulièrement de fantaisie et surtout de dynamisme dans le passage rapide (à partir de 2’25), l’air « Amour, vante cette fois » (Ariane consolée par Bacchus) s’avère des plus poussifs alors que le chanteur est censé invoquer l’Amour avec une certaine passion, la justesse est souvent perfectible (notamment du côté des cordes) et la balance entre musiciens et voix tourne plus d’une fois au détriment de ces dernières qui sont de fait parfois couvertes (récitatif « Tandis qu’il parle ainsi » dans la cantate de Couperin)...


Côté chanteurs, la haute-contre Guillaume Figiel Delpech offre un style assez uniforme, à la diction pas toujours intelligible (air « Pouvez‑vous pleurer » dans la cantate Ariane consolée par Bacchus) et aux aigus souvent poussés et fragiles (air « Sa raison n’est qu’un délire » ainsi que le récit qui le précède dans la cantate de Stuck). Cécile Larroche est meilleure, notamment dans la cantate de Clérambault : belle projection, diction très claire pour le coup, mais l’investissement dans le caractère aurait sans doute pu être plus affirmé, le chant nous semblant là aussi assez uniforme. Pourtant, lorsqu’on écoute Sandrine Piau (avec les solistes du Concert Spirituel chez Naxos) ou plus récemment Eva Zaïcik (dans le très beau disque « Venez, chère ombre » avec Le Consort chez Alpha), deux chanteuses qui ont interprété la même cantate, on voit que le chant peut être beaucoup plus diversifié et intéressant.


Un disque pour les curieux mais il y a largement mieux ailleurs, y compris pour qui souhaiterait découvrir l’œuvre de Jean‑Baptiste Stuck avec le truculent disque des Lunaisiens consacré à trois de ses cantates (dont Héraclite et Démocrite) chez Alpha.


Le site de François‑Xavier Lacroux
Le site des Chantres de Saint‑Hilaire Sauternes


Sébastien Gauthier

 

 

 

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