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12/12/2023
« Fantasia »
Johann Sebastian Bach : Suite pour orchestre n° 3, BWV 1068 : 2. Aria (arrangement Alexandre Ziloti) – Fantaisie chromatique Fugue en ré mineur, BWV 903
Franz Liszt : Sonate en si mineur, S. 178 
Franz Schubert : Schwanengesang, D. 957 : 13. «Der Doppelgänger » (arrangement Liszt)
Alban Berg : Klavierstück en si mineur – Sonate pour piano, opus 1
Ferruccio Busoni : Fantasia contrappuntistica, BV 256 – Nuit de Noël, BV 251

Igor Levit (piano)
Enregistré à Hanovre (23‑25 février et 25‑28 avril 2023) – 104’47
Album de deux disques Sony 19658811642


Sélectionné par la rédaction





Le pianiste germano-russe Igor Levit continue sa fascinante discographie chez Sony avec un double album associant quatre œuvres qui, selon lui, partagent une « étroite intimité ». Un choix qui, avec rigueur et liberté, inclut Bach, Liszt, Busoni et Berg.


Chaque enregistrement d’Igor Levit apporte une pierre à son incroyable éclectisme. Son huitième album pour Sony, « Fantasia », juxtapose quatre œuvres qui peuvent entrer dans la définition pianistique de fantaisie : celles de Bach et de Busoni en portent le nom, la Sonate en si mineur de Liszt et la Sonate opus 1 de Berg pas. Il y ajoute quelques pièces et arrangements mineurs qu’il pense intuitivement justes pour faire le pont entre ces quatre chefs‑d’œuvre.


Ce programme érudit s’ouvre avec la très merveilleuse transcription d’Alexandre Ziloti de l’Aria de la Troisième Suite pour orchestre de Bach. Le pianiste fait chanter cette mélodie si connue et ses contrechants avec une simplicité désarmante, si bien que l’on croit la découvrir sous ses doigts. La Fantaisie chromatique et Fugue en ré mineur qui suit se déploie avec une virtuosité impeccable mais aussi des trésors de chant, de legato et de sonorité qui contrebalancent bien la sévérité formelle de cette pièce.


Prise à un tempo plutôt lent, la Sonate en si mineur de Liszt semble dans ses premiers épisodes traîner un peu, subir une déconstruction de sa forme, le pianiste se complaisant à détailler phrases et motifs, ne faisant pas avancer le cours du morceau, qui se déploie avec souvent trop de lourdeur, particulièrement dans l’Andante sostenuto quasi adagio. Mais dès les premières mesures de l’Allegro energico et jusqu’à la fin de la Sonate, il retrouve un grand souffle romantique et une fluidité de jeu qui tiennent en haleine jusqu’au Lento assai final, très étiré mais formidablement chantant.


Il y enchaîne quasi attaca une transcription par le compositeur du sombre lied « Der Doppelgänger » du Chant du cygne schubertien, les notes graves de l’introduction répondant presque exactement aux dernières de la Sonate, tel un post‑scriptum glacial.


Le second disque fait un saut dans le temps avec la juxtaposition d’œuvres de Berg et Busoni. La Fantasia contrappuntistica (1910) de Busoni (1910), hommage à L’Art de la fugue de Bach, est certainement la pièce la plus inattendue de ce programme et la plus fascinante avec ses longs développements et sa magistrale fugue centrale. Dans les années 1950, le jeune Alfred Brendel avait révélé ce véritable kaléidoscope de couleurs et d’émotions que Levit sculpte avec une maîtrise parfaite aussi bien technique qu’émotionnelle, car aucun débordement n’y est permis, la clarté et la vision de l’ensemble en dépendant.


Cette magnifique Fantaisie qui, par sa forme, fait très bon voisinage avec la Sonate de Liszt, est sertie entre deux pièces de Berg, le Klavierstück en si mineur, encore si brahmsien, et la Sonate opus 1, qu’il joue avec un rien de froideur, lui refusant les effusions romantiques qu’y mettent certains pianistes. Le programme s’achève avec la très courte et poétique Nuit de Noël de Busoni, comme une touche de poésie après la sévérité contraponctique de sa grande Fantasia.


Olivier Brunel

 

 

 

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