About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

07/05/2023
« Il virtuoso, il poeta »
Pietro Antonio Locatelli : Concertos grossos en do mineur, opus 1 n° 11, en mi bémol majeur « Il pianto d’Arianna », opus 7 n° 6, et en fa mineur, opus 1 n° 8 : « Pastorale » – Concertos pour violon en la majeur, opus 3 n° 11, et en do mineur, opus 3 n° 2

Isabelle Faust (violon), Stefano Barneschi (second violon solo), Il Giardino Armonico, Giovanni Antonini (direction)
Enregistré à l’Euregio-Kulturzentrum Gustav Mahler de Dobbiaco (13‑17 décembre 2022) – 68’22
Harmonia Mundi HMM 902398 – Notice trilingue (français, anglais et allemand) de Cesare Fertonani, Isabelle Faust et Giovanni Antonini


Must de ConcertoNet





A n’en pas douter, Isabelle Faust doit sans doute énerver quelques‑uns de ses collègues… Car, qu’elle joue la Symphonie concertante de Mozart ou le Concerto de Dvorák, qu’elle interprète le Concerto « A la mémoire d’un ange » de Berg ou des concertos pour violon de Bach, elle s’avère toujours irréprochable. Jonglant d’un répertoire à l’autre, passant avec la même aisance de la musique de chambre aux grandes pages concertantes du répertoire, la violoniste allemande frappe, concert après concert, disque après disque, par la perfection de son jeu, par son intégrité et par sa faculté d’adaptation face à la partition. Le présent disque n’échappe pas à la règle en confrontant cette fois‑ci Isabelle Faust à l’œuvre de Locatelli (1695‑1764) ; et avec quelle maestria !


Le Concerto grosso opus 1 n° 11 qui, aux côtés d’Isabelle Faust, fait intervenir Stefano Barneschi en second soliste, est une réussite totale. Si le Largo s’avère simple dans sa ligne, on est vite emballé par un deuxième mouvement (Allemanda. Allegro) qui avance sans cesse, mené par un premier violon conquérant, sûr de lui mais sans ostentation, le concerto se concluant par une Giga. Allegro très entraînante, les deux solistes jouant sur un véritable pied d’égalité, accompagnés par un orchestre très vif au sein duquel on remarquera notamment les pincements de cordes du théorbe qui donnent beaucoup de relief à l’ensemble, cette version détrônant à nos yeux la pourtant magnifique version de l’Orchestre de chambre de Heidelberg que nous chérissions jusqu’alors (Da Camera Magna, 1987).


Le second Concerto grosso « La plainte d’Ariane », fort de six mouvements, illustre parfaitement l’imagination des compositeurs de cette époque qui savaient ménager leurs effets, lançant l’orchestre dans des passages frénétiques (l’Allegro au sein du premier mouvement) avant de ménager à l’auditeur certaines pauses (s’il n’est guère original, le Largo. Andante n’en est pas moins très agréable), le Largo conclusif (faisant là encore intervenir les deux violons solistes) s’avérant pour sa part totalement exemplaire.


Dans les concertos faisant intervenir Isabelle Faust comme unique soliste, on est plus d’une fois soufflé par sa technique irréprochable, rappelant à qui l’aurait oublié que Locatelli, au même titre que Tartini ou Paganini par exemple, a visiblement pris plaisir à multiplier les chausse‑trappes pour les violonistes. Qu’il s’agisse du jeu dans les suraigus (l’Allegro du Concerto en la majeur ou l’Andante concluant ce même concerto, nous faisant quitter les rives du monde baroque pour des passages versant déjà dans le classicisme naissant), de la liberté prise dans cette incroyable cadence aux accents dignes de Bach (le premier Andante du Concerto en do mineur) ou de l’équilibre général auquel la soliste et l’orchestre parviennent dans l’Andante concluant ce même concerto, l’auditeur ne peut que se laisser porter par ces partitions pleines d’imagination auxquelles Isabelle Faust confère un charme assez irrésistible.


De son côté, Giovanni Antonini s’avère un partenaire de tout premier ordre (on l’avait déjà entendu dans leur disque commun consacré à Mozart en 2019) grâce à un orchestre dont la souplesse, les couleurs et la réactivité sont les maîtres‑mots. Le chef italien a indéniablement gagné en sagesse, comme l’illustre sa direction attentive, très souple, sans brusquerie ou sans ce travers qu’il pouvait avoir au début des années 1990 lorsqu’il s’évertuait à pointer précisément tel ou tel passage. La fluidité d’Il Giardino Armonico n’est à l’évidence pas pour rien dans la totale réussite de ce disque qui, espérons‑le, pourrait en annoncer d’autres.


Le site de l’ensemble Il Giardino Armonico


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com