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06/23/2023
« La vida es sueno »
Jean‑Baptiste Lully : Roland : Ouverture & Les Fées de Roland – Le Triomphe de l’Amour : Prélude pour la Nuit, Récit pour la Nuit, Prélude et récit pour le Mystère & Entrée des songes – Proserpine : Air des ombres heureuses et des divinités infernales – Amadis : « Ah ! Tu me trahis, malheureuse » & « Mais déjà de la mort les horreurs me saisissent » – Armide : « Esprits de haine et de rage », Les sourdines d’Armide (Le Sommeil de Renaud), Ritournelle & Air pour les démons et les monstres – Atys : Le Sommeil d’Atys & Premier et Deuxième airs pour les Songes funestes – Le Ballet des Muses : Récit d’Orphée
Marc-Antoine Charpentier : Médée : « Noires filles du Styx » & « Dieu du Cocyte et des royaumes sombres »
Henri Desmarets : Circé : Le Sommeil d’Ulysse
André Campra : L’Europe galante : « La Nuit ramène en vain le repos dans le monde »
Marin Marais : Sémélé : Air pour les Furies – Alcyone : « Quels sons charmants », Symphonie pour le Sommeil, Tempête du Sommeil & « O Ciel, quel affreux orage ! » – Pièces en trio : Suite en ré majeur

El Gran Teatro del Mundo : Michael Form (flûte à bec), Miriam Jorde Hompanera (hautbois), Coline Ormond, Yoko Kawakubo (violon), Bruno Hurtado Gosálvez (basse de violon), Jonas Nordberg (théorbe), Julio Caballero Pérez (clavecin et direction)
Enregistré au KUSPO, Müchenstein, Suisse (juillet 2021) – 72’08
Seulétoile SE08 (distribué par Socadisc) – Notice en français et espagnol, texte de dramaturges espagnols en français et espagnol





Sous le titre « La vie est un songe », emprunté à une pièce de théâtre métaphysique de Pedro Calderón de la Miriam Barca, l’ensemble espagnol créé en 2016 du Grand Théâtre du monde – nom également tiré de Calderón – propose pour son deuxième disque un voyage musical censé illustrer le monde des rêves ou évoquer la nuit. Cinq compositeurs français sont convoqués : Jean‑Baptiste Lully, Marc‑Antoine Charpentier, Henri Desmarets, André Campra et Marin Marais. Le programme débute par l’Ouverture de Roland du premier, est articulé ensuite autour de cinq rêves avant de s’achever par une pièce en trio du dernier. Mais chacun des cinq chapitres reprend en les mélangeant des extraits d’opéra. Médée succédera ainsi à Amadis de Lully et précédera Sémélé de Marais dans le deuxième rêve.


Mais le tout est interprété à partir de partitions réduites, les voix originales étant confiées à des instruments divers et variables selon les pages retenues. On n’entend donc aucune voix dans ces extraits d’opéras comme si les livrets de Philippe Quinault, Isaac de Bensérade, Thomas Corneille, Louise-Geneviève de Saintonge, Antoine Houdar de La Motte étaient secondaires alors qu’ils évoquent directement le monde de la nuit, thème qu’on ne perçoit guère à l’écoute du disque. Au‑delà du paradoxe, on est gêné par le parti pris, le mélange des œuvres et ce travail de réécriture, qui n’est de surcroît pas exposé. Les textes des chants auxquels on n’a pas droit sont curieusement reproduits et introduits par des extraits de Juana Inés de la Cruz, Pedro Calderón de la Barca , Francisco de Quevedo et Félix Lope de Vega Carpio sans rapport avec les opéras. Les textes espagnols ont vocation à établir un lien avec l’Espagne, patrie de l’ensemble instrumental à l’œuvre sur le disque et des épouses de Louis XIII comme de Louis XIV et à commenter les différents songes. Mais ils renforcent le malaise ; ils n’ont rien à voir avec la musique française interprétée sur le disque et spécialité du Grand Théâtre du Monde.


Mais jugeons le résultat musical. Il balaye à peine les réserves précédentes. L’instrumentation identique donne une unité factice à l’ensemble et replace le tout dans une perspective clairement lullyste, la grandeur en moins. Les réductions éloignent par ailleurs les pièces du monde opératique dont elles sont pour l’essentiel issues. L’interprétation est sans doute soignée, la lecture des musiciens met bien en valeur les danses et il faut féliciter les artistes de s’être approprié avec autant de cœur ces pages perçues comme une langue morte à préserver. Mais le tragique des situations est par trop gommé et on ne se fait pas à la disparition des chants en français.


Le site de l’ensemble El Gran Teatro del Mundo


Stéphane Guy

 

 

 

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