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05/18/2023
« Contra-Tenor »
Jean-Baptiste Lully : Persée, LWV 60 : « Cessons de redouter » & Passacaille
Georg Friedrich Händel : Tamerlano, HWV 18 : « E il soffrirete, d’onestade, oh Numi ? »
Antonio Vivaldi : Artabano, re de’ Parti, RV 701 : « Cada pur sul capo audace »
Leonardo Vinci : Catone in Utica : « Si sgomenti alle sue pene »
Nicola Porpora : Germanico in Germania : « Nocchier, che mai non vide l’orror della tempesta »
Domenico Sarro : Achille in Sciro : « Fra l’ombre un lampo solo »
Baldassare Galuppi : Alessandro nell’Indie : « Vil trofeo d’un’alma imbelle »
Gaetano Latilla : Siroe, re di Persia : « Se il mio paterno amore »
Johann Adolf Hasse : Arminio : « Solcar pensa un mar sicuro »
Jean-Philippe Rameau : Naïs, RCT 49 : « Cessez de ravager la terre »
Antonio Maria Mazzoni : Antigono : « Tu m’involasti un regno »
Christoph Willibald Gluck : Orphée et Eurydice, Wq. 41 : « J’ai perdu mon Eurydice »
Wolfgang Amadeus Mozart : Mitridate, re di Ponto, K. [74a] 87 : « Se di lauri »
Niccolò Piccinni : Roland : « En butte aux fureurs de l’orage »

Michael Spyres (ténor), Il Pomo d’Oro, Francesco Corti (direction)
Enregistré à la Villa San Fermo de Lonigo, province de Vicence (15‑22 septembre 2020) – 72’54
Erato 5054197294716 – Notice (en anglais, français et allemand) de Michael Spyres


Must de ConcertoNet





Ce n’est pas un hasard si Michael Spyres fait la une du vénérable magazine musical britannique Gramophone en ce mois de mai : il est partout présent et partout il illumine les scènes mondiales de son immense talent. Issu du célèbre Chœur Arnold Schoenberg au sein duquel il passa plus de cinq ans, il commence sa carrière soliste dans les années 2000 et aligne très vite les succès critiques, passant avec la même aisance de Berlioz (inoubliable solo dans le Requiem sous la baguette de John Eliot Gardiner, remarquable incarnation d’Enée dans Les Troyens sous la direction de John Nelson) à Rossini (Arnold dans Guillaume Tell) en passant par Mozart (qu’il s’agisse du rôle‑titre dans La Clémence de Titus ou dans Mithridate) ou plusieurs ouvrages rarissimes comme Medea in Corinto de Mayr ou Le Duc d’Albe de Donizetti.


Ajoutons à cela son goût pour le répertoire baroque qu’il a notamment cultivé auprès d’Emmanuelle Haïm et le panorama sera complet. Goût pour le baroque (au sens large) qui nous vaut ce récital dont on ressort totalement bouleversé tant le ténor américain nous éblouit presque à chaque extrait. « Presque » car, avouons‑le, le disque débute mollement. Le bref extrait de Persée (moins d’une minute trente) est une entrée en matière assez fade, qui témoigne surtout de faibles affinités avec cette musique française à la prosodie si particulière (l’extrait de Naïs ne nous convainc guère davantage), la Passacaille qui suit ne relevant guère l’intérêt bien que fort bien faite.


Mais tout change avec Händel, compositeur dans lequel Spyres a déjà fait montre de toutes ses capacités (Septimius dans Theodora, le Temps dans Il trionfo del Tempo e del Disinganno) : l’extrait ici de Tamerlano témoigne d’une caractérisation sans faute, d’une agilité vocale admirable et d’un chant on ne peut plus véhément. Et puis le tourbillon commence : si l’extrait du méconnu Artabano, re de’ Parti de Vivaldi s’avère des plus classiques chez le compositeur vénitien, les cinq extraits qui suivent sont tous à se pâmer. Volutes vocales sans pareil chez Vinci, facilité d’émission et souplesse de la voix chez Porpora, pureté de la ligne et longueur de souffle chez Sarro, sens inné du cantabile chez Galuppi, technique ébouriffante chez Latilla : on ne sait quoi devoir saluer en premier tant l’ensemble enthousiasme l’auditeur écoute après écoute. L’implication de Michael Spyres dans chaque rôle est évidemment à saluer mais on est surtout bouche bée devant l’impression d’une telle facilité, la technique vocale parvenant à se faire totalement oublier y compris dans les passages les plus acrobatiques (l’ambitus hallucinant à partir de 5’28 dans Antigono de Mazzoni), notamment dans les airs tirés des opéras de Hasse et de Latilla, Michael Spyres étant également capable (mais ça, on le savait) de la poésie la plus extrême comme dans cet air tiré du Mithridate de Mozart.


Dans ce type de récitals, le chanteur (ou la chanteuse) est évidemment le phare de l’interprétation mais le résultat dépend également, à l’évidence, de l’accompagnement. Et ici, l’ensemble italien Il Pomo d’Oro est un partenaire de premier choix, irréprochable de bout en bout, dirigé de main de maître par le claveciniste Francesco Corti. L’agilité des cors dans l’air de Vinci, la verve de l’orchestre dans son ensemble dans l’air de Siroe, re di Persia de Latilla (un des sommets du disque), le moelleux des cordes dans plusieurs extraits (Mozart mais également le célébrissime « J’ai perdu mon Eurydice » de Gluck) : là encore, on ne peut que rendre les armes devant tant de perfection et d’enthousiasme communicatif, Francesco Corti ne se montrant jamais brutal ou excessif dans un jeu qui impressionne tant par ses couleurs que par son naturel.


Au‑delà de la démonstration ainsi effectuée, on a ici à faire à un récital exemplaire (qui, après Montpellier le 16 mai, sera donné en partie à Londres le 21 mai, à Anvers le 22 mai et à Berlin le 23 mai) en dépit, comme on l’a signalé au début de cet article, de quelques menues faiblesses qui relèvent d’ailleurs peut‑être plus d’une appréciation « subjective » que d’une moindre qualité « objective » En un mot : chapeau bas !


Le site de Michael Spyres
Le site de Francesco Corti
Le site d’Il Pomo d’Oro


Sébastien Gauthier

 

 

 

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