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05/14/2023
Alfred Schnittke : Psaumes de repentance
Martin Logar (ténor), Cappella Amsterdam, Daniel Reuss (direction)
Enregistré en la Pieterskerk d’Utrecht (17‑20 septembre 2022) – 40’39
Pentatone PTC5187028 – Notice (en anglais) de Lodewijk van der Ree


Sélectionné par la rédaction





Daniel Reuss est le directeur artistique du Cappella Amsterdam depuis déjà trente ans au cours desquels il a en plus collaboré avec succès avec d’autres chœurs tels le Chœur de chambre philharmonique d’Estonie et le Chœur de chambre de la RIAS, mais c’est avec le chœur néerlandais qu’il entretient toujours la plus vive relation. Ensemble, ils ont à leur actif l’enregistrement de plusieurs programmes exécutés avec finesse, qui vont du Moyen Age à nos jours. Dernièrement, ils accordent une attention toute particulière aux psaumes de repentance ou de pénitence, en premier lieu à ceux d’Arvo Pärt (Kanon Pokajanen, 1997), maintenant à ceux d’Alfred Schnittke (1934‑1998), et ils ont en projet un enregistrement de ceux de Roland de Lassus (Psalmi Davidis Pœnitentialis, 1584). Leurs interprétations déferlent avec toute la concentration et l’intensité nécessaires à ce genre d’œuvres.


Schnittke n’a jamais eu la pleine approbation des mélomanes, sans doute à cause de son polystylisme qui peut dérouter ou déplaire, mais dans ce genre, qu’il affectionnait peut‑être par bravade, sûrement avec ironie mais aussi avec conviction, il était passé maître comme en témoignent ses six Concerti grossi écrits entre 1976 et 1993. D’autres partitions plus aérées s’en dispensent comme le douloureux Concerto pour violoncelle à la pureté austère, achevé en 1986. Les Psaumes de repentance (1988) sont tout aussi épurés. S’ils rappellent par moments le chant orthodoxe, c’est à la fois par leur dépouillement et par le bel équilibre des timbres de voix bien plus que par le fluctuant style mélodique de l’ensemble.


Les Psaumes célèbrent le millénaire de la foi chrétienne en Russie. Schnittke devait y contribuer une composition pour orgue mais, profondément touché par un recueil de textes anonymes du XVIe siècle, il a souhaité mettre onze d’entre eux en musique pour chœur a cappella, en les faisant suivre d’un volet conclusif pour chœur sans paroles. Si le thème principal est une repentance angoissée qui va jusqu’à une violence déchirante, ils se terminent tous sur une note d’espoir de rédemption, et le style grave qui frise une dissonance expressive se transforme en un rai lumineux. Les rythmes aux métriques changeantes se basent sur le rythme naturel des paroles énoncées, mises en musique de manière syllabique.


Malgré leur thème commun, les douze volets accusent une différence de caractère marquée. Sans perdre l’unicité de l’ensemble, Daniel Reuss et son chœur la mettent en valeur avec une adresse engagée. Tout en illuminant le chromatisme ambiant, ils respectent les subtils changements de pédales et ne négligent jamais la clarté des rares clusters et des textures qui varient en fonction de la mise en avant d’un ou de deux des quatre pupitres de façon tantôt discrète, tantôt flamboyante. Quand le texte débute à la première personne, c’est‑à‑dire aux volets II, IX et XI, Schnittke fait appel à un ténor solo. Avec une touchante flamme, Martin Logar, membre du chœur, incarne ce « je » qui s’isole ou qui est à la recherche d’isolement.


Pour l’ensemble, Reuss a préféré avoir recours au manuscrit de Schnittke directement, du fait que la partition imprimée a subi quelques modifications dont l’ajout d’indications de dynamique et de métrique. La différence la plus marquante vient au volet XII, qui se termine sur un accord de  majeur sans le faire suivre du mi bémol de la version imprimée.


L’œuvre se situe parmi les compositions les plus puissantes pour chœur a cappella du siècle dernier. La version de référence était sans doute celle du Chœur de la Radio suédoise sous la direction de Tõnu Kaljuste (ECM 1583) mais le Cappella Amsterdam les rejoint, leurs voix riches et plus intensément fondues posées sur le grave des basses alors que celles du chœur suédois sonnent de manière plus spatialisées, gagnant en transparence lumineuse. Réfléchie, mûrie et profonde, la prestation de Daniel Reuss et du Cappella Amsterdam accuse la richesse somptueuse des textures et c’est une réussite.


Le site de Daniel Reuss
Le site du Cappella Amsterdam


Christine Labroche

 

 

 

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