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03/19/2023
« Inédits 5 »
Johann Sebastian Bach : Partita pour clavier n° 6, BWV 830 – Ich ruf’ zu dir Herr Jesu Christ, BWV 639 – Das wohltemperierte Klavier (Erster Teil) : 8. Prélude et Fugue en si bémol, BWV 853 – Fantaisie chromatique et Fugue,BWV 803 – Prélude et Fugue en la mineur, BWV 543
Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 30, opus 109, et n° 31, opus 110
Franz Schubert : 15 Valses et Ländler
Robert Schumann : Quintette avec piano, opus 44
Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales
Claude Debussy : Masques – Images (Première Série)
Yvonne Lefébure (piano), Quatuor de Radio France
Enregistré en public et en studio entre 1971 et 1982 – 148’17
Album de deux disques FY / Solstice SOCD398/99
 Must de ConcertoNet
Alors que paraissent chez l’éditeur FY / Solstice de nouveaux enregistrements inédits de la pianiste française Yvonne Lefébure, l’héritage semble inépuisable !
A chaque nouvelle parution d’inédits de la pianiste française Yvonne Lefébure (1898‑1986), les éditeurs de Fy Solstice, Yvette et François Carbou qui, outre avoir donné à cette immense pianiste et pédagogue la chance de réaliser dans les dernières années de sa vie tous les enregistrements qu’elle n’avait pu réaliser faute d’avoir eu les honneurs des studios au moment de l’explosion du microsillon dans les années 1960, s’évertuent à retrouver le moindre document d’archives radiophoniques ou privées et nous disent que ce sera le dernier. Il y a longtemps que on ne les croit plus tant chaque année voit refleurir grâce à leurs soins infatigables des pépites endormies !
Ce cinquième album d’inédits ne manque pas à la tradition et nous révèle sur deux disques inédits et premières au disque des années 1970 provenant d’émissions de télévision, notamment « Que savons‑nous de la musique ? » réalisé par Rémy Stricker qui a été parmi ses élèves, tout comme le portrait qu’il avait réalisé d’elle pour France Culture en 1971 (les entretiens en sont transcrits dans le livret) et quelques enregistrements de concerts du Juillet musical de Saint-Germain-en-Laye de 1971, 1973 et 1974.
On y trouve Bach bien sûr – la dame était incomparable quand elle jouait sa musique – notamment le Prélude et Fugue en la mineur pour orgue transcrit pour le piano par Liszt, la Sixième Partita, la Fantaisie chromatique et Fugue et le choral Ich ruf’ zu Dir, ces trois derniers publiés pour la première fois au disque. La Trentième Sonate de Beethoven est magnifique de style comme par sa vision introspective ainsi que l’Opus 110, considérable par sa beauté sonore et son rayonnement spirituel. Un bouquet de quinze Valses et Ländler sur lesquels on pourrait danser tant la pianiste fait chanter Schubert précède un excellent Quintette avec piano de Schumann avec le Quatuor de Radio France (autre nouveauté au disque) enregistré à Saint-Germain-en-Laye en 1974.
Puis, le meilleur de Lefébure étant à chercher chez les compositeurs français Debussy, Ravel surtout qui lui inspirait une vision tout à fait personnelle bien que marquée du sceau de l’authenticité de son enseignement, avec respectivement Masques (jamais non plus publié) et la Première Série d’Images et les Valses nobles et sentimentales.
Ce coffret est complémentaire du passionnant documentaire publié en 2006 par le même éditeur sous le titre « Une leçon de vie ». On ne fera pas le récit de la vie de cette merveilleuse artiste mais on rappellera seulement, et sa date de naissance parle pour elle, qu’elle a connu, côtoyé, reçu les enseignements de tout ce qui a compté dans la musique française et européenne depuis la fin du XIXe siècle (Cortot, Widor, Emmanuel, Fauré, Dukas, Ravel...) et que nombreux sont les pianistes et musiciens disparus (Samson François, Catherine Collard) ou aujourd’hui actifs (et non des moindres comme Anne Queffélec) qui ont reçu son enseignement. Et quel enseignement ! Car si la femme était souvent fantasque, et la pianiste parfois variable dans son inspiration, la pédagogue était suprême et savait métamorphoser le jeu de ses élèves autant par ses paroles qu’en donnant l’exemple au cours des leçons d’interprétation publiques (qui ne s’appelaient pas encore master classes) auxquelles nous avons eu la chance d’assister tant à l’Ecole normale de Paris qu’à l’Académie internationale Debussy de Saint-Germain-en-Laye où elle enseignait l’été.
Mentionnons aussi pour être complet le coffret de vingt‑quatre disques « Une légende au piano » le plus bel hommage rendu trente ans sa mort publié par le même éditeur qui reprend la totalité des enregistrements réalisés par ce label auxquels s’ajoutent de très nombreux inédits retrouvés dans les archives de l’INA et de la BBC. Le répertoire immense, qui reflète bien la curiosité de cette artiste, va de Rameau à Albert Roussel, de Couperin à Maurice Emmanuel, et y apparaissent quelques partenaires aussi illustres que Pablo Casals, Wilhelm Furtwängler, Fernand Oubradous, Ernest Ansermet, Pierre Dervaux, Paul Paray, Sándor Végh, Pierre Bertin. On y retrouve aussi des extraits de la fameuse émission « Radioscopie » que Jacques Chancel lui avait consacrée ainsi que d’autres interviews conservées grâce à l’INA.
Olivier Brunel
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