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03/04/2023
« Sfumato »
Arcangelo Corelli : Sonate, opus 5
Antonio Vivaldi : Sonate pour violoncelle, RV 47 : 1. « Preludio » & 3. « Largo »
Giacobbe Cervetto : Sonate en trio, opus 1 n° 3
Marin Marais : Suite en sol mineur du Troisième Livre : 1. « Prélude »
Benedetto Marcello : Sonate à deux basses, opus 6 n° 2
Jean‑Baptiste Barrière : Sonate pour clavecin n° 4 : 1. « Adagio » – Sonate pour violoncelle n° 6 – Sonate n° 2 du Troisième Livre pour violoncelle

Cet étrange éclat : Gauthier Broutin (violoncelle), Agnès Boissonnot-Guilbault (viole de gambe), Chloé Lucas (violone), Nora Dargazanli (clavecin)
Enregistré en l’église luthérienne de Bon‑Secours, Paris (26‑29 octobre 2020) – 67’13
Initiale INL 13 – Notice (en français et en anglais) par les interprètes (plus particulièrement Nora Dargazanli)


Sélectionné par la rédaction





C’est à la faveur de la rencontre (sur scène) avec Chloé Lucas, qui nous avait fortement impressionné lors d’un des récents concerts des Musiciens de Saint‑Julien, que nous devons l’écoute de ce disque.


Chloé Lucas est donc ici au violone (sorte de basse de viole à six cordes), Gauthier Broutin joue du violoncelle, Agnès Boissonnot-Guilbault de la viole de gambe et Nora Dargazanli du clavecin. Les quatre jeunes musiciens, tous issus du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, ayant notamment suivi les enseignements de Christophe Coin, se sont réunis afin, nous explique la notice d’accompagnement, de faire fusionner les trois instruments à cordes «dans un son commun et homogène sans perdre la singularité du grain de chacune des cordes». Vrai défi compte tenu du registre de chaque instrument ! Le programme, diversifié, rodé en concert notamment lors d’une représentation donnée à l’hôtel de Soubise en octobre 2020 (quelques jours seulement avant la séance d’enregistrement), nous emmène donc dans ce sfumato revendiqué dès le titre du disque, dans ce halo (le terme italien sfumato signifie « enfumé ») qui caractérise certaines peintures de la Renaissance et qui fait que les contours des personnages ou des paysages n’existent pas précisément, chaque figure étant entourée d’une sorte de peinture brumeuse, le grand spécialiste de cette technique n’étant autre que le génial Léonard de Vinci.


Et il est vrai que les premières secondes d’écoute nous transportent dans un monde qui, à bien des égards, semble incertain. La Sonate de Corelli étonne dès les premiers accords où le clavecin paraît s’accorder avant que viole et violoncelle ne jouent un beau numéro de duettistes, soutenus par les sons profonds du violone, sans que l’on sache toujours bien qui joue quoi, l’atmosphère générale important davantage que les individualités à l’œuvre. La manière de dérouter l’auditeur dans le premier mouvement, la suspension du temps dans le quatrième, le thème célèbre des Folies d’Espagne dans le cinquième : autant de petits moments « volés » qui font de cette œuvre une introduction parfaite à ce disque qui, à l’évidence, sort des sentiers battus. La Sonate RV 47 de Vivaldi, agréable à écouter, loin des accents virevoltants et solaires que l’on entend souvent chez ce compositeur, passe presqu’inaperçue lorsqu’on passe à cette Sonate en trio de Giacobbe Cervetto (1680‑1783 !), figure majeure de l’art anglais du violoncelle au XVIIIe siècle. La fusion totale entre la viole et le violoncelle, qui savent compter sur le soutien sans faille du violone (ah... ces basses sourdes et généreuses à la fois !) et du clavecin, est magnifique : au sobre Adagio succèdent ainsi un Allegro dansant à souhait et un Minuetto aux accents très volontaires.


Tout aussi belle découverte est cette Sonate à deux basses de Marcello où les quatre instruments s’épaulent les uns les autres, aucun ne prenant vraiment le dessus, les individualités se perdant là encore dans certains crescendi (dans le premier mouvement à partir de 1’40, repris 2 minutes plus tard), certains motifs fugués, l’œuvre se concluant par une étonnante course poursuite entre viole et violoncelle. Le reste du disque fait une place d’honneur à Jean‑Baptiste Barrière (1707‑1747), violoncelliste virtuose après avoir été semble‑t‑il un gambiste non moins talentueux. Les deux sonates pour violoncelle frappent par le relatif dépouillement de la ligne mélodique mais, en contrepartie, par l’émotion qui en ressort (l’Adagio ou la Giga de la Sonate n° 6, l’Aria de la Sonate n° 2), servie par quatre musiciens à l’évidence talentueux, dont on guette dès à présent le prochain disque.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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