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01/03/2023
« Il divino Cipriano de Rore »
Cipriano de Rore : Anchor che col partire – Di virtù, di costumi, di valore – Signor mio caro – Tutto il di piango – Era il bel viso suo – Amor, ben mi credevo – Vergine bella – Com’havran fin le dolorose tempre – La bella netta ignuda – Non gemme, non fin’oro – Non è ch’il duol mi scemi – Io canterei d’amor si novamente – Amor, ben mi credevo – Alla dolc’ombra de le belle frondi
Adrien Williaert : Recercar decimo – Recercar settimo
Anonyme : La Rose
Marco Dall’Aquila : Ricercare

Véronique Bourin (soprano), Anne Dumont (clavecin), Il Ballo, Leonardo Loredo de Sá (luth, direction)
Enregistré en l’église de Saint-Benoît-du-Sault, Indre (22‑23 avril 2021) – 77’05
Hortus 209 – Livret (en français) de 34 pages


Sélectionné par la rédaction





Fondé par le luthiste Leonardo Loredo de Sá, l’ensemble Il Ballo s’intéresse à l’interprétation de la musique des XVIe et XVIIe siècles, avec un goût prononcé pour le répertoire italien. Ici, l’ensemble se compose d’une soprano bien connue du monde la musique Renaissance, notamment par ses participations avec l’ensemble Doulce Mémoire, de trois violistes, de cornets, sacqueboutes, un violon, et pour l’accompagnement et quelques pièces instrumentales, de luths et théorbe joués ici par son directeur, Leonardo Loredo de Sà.


Le portrait choisi pour la couverture nous montre un Cipriano de Rore (1515‑1565) au visage sévère, mais une inscription précise au‑dessus « CYPRINANUS DE RORE MUSICUS ». Ce musicus est intéressant car il précise la fonction de Rore et confirme que ce compositeur n’est pas connu pour être un theoricus (théoricien de la musique parfois éloigné de la pratique instrumentale ou vocale), mais bien un praticien de la musique et de ses règles d’exécution, de composition et d’ornementation.


Le livret est intéressant et explique clairement. La démarche musicale est très bien présentée, la genèse de cet enregistrement est limpide et chaque compositeur de diminution est nommé, ce qui nous donne un plan de la construction du travail musical pour cet album. Les traductions sont toutes signées des différents traducteurs, toutes les sources sont citées, ce qui est précieux pour tout musicien ou musicologue, étudiant, amateur ou confirmé.


Douceur et sensibilité sont apparemment les lignes conductrices de cet enregistrement. Les textes, principalement amoureux, sont très bien conduits et amenés. Parfois on est juste un peu rattrapé par la pulsation, un peu trop présente dans les parties les plus simples, alors que l’on aurait voulu l’oublier pour pouvoir se laisser porter par le discours orné des voix jouant avec le texte et la mélodie principale. Les jeux de timbres et des mélanges sont parfaitement réussis, très fins et subtilement choisis.


La première plage, « Anchor che col partir », est un excellent choix d’ouverture. Pour les connaisseurs et pratiquants de musique Renaissance, voici un madrigal qui parle, un « tube » accrocheur qui donne envie de se plonger dans cet enregistrement. Le mariage des timbres du consort de violes avec le cornet et la voix est une excellente idée, donnant un aperçu du mélange entre les familles d’instruments à la lumière des possibilités qui sont décrites dans les documents anciens. Même si ce n’est pas la première fois qu’il est donné d’entendre ce mélange, ici il est particulièrement à propos.


La voix de Véronique Bourin et le violon de Camille Antoinet se fondent et forment un duo magique avec les réponses ornées de la viole de gambe pour le madrigal « Signor mio caro ». Le duo du « Recercar decimo » est une respiration douce dans la mélancolie savante des précédentes pistes. Le solo de clavecin « Com’havran fin le dolorose tempre » donne à entendre une autre façon de jouer le madrigal.


Le duo « La bella netta ignuda » nous fait entendre simultanément la ligne ornée du chant et la ligne simple jouée au cornet par un Benoît Tainturier qui donne l’impression de connaître sur le bout des doigts le texte poétique et qui en rend les différents appuis avec art, créant ainsi un duo à la fois suave et riche de renseignements sur la réalisation ornementale et leur mise en pratique, tout en renversant l’habitude moderne de laisser les ornements aux instruments, loin de l’historicité de la pratique.


Ici, l’écoute nous immerge dans un moment d’une grande suavité, qui est rappelons‑le, le maître mot du début de la Renaissance depuis Dante. Il Ballo offre une très belle leçon de musique : ornementation, superposition des timbres, le travail colla parte des instruments ou même le très beau consort de violes enrobant les diminutions des voix supérieures. Le rythme des enchaînements dans les couleurs instrumentales et vocales est un régal.


Un enregistrement que tout amoureux du madrigal doit posséder.


Le site de l’ensemble Il Ballo


Apolline Croche

 

 

 

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