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10/31/2022
« Sur les pas de Jean Le Flelle »
René Mesangeau : Suite en do majeur
John Dowland : Sir John Langton’s Pavan
John Banister : Banister Tune
Anonymes: Sarabande – Courante – What if a day or a month or a yeare – A Paven
Jean Mercure : Suite en la mineur – Almaygne Mercure – Merceur
Thomas Tomkins : Fancy – Toy, for Mr Curch – Voluntary, for Mr Archdeacon Thornburgh
François Dufaut : Suite en ré mineur
Ennemond Gaultier dit Le Vieux Gautier : Suite en la mineur
Benjamin Cosyn (attrib.) : Serabrand
Pierre Dubut et fils : Suite en do majeur

Angélique Mauillon (harpe triple)
Enregistré à la Grange de Mels, Aubrac (28 septembre-1er octobre 2021) – 64’20
Seulétoile SE04 (distribué par Socadisc) – Notice de 23 pages (en français et en anglais)


Sélectionné par la rédaction





Que dire si ce n’est que cette année 2022 est riche en excellence dans ces enregistrements d’instrument solo ? Angélique Mauillon, dans la même filiation musicale que Florent Marie, atteint ici des hauteurs angéliques, justement ! Elève d’Eugène Ferré et de Josette Rives, eux‑mêmes musiciens et pédagogues exceptionnels, Angélique Mauillon nous offre ici une version de certaines pièces phares pour virginal, luth ou théorbe, d’une poésie d’une grande éloquence.


Le livret est très soigné esthétiquement, et l’originalité de la présentation vaut d’être notée. Angélique Mauillon a fait le choix de présenter son travail et l’origine sous la forme d’un entretien questions/réponses avec Fannie Vernaz. Le résultat est probant : c’est vivant et pédagogiquement pertinent. L’explication simple et limpide de la harpe triple et de ses usages éclaircit les ombres entourant l’instrument. Elle nous raconte le peu de données sur Jean Le Flelle et le parcours de musicienne de l’interprète, et comment l’absence de renseignements peut ouvrir un champ de possibilités créatives.


Le disque débute avec une suite française en cinq parties reconstituées à partir de différent manuscrits et éditions (Ballard 1638, Ms Vm7 6211 et Ms Parisien 1632), façon ingénieuse de construire une suite d’ouverture qui permettra de reconstituer les tribulations de ce fameux Jean Le Flelle déjà par le voyage qu’offre la recherche de pièces de différentes sources dans un même style. La suite de ces pas nous mène en Angleterre avec des pièces à la fois issues des répertoires de cour (Elizabeth Roger’s Virginal Book, Sir Langton’s Pavan, For Mr Archdeacon Thornburgh) et plus populaire (Banister Tune) sorti de manuscrit d’Oxford ou autre, puis on comprend assez vite que ce Jean Le Flelle a fait le voyage entre le continent et l’île dans le sillage de sa protectrice et reine d’Angleterre Henriette-Marie, sœur de Louis XIII.


Chaque piste ciselle un personnage dont on n’a pas (ou presque) de musique et quasiment rien sur la vie et les mœurs, si ce n’est ce que cette interprète a choisi de nous raconter à travers ses choix musicaux. Le toucher est délicat, majestueux quand les circonstances l’imposent, joyeux dans la Saraband anonyme (Oxf Ms 219), ou plus tragique dans le Fancy de Tomkins (Ms 1113), mais toujours précis.


Les pièces pour virginal sont bien plus belles, la harpe possédant une rondeur et une douceur que la mécanique des claviers ne possède pas. Le phrasé et le discours harmonique sont riches et compréhensibles dès la première écoute, à l’égal du jeu de grands luthistes comme Eugène Ferré ou Claire Antonini. Chaque émotion est brillamment amenée, sans jamais céder au pathos que l’on pourrait être tentée de rajouter. La musique se suffit à elle‑même, servie par une interprète qui nous guide dans une histoire avec des caractères et des goûts variés, sans jamais que l’on ne se lasse de certaines pièces déjà enregistrées et montrées par d’autres interprètes sur les instruments auxquels elles sont destinées, comme La Belle Homicide, pièce du répertoire pour luth baroque.


La prise de son est réalisée avec un soin et un goût magnifiant la harpe triple : bonne distance, netteté, qualité du choix des micros et de leur placement. Bref une balance cruciale et réussie. Sans parler du soin apporté par l’ingénieur du son au mixage, Camille Frachet livre ici un magnifique exemple de la délicatesse et de la finesse que l’on peut apporter à ce magnifique instrument.


Nous avons ici un voyage musical sans extravagance, mais avec une richesse et une profondeur que l’on trouve rarement. Cette harpe triple est une découverte à s’offrir et à offrir sans hésitation.


Apolline Croche

 

 

 

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