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08/27/2022
Francisco Correa de Arauxo : Libro de tientos (extraits) – Canto Llano de la Inmaculada Concepción de la Virgen MARIA Senora nuestra – Tres glosas sobre el canto llano de la Immaculada Concepcion de la Virgen Maria Senora nuestra – Prosa del Santissimo Sacramento
Thomas Crécquillon : Par tous moyens – Magna et mirabilia
Philippe Verdelot : Ultimi miei sospiri
Nicolas Gombert : O Gloriosa Dei Genitrix – Mon Seul à 7
Josquin Desprez : Ave Maria
Alonso Lobo : Beata Dei Genitrix
Pierre de La Rue : Missa Ave Maria : Sanctus
Francesco Rognoni : Susanna d’Orlando (d’après Roland de Lassus)
Francisco Guerrero, Juan de Urreda & Bricio Gaudi : Pange Lingua
Clemens non Papa : Canción
Nicolas Gombert& Antonio de Cabezón : Ayme qui voldra

Bernard Foccroulle (orgue, virginal), InAlto, Lambert Colson (direction)
Enregistré à Castano del Robledo et Marchena (octobre 2019), Grimbergen et Saint‑Trond (septembre 2020) et Lerma et Tordesillas (juin 2021) – 279’28
Coffret de quatre disques Ricercar RIC 435 (distribué par Outhere) – Notice en anglais et en français


Sélectionné par la rédaction





Francisco Correa de Arauxo méritait une reconnaissance à la hauteur de son exceptionnelle inventivité. Ce coffret y pourvoit et devrait combler les esprits curieux.


Le compositeur aurait vécu entre 1584 et 1654 et l’on ignore quasiment tout de sa vie à part qu’il fut prêtre et titulaire de l’orgue de l’église Saint‑Sauveur de Séville et qu’il est mort à Ségovie. L’organiste, compositeur et directeur d’opéra belge Bernard Foccroulle (né en 1953) se passionne pourtant depuis des années pour sa production et singulièrement les nombreuses et courtes pièces d’orgue de son Libro de tientos (1626), qu’on pourrait peut-être traduire par Livre de préludes ou, comme le propose la notice, d’études, le mot de tiento semblant avoir une signification proche de celle de ricercar. Certaines sources en dénombrent soixante‑dix. Ici l’on en compte quarante, avec des trous dans la numérotation, l’un des tientos étant par ailleurs donné à deux reprises, à l’orgue seul et dans une version pour cornet et orgue.


En tout état de cause, c’est indéniablement une véritable somme, musicale et culturelle. Elle est éclairée par des pages d’auteurs de la même époque auxquels Francisco Correa de Arauxo fait lui‑même référence dans son ouvrage théorique et pratique qui intègre le Livre, Facultad organica. Les pièces du Livre, en principe classées par leur auteur par ordre de difficulté, sont ici regroupées par blocs et instrument utilisé, les pages vocales ou instrumentales des autres auteurs ou de Correa lui‑même les séparant consistant alors en autant d’éclairages que de pauses évitant l’overdose d’orgue.


Les orgues utilisées se situent évidemment en Espagne mais aussi en Flandres, les instruments que Correa jouait et entendait à Séville étant d’ailleurs principalement des orgues flamands. Ils sont soit légèrement postérieurs aux compositions soit franchement postérieurs, ce qui ne manquera pas de troubler les intégristes de l’authenticité. Pour la partie espagnole, on suppose que Bernard Foccroulle ne pouvait cependant pas faire autrement compte tenu du parc existant. Sont utilisés, en Espagne, de l’orgue l’église de Santiago apostol de Castano del Robledo (1751 et révisé en 2007) dans la province de Huelva, deux orgues (côté épître et côté évangile) situés dans la collégiale de San Pedro à Lerma (1616 et restauré en 1995 pour l’un, 1617 et révisé en 1982 puis 2009 pour l’autre) dans la province de Burgos, l’orgue de l’église de Santa Maria de Tordesillas (1716 et restauré en 2010) et enfin, l’orgue dit d’évangile de l’église de San Juan Bautista de Marchena dans la province de Séville (1765 et restauré en 1997), vraiment impressionnant. A Grimbergen en Belgique, ville que les amateurs de bière connaissent bien, pour le troisième disque, c’est un orgue de 1999 qui est employé mais construit dans le style de la facture flamande de la seconde moitié du dix‑septième siècle. Comme pour souligner davantage les liens entre l’Espagne et les Flandres, on relèvera d’ailleurs que deux tientos sont interprétés sur une copie d’un virginal flamand du dix‑septième siècle comme on a pu en trouver à la cathédrale de Ségovie. S’agissant des pièces vocales ou instrumentales, elles ont été enregistrées au béguinage de Saint‑Trond.


La notice détaille les caractéristiques techniques des orgues utilisées ; elles ne diront malheureusement rien au profane. Si la pédagogie était importante pour Francisco Correa de Arauxo, elle ne l’est manifestement pas pour l’éditeur Ricercar, comme si le coffret devait être réservé au mundillo des organistes.


Il faut évidemment louer l’immense travail fourni pour ce coffret de quatre disques et espérer qu’il suscitera des vocations au‑delà des Pyrénées pour la restauration des orgues, trop souvent silencieuses en raison de leur état, comme chez les apprentis musiciens espagnols pour choisir l’orgue comme instrument et qu’il poussera les trop rares organistes espagnols à jouer la musique de leur patrimoine national.


On y goûte autant à une musique rare, raffinée, qu’aux couleurs des orgues choisies pour leur richesse polyphonique, aux tuyaux parfois en plomb, et à clavier unique de quarante‑cinq touches au maximum divisé en deux pour y répartir des jeux différents. Le rythme des Tientos, plutôt lent, n’est certes guère varié ; le début de chacun est, comme une sorte de rituel, souvent le même avec quatre notes, mais la main droite dessine ensuite rapidement des volutes sonores et l’interprète y creuse des contrastes où la gravité le dispute à la fantaisie baroque. Correa n’hésite pas à jouer avec des dissonances qui ne peuvent que nous surprendre par leur audace. Elles sont évidemment accrues par le tempérament mésotonique des instruments. Au total, c’est une musique assez envoûtante que nous révèle Bernard Foccroulle.


Les pièces confiées à l’ensemble InAlto, dont fait partie la propre fille de Bernard Foccroulle, la soprano Alice Foccroulle, nous permettent de leur côté de changer de couleurs – superbes cornet et trombones – mais pas d’univers. Leur grandeur teintée d’austérité prolonge ou anticipe les Tientos de Correa. Elles font aussi tout le prix de ce coffret aussi singulier que passionnant quoique essentiellement fait pour les amateurs d’orgues.


Le site de Bernard Foccroulle
Le site de l’ensemble InAlto


Stéphane Guy

 

 

 

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