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12/10/2021
« Of All Joys »
Arno Pärt : Summa – Fratres
Luca Marenzio : Solo e pensoso
John Dowland : Flow, my tears (Lachrimae)
Orlando Gibbons : Fantasia a 6 en ré mineur
Philip Glass : Quatuor à cordes n° 3 « Mishima »
Gregorio Allegri : Miserere
John Bennet : Weep, O Mine Eyes
Jacobus Clemens non Papa : Ego flos campi a 7

Quatuor Attacca : Amy Schroeder, Domenic Salerni (violon), Nathan Schram (alto), Andrew Yee (violoncelle)
Lieu et date d’enregistrement non communiqués – 63’14
Sony 19439936062





Associer la musique ancienne à celle d’aujourd’hui est de plus en plus fréquent. Dans les deux cas, des marges de manœuvre non négligeables sont laissées à l’interprète et la religiosité de l’une rejoint souvent le mysticisme de l’autre. Dans le présent disque, autour du Troisième Quatuor « Mishima » (1985) de Philip Glass (né en 1937), sont ainsi proposées des pièces de la Renaissance, le tout étant enchâssé par des compositions d’Arvo Pärt (né en 1935). L’ensemble est interprété par le Quatuor Attacca de Brooklyn, ce qui signifie évidemment que les pièces anciennes bénéficient toutes d’arrangements pour sa formation.


Summa et Fratres de Pärt ne choquent pas sous la forme du quatuor. Summa a été écrit initialement pour chœur en 1977 mais transcrite pour orchestre à cordes en 1991. Il existe aussi d’innombrables versions de Fratres, écrit originellement pour trois voix, notamment pour ensemble de cordes. Dans cette œuvre et son adaptation pour quatuor, le Quatuor Attacca ne démérite pas mais ne peut faire oublier la vision ardente d’un Gidon Kremer et d’un Keith Jarrett dans l’arrangement pour violon et piano.


S’agissant du Quatuor de Glass tiré par son auteur de sa composition pour le film de Paul Schrader consacré à la vie du grand écrivain japonais Mishima, l’ensemble américain en propose une lecture sobre qui ne s’abandonne guère au lyrisme. L’interprétation paraît au fond minimale pour une musique qui n’est minimaliste qu’en apparence. Le manque d’engagement de cette version par trop lisse se paye alors par une certaine lassitude. Le Quatuor Tana est autrement plus passionnant, hypnotisant.


Restent les pièces de la Renaissance arrangées pour quatuor à cordes. Disons-le franchement, elles n’ont alors plus rien à voir avec les originaux ; c’est autre chose et cette autre chose laisse une impression étrange. On tend l’oreille ; l’époque est indéfinissable : on reconnaît des tournures anciennes mais l’instrumentation déroute même si parfois les cordes se rapprochent beaucoup des voix humaines. Regretter alors les originaux n’aurait pas de sens tant le parti pris est évident. Il est le résultat d’un intérêt très personnel des musiciens pour ces pièces qui jouent parfois avec la tonalité. Il faut finalement voir dans ces arrangements des recréations. La version pour quatuor du Miserere d’Allegri lui confère par exemple une contemporanéité insoupçonnée. Mêler ces arrangements avec d’authentiques pièces récentes, c’est affirmer un continuum historique certes un peu forcé mais souligner aussi leur audace créatrice comme leur raffinement, leur sérénité et leur sensualité communs. C’est sans doute l’aspect le plus intéressant, le plus original, du disque.


Signalons une curiosité qui pourrait intriguer : le disque reprend le nom du compositeur Jacobus Clemens (1510?-1555?) tel qu’affublé, depuis plusieurs siècles, d’un sobriquet précisant qu’il n’est pas pape pour le distinguer du pape Clément VII (1478-1534).


Le site du Quatuor Attacca


Stéphane Guy

 

 

 

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