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04/23/2021
Johann Sebastian Bach : Weinachts-Oratorium, BWV 248
Katja Suber (soprano), Raffaele Pe (contre-ténor), Martin Platz (ténor), Thomas Simmel (basse), La Capella Reial de Catalunya, Lluis Vilamajó (préparation du chœur), Le Concert des Nations, Jordi Savall (direction)
Enregistré en public au Palau de la Música Catalana, Barcelone (17-18 décembre 2019) – 143’51
Album de deux disques Alia Vox AVSA9940 – Notice en anglais de Joan Vives





Œuvre emblématique de Johann Sebastian Bach (1685-1750), l’Oratorio de Noël, composé entre les mois d’octobre et de décembre de l’année 1734, est un ensemble formé de six parties destinées à célébrer successivement les trois premiers jours de la fête de Noël, la fête de la Circoncision, le premier dimanche après le Nouvel An et la fête de l’Epiphanie. Les textes, fondés sur l’Evangile selon saint Luc pour les quatre premiers, selon saint Matthieu pour les deux derniers, font alterner récit de l’Evangéliste, chœurs et passages solistes (pour un seul chanteur ou, parfois, pour un duo).


Même si Bach n’est sans doute pas le compositeur auquel on rattache le plus rapidement Jordi Savall, le chef catalan n’en a pas moins enregistré tant ses grandes pages instrumentales (entre autres les Concertos brandebourgeois, les quatre Suites pour orchestre, L’Art de la fugue) que vocales (la Messe en si et l’apocryphe Passion selon saint Marc), ayant également donné en concert la monumentale et révérée Passion selon saint Matthieu. Est-ce cette fréquentation, qui n’est qu’épisodique, qui fait que cet enregistrement laisse finalement un goût assez mitigé?


L’Oratorio de Noël est une pièce de réjouissance; et cela ne s’entend bizarrement pas toujours. Certes, le chœur inaugural, «Jauchzet, frohlocket, auf, preiset die Tage», est brillant, ajouré par une orchestration rehaussée de trompettes et timbales, mais il souffre également d’un sérieux manque de netteté. Ce côté ouaté est sans doute dû en partie à la réverbération assez importante de la salle mais également à des tempi souvent mesurés qui, parfois, confinent à une excessive lenteur, l’ensemble ayant alors même tendance à s’enliser («Wie soll ich dich empfangen?» dans la première partie, «Wir singen dir in deinem Heer» à la fin de la deuxième ou le chœur conclusif de la sixième partie, «Nun seid ihr wohl gerochen»). La Capella Reial de Catalunya bénéficie sans nul doute de la réactivité nécessaire: le résultat de ses élans s’avère alors jubilatoire («Ehre sei Gott in der Höhe») mais l’ensemble ne nous emporte pas autant qu’on aurait pu l’espérer. Ici, on a davantage à faire à une peinture de Rubens, extrêmement chatoyante, aux couleurs dominées par des éclairages mordorés, qu’à la netteté des toiles de Raphaël. C’est justement cette absence de finition qui nous manque. Côté instruments, Le Concert des Nations est globalement à la hauteur de sa réputation (trompettes, hautbois da caccia, bassons, la flûte solo dans l’air «Frohe Hirten, eilt, ach eilt») même si le violon solo de Manfredo Kraemer est à la limite de la justesse (son intervention aux côtés des soprano, alto et ténor dans le passage «Ach, wenn wird die Zeit erscheinen» dans la cinquième partie) et révèle un jeu assez prosaïque dans l’air «Schliesse mein Herze, dies selige Wunder». Dommage venant de la part d’un violoniste que l’on admire par ailleurs depuis des années.


Mais, malheureusement, c’est surtout du côté des solistes que la bât blesse. Katja Suber ne possède pas l’engagement que l’on pourrait souhaiter, trop mesurée dans son chant («Flösst, mein Heiland, flösst dein Namen») et fait montre d’une voix assez blanche qui nous semble trahir un certain manque de ferveur. Raffaele Pe offre une honnête prestation (hormis dans le passage «Schlafe, mein Liebster, geniesse der Ruh», où la voix est fluette et le souffle court, l’ensemble s’avérant même quelque peu besogneux) mais ce sont surtout les deux autres solistes qui rachètent la prestation d’ensemble du quatuor. Martin Platz est globalement convaincant, passant de l’excellent (la magnifique aria «Frohe Hirten, eilt, ach eilet» dans la deuxième partie) au très moyen (l’air concluant la quatrième partie). A ce jeu-là, et même si «à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire», la basse Thomas Simmel n’a pas de peine à remporter les suffrages, chacune de ses interventions trouvant le ton juste, la technique pleinement maîtrisée lui permettant de s’imposer facilement, à l’image de ce magnifique «Erleucht auch meine finstre Sinnen» dans la cinquième partie.


Sans doute un beau concert pour ceux qui y assistèrent mais, à l’écoute, une version finalement moyenne de cet oratorio de Bach qui ne vient donc pas bouleverser la discographie existante.


Le site de Jordi Savall, du Concert des Nations et de la Capella Reial de Catalunya
Le site de Martin Platz


Sébastien Gauthier

 

 

 

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