About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

03/19/2021
«Clair-Obscur»
Alexander von Zemlinsky : Waldgespräch
Richard Strauss : Lieder, opus 27: 4. «Morgen!» – Lieder, opus 37: 3. «Meinem Kinde» – Vier letzte Lieder – Malven
Alban Berg : Sieben frühe Lieder

Sandrine Piau (soprano), Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, Jean-François Verdier (direction)
Enregistré à l’auditorium du Conservatoire à rayonnement régional de Besançon (mars 2020) – 50’44
Alpha 727


Sélectionné par la rédaction





Enregistré de justesse avant le premier confinement national de 2020, cet excellent programme paraît juste un an après, nouvelle collaboration du chef Jean-François Verdier avec des solistes vocaux. Après Karine Deshayes et Isabelle Druet, Sandrine Piau y donne un choix de lieder.


Ayant commencé sa carrière vocale comme interprète de musiques «anciennes», le soprano français, après en avoir longtemps rêvé, aborde progressivement d’autres répertoires. Ce choix entièrement germanique très bien équilibré regroupe des lieder des Viennois Zemlinsky et Berg mais aussi du Bavarois Richard Strauss. Elle n’a pas, on s’en doute, le suraigu lumineux qu’exigent les Quatre derniers lieder de Strauss (complétés ici par l’ultime Malven), encore moins la volupté et le volume vocal requis pour se mesurer à un orchestre symphonique, mais la texture si bien allégée par Jean-François Verdier de son Orchestre Victor Hugo Franche-Comté et la lecture si fidèle au texte et à la prononciation parfaite font de cette interprétation de Sandrine Piau une version recommandable.


Cet orchestre, par son statut et sa mission régionale, est un exemple particulièrement adapté aux difficultés du moment. Il est un soutien parfait aux Sept Lieder de jeunesse de Berg, à l’orchestration exigeante et raffinée, dont l’écriture vocale est beaucoup plus conforme aux moyens et au type vocal de Sandrine Piau, qui met des couleurs à ces mélodies souvent arides et tendues et du drame dans ces vignettes (la poésie de «Die Nachtigall», la lumière blafarde de «Schilflied»).


La perle de l’enregistrement est le Waldgespräch de Zemlinsky d’après Eichendorff, un dialogue entre la Lorelei et un chevalier amoureux déjà beaucoup utilisé par les compositeurs romantiques, dont la narration strophique évoque Le Roi des aulnes et préfigure le Maeterlinck de Pelléas. Sandrine Piau, grâce à son expérience théâtrale, donne un relief saisissant à ce récit.


Mais une autre raison d’acquérir cet enregistrement est la qualité de son édition. A une époque où le disque comme objet est de plus en plus dévalorisé au profit de son substitut virtuel, avec le paradoxe ironique de la renaissance non dénouée de fétichisme du support vinyle, «Clair-Obscur» est en plus un bel album. Remarquable en est la présentation, avec une iconographie qui convoque de superbes tableaux, dont Guernica de Picasso, et qui pour justifier son titre, en plus de l’explication pertinente qu’en donne Sandrine Piau dans une courte introduction, cite en exergue Braque, Bachelard, Desnos et les Cahiers de prison de Gramsci («Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres»). Le texte de Nicolas Derny sur les œuvres est remarquable de clarté et précision, et les lieder sont donnés en version trilingue. Bref c’est un modèle de livret, qui semble être désormais la norme de l’éditeur Alpha.


Olivier Brunel

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com