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01/07/2021
«Variations on Folk Songs»
Franz Doppler : Fantaisie pastorale hongroise, opus 26 – Airs valaques, opus 10
Ludwig van Beethoven: Six thèmes variés, opus 105: 3. Air autrichien & 4. Air écossais – Dix thèmes variés, opus 107: 2. Air écossais, 5. Air tirolien, 7. Air russe & 10. Air écossais
Friedrich Kuhlau: Grande Sonate pour pianoforte et flûte obligée, opus 83 n° 1: 2. «Variations sur un ancien air suédois»
Eugène Walckiers: Délassements du flûtiste, opus 47: «Air auvergnat»

Anna Besson (flûte), Olga Pashchenko (pianoforte)
Enregistré à Bruxelles (septembre 2019) – 71’17
Alpha 639 (distribué par Outhere)





Cet album apparaît comme le paradigme de la prétention absolument pathétique en même temps que quelque peu narcissique de certains interprètes, si remarquables fussent-ils, à vouloir imposer à l’auditeur un répertoire qui ne peut intéresser que les amateurs voire les seuls praticiens de leurs instruments. La qualité technique et artistique de la prestation ne suffit pas à justifier la viabilité esthétique d’un projet, et il ne faut pas hésiter à l’écrire clairement quand l’une et l’autre ne se rejoignent pas, comme c’est hélas le cas en l’espèce. Tient-on pour des architectures exemplaires ces bâtiments entièrement éviscérés dont on n’a conservé que la façade? Non, bien sûr, et on ne voit pas pourquoi il en irait autrement en musique.


Car il faut toujours en revenir à la sagesse de Chabrier, établissant en son temps une summa divisio qui demeure plus que jamais pertinente: «Il y a deux espèces de musique, la bonne et la mauvaise. Et puis, il y a la musique d’Ambroise Thomas.» Laissons le vaillant auteur de Mignon en dehors de cette affaire, mais pour en revenir à ce récital d’Anna Besson et Olga Pashchenko, les choses tiennent en peu de mots: on n’y entend que de la mauvaise musique de Beethoven ou, pire encore, de bien mauvais compositeurs. Autrement dit, en encore moins de mots: le néant absolu.


Mais détaillons un peu, à l’attention du lecteur chez lequel un doute pourrait subsister.


Sont-ce les derniers feux de cette «année Beethoven» foudroyée par le virus qui nous valent l’exhumation de certaines des pièces de ses Opus 105 et Opus 107 (1819)? On ne voit pas en effet d’autre motif qu’anecdotique et documentaire d’aller sortir de la poussière ces recueils de respectivement six et dix thèmes variés sur des airs populaires de diverses nations, voisinant dans le catalogue beethovénien avec l’Opus 106, la sublime Hammerklavier, de la façon la plus indécente qui soit. Car même si le goût de Beethoven pour le genre de la variation est bien connu, c’est un véritable défi que de trouver le moindre intérêt à ces pages plus que mineures. Dans la notice, Anna Besson se plaît à souligner «le génie du compositeur dans le choix de couleurs propres au caractère de chaque air»: c’est manifestement oublier que l’appréciation et le plaisir de l’interprète sont tout à fait distincts de ceux de l’auditeur... Plus lucides, les Massin ne pipent mot de ces œuvrettes dont l’évocation risquerait sans doute de faire vaciller leur héros sur le piédestal où ils l’ont placé pour l’éternité.


Et que dire des «saucissons» indignes, interminables et indigestes qui complètent ce programme, forfaits commis par les besogneux «virtuoses compositeurs» Franz Doppler (1821-1883), Friedrich Kuhlau (1786-1832) et Eugène Walckiers (1793-1866)? Ah si, s’agissant de ce dernier, quand même, la notice vient heureusement nous éclairer: son «Rondo auvergnat» – n’espérons hélas ici ni d’Indy, ni Canteloube – «est introduit par une mise en contexte pleine d’humour, ajoutée par le compositeur afin d’aider l’exécutant à recréer le son puisant et nasillard de la cornemuse à soufflet utilisée dans la musique traditionnelle auvergnate». Nous voilà tellement bien avancés qu’on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer.


Laissons donc à certains confrères la satisfaction, la naïveté ou la paresse de s’esbaudir devant ce qu’ils qualifient de «joyau» et se laisser ainsi berner par des bijoux en toc. Cela pourrait, à tout le moins, être plaisant si cela ne suscitait pas un sentiment beaucoup plus fort et beaucoup plus affligeant, celui de ce talent et de cette énergie gaspillés aussi vainement. Dans des répertoires tout aussi peu connus, il y a pourtant tellement de belles choses qu’un flûtiste et un pianiste auraient gagné à enregistrer...


Gâchis, tristesse, inutilité.


Le site d’Olga Pashchenko


Laurent Petit-Louis

 

 

 

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