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12/04/2020
Carl Maria von Weber : Concertino pour clarinette en mi bémol majeur, opus 26, J. 109 [1] – Der Freischütz, opus 77, J. 277: Ouverture [2] – Grand duo concertant en mi bémol majeur, opus 48, J. 204 [3] – Quintette avec clarinette en si bémol majeur, opus 34, J. 182 (version pour clarinette et orchestre à cordes) [4]
Denis Kozhukhin (piano), Irish Chamber Orchestra, Jörg Widmann (clarinette et direction)
Enregistré dans l’ICO Studio (3 mai 2016 [4]) et dans la Salle de concerts (11-12 avril 2019 [1, 2]) de l’Université de Limerick ainsi que dans la Salle Pierre Boulez, Berlin (août 2019) [3] – 69’26
Alpha 637 – Notice (en allemand, anglais et français) de Jörg Widmann et Wolfgang Stähr





Clarinettiste allemand incontournable tant pour ses talents d’interprète que de compositeur, Jörg Widmann rend ici hommage à Carl Maria von Weber (1786-1826) à travers un disque de qualité mais qui ne nous emporte néanmoins pas totalement. On n’avait d’ailleurs été que moyennement convaincu par son interprétation du Premier Concerto, fort bien faite certes mais sans relief, en tout cas sans attrait spécifique de nature à bouleverser la discographie. Il en va un peu de même ici.


Le Concertino est peut-être la pièce la plus réussie de ce disque, même si l’entrée assez emphatique et solennelle de l’orchestre peut étonner. La technique de Widmann est époustouflante, sa dextérité dans le détaché est tout aussi admirable et les volutes de la partition sont parfaitement enlevées sans que, à l’oreille, les aspects «techniques» ne prennent jamais le dessus ce qui est un tour de force (le seul fait de regarder la partition du soliste vous donne bien vite le vertige...). L’Allegro final souffre néanmoins d’un manque de dynamisme de l’orchestre, le soliste ne se départant pas en revanche d’une souplesse féline qui conclut cette œuvre avec une maestria incontestable. Le Grand duo concertant illustre parfaitement l’entente entre le clarinettiste et son compère pianiste même si l’on peut trouver ailleurs une vision encore plus symbiotique (on pense par exemple à la magnifique interprétation de Raphaël Sévère et de Jean-Frédéric Neuburger chez Mirare). Ici, la clarinette de Widmann écrase un peu trop souvent le piano de Kozhukhin, pourtant parfois un rien trop sonore, par un jeu d’une perfection assez incroyable (les pianissimi dans l’Allegro con fuoco ou l’art de gérer les écarts de tessiture dans le Rondo. Allegro!), le pianiste faisant souvent œuvre plus de figurant que d’égal dans ce partenariat trop souvent déséquilibré.


La véritable déception reste néanmoins cette version du Quintette dans un arrangement avec orchestre à cordes en lieu et place de l’habituel quatuor. Jörg Widmann n’est pas le premier à céder à cette option: Martin Fröst (Bis) ou Sabine Meyer (EMI) l’ont déjà joué ainsi avec une vraie réussite. A titre personnel, on ne peut que regretter ce choix qui masque en grande partie les couleurs et l’équilibre de l’habituel quintette; mais bon, faisons avec... Si Widmann aborde le premier mouvement avec un sens des contrastes des plus affirmés, la suite tourne à vide, marquée notamment par une Fantasia. Adagio ma non troppo souvent maniérée et un Rondo. Allegro giocoso à la technique hallucinante mais qui, à notre sens, rate le classicisme souhaité par Weber au bénéfice d’une simple démonstration technique.


Quant à l’Ouverture du Freischütz, elle ne manque pas de couleurs et permet à l’Orchestre de chambre d’Irlande de montrer tout l’engagement dont il est capable; pour autant, on n’ira guère chercher ici les mystères et le charme des grandes versions orchestrales auxquelles nous ne cessons de revenir. Un bon disque donc mais, pour qui souhaiterait s’initier au répertoire de la clarinette chez Weber, on ne pourra que conseiller en priorité Charles Neidich et l’Orpheus Chamber Orchestra sur instrument moderne (Deutsche Grammophon) ou Anthony Pay et l’Orchestre de l’Age des Lumières sur instrument d’époque (Virgin Veritas), chacun de ces disques offrant par ailleurs des compléments de tout premier ordre (Variations sur un thème de Rossini pour le premier, concertos de Crusell pour le second).


Le site de Jörg Widmann
Le site de Denis Kozhukhin
Le site de l’Orchestre de chambre d’Irlande


Sébastien Gauthier

 

 

 

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