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08/30/2020
«Venice’s Fragrance»
Tommaso Traetta : Le feste d’Imeneo: «Bella armonia vieni»
Antonio Vivaldi : Concerto pour deux mandolines en sol majeur, RV 532 – Concerto pour mandoline en ut majeur, RV 425
Baldassare Galuppi : Jahel: «Rosa e Lilio»
Gennaro Manna : Achille in Sciro: «Se un core annodi»
Francesco Bartolomeo Conti : Il Trionfo dell’amicizia e dell’amore: «Dei colli nostri» – L’Astarto: «Finché spera che le rieda»
Carlo Arrigoni : Sonate pour mandoline et violon en mi mineur
Antonio Lotti : Teofane: «Lascia che nel suo viso»
Anonyme : Folias

Nura Rial (soprano), Artemandoline
Enregistré en l’église romane de Mont-Saint-Martin (20-23 août 2018) – 69’23
Deutsche Harmonia Mundi CAL 2078 (distribué par Sony Classical) – Notice (en anglais, allemand et français) de Juan Carlos Munoz


Must de ConcertoNet





Voilà un disque à la visée surprenante et qui risque fort, si vous l’écoutez, de rapidement devenir viral. Car, si l’on connaît bien entendu les concertos pour mandoline de Vivaldi ou les ornementations que cet instrument peut apporter au gré de tel air d’opéra, d’oratorio ou de pièce de musique de chambre, on a sans doute bien oublié les airs pour soprano, mandoline et cordes. Peu connus, encore moins souvent interprétés, les voici mis à l’honneur par l’ensemble Artemandoline qui, sous la houlette de Juan Carlos Munoz (qui tient également une des deux parties destinées à la mandoline baroque), a ainsi pioché ses partitions dans divers bibliothèques européennes et même, pour ce qui est de la Sonate d’Arrigoni, à la bibliothèque du Congrès, à Washington.


Passons donc rapidement sur les Concertos RV 532 et RV 425 de Vivaldi que l’on connaît évidemment. Leur interprétation est ici tout bonnement idéale au point de rejoindre dans notre cœur le célèbre (et, certains ne manqueront pas de le souligner, «daté») disque réalisé par Claudio Scimone et ses Solisti Veneti (Erato). Ici, outre le jeu parfait de Juan Carlos Munoz et Mari Fe Pavón dans le RV 532 (quel troisième mouvement, réjouissant à souhait !), on tombe également sous le charme immédiat des cordes qui, par une brève relance dans le premier mouvement ou un accompagnement subtil sans jamais verser dans la mièvrerie dans le deuxième, soutiennent les solistes avec une exactitude de chaque instant. Tout au plus peut-on regretter un petit manque de nerf dans l’Allegro concluant le Concerto RV 425 mais ce n’est là que broutille... Côté instrumental, on ne peut en revanche que saluer bien bas l’interprétation de cette énième et anonyme version des Folies d’Espagne que Vivaldi, entre autres, a également su mettre en musique: l’emballement progressif du thème lancé par le clavecin, puis par le violoncelle et la basse continue, s’avère plus des plus séduisants. La Sonate de Carlo Arrigoni (compositeur florentin né en 1697 et décédé en 1744, qui travailla notamment plusieurs années à Londres avant de rejoindre la cour de Florence) est un bel ouvrage où le dialogue entre violon et mandoline s’avère chatoyant, à l’image du virevoltant Presto inaugural et du Presto conclusif qui met à rude épreuve la dextérité de Juan Carlos Munoz et de Girolamo Bottiglieri (du moins peut-on supposer, en l’absence de toute précision à cet égard, qu’il s’agit bien d’eux).


Mais les moments les plus incroyables de ce disque résident avant tout dans les airs chantés et, commençons à ce titre par l’air superlatif «Bella armonia vieni», tiré de l’opéra Le feste d’Imeneo (1760) de Tommaso Traetta. Compositeur prolifique (près de quarante opéras à son actif!), passé par Parme, Vienne et Saint-Pétersbourg, on ne connaît guère de l’intéressé que ses opéras Antigone (superbe ouvrage enregistré par Christophe Rousset chez Decca en 2000) et Ippolito ed Aricia (dont il existe une version bien moyenne chez Dynamic, sous la direction de David Golub). Avec cet air, Nura Rial nous émeut de la première à la dernière note. L’introduction instrumentale, douce, légèrement chaloupée, ouvre la voie à une pulsation presqu’obsédante dans laquelle se fond admirablement la soprano, qui sait parfaitement varier les atmosphères (le passage plus véhément «Oh! Quali mai nei», avant qu’elle ne reprenne peu ou prou les six premières strophes de l’air) et qui nous emporte dans ce que l’on peut considérer comme le sommet absolu de ce disque. N’ignorons pas pour autant l’air tout aussi enjôleur de Galuppi (1706-1785), compositeur vénitien aux talents multiples. Là encore, la soprano espagnole fait montre d’une voix souple et dansante, ses aigus n’étant jamais durs, favorisée par une grande clarté vocale dans laquelle on soulignera sa prononciation irréprochable, même lorsqu’on n’est pas italianisant. A ses côtés, les deux mandolines sont bel et bien présentes pour relancer le phrasé, agrémenté de temps à autre par le jeu véloce du premier violon. L’oreille ne manquera pas d’être également charmée par le magnifique air «Dei colli nostri» (extrait d’un opéra du compositeur Francesco Bartolomeo Conti, compositeur plus connu que certains de ses comparses du présent disque), où l’on notera notamment les traits quelque peu humoristiques de la basse, ainsi que par l’air issu de l’opéra Teofane d’Antonio Lotti, la poésie du chant se mêlant au soutien idoine de l’accompagnement orchestral.


On connaissait déjà plusieurs disques consacrés au répertoire baroque de la mandoline (notamment le très bel opus réalisé également pour Deutsche Harmonia Mundi par Anna Torge et le violoniste Mayumi Hirasaki); voici un nouvel opus apporté par l’ensemble Artemandoline à sa discographie déjà conséquente. A n’en pas douter: il s’agit là de son joyau!


Le site de Nura Rial
Le site de l’ensemble Artemandoline


Sébastien Gauthier

 

 

 

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