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07/22/2020
«Vienne 1900»
Erich Wolfgang Korngold : Trio avec piano, opus 1
Alexander von Zemlinsky : Trio pour clarinette, violoncelle et piano, opus 3
Gustav Mahler : Des Knaben Wunderhorn: «Rheinlegendchen» – Kindertotenlieder: «Oft denk’ ich, sie sind nur ausgegangen» (transcriptions Ronald Kornfeil et Emmanuel Pahud)
Alban Berg : Sonate pour piano, opus 1 – Quatre Pièces pour clarinette et piano, opus 5 – Kammerkonzert: 2. Adagio (version pour clarinette, violon et piano)
Arnold Schönberg : Kammersymphonie n° 1, opus 9 (transcription Anton Webern)

Emmanuel Pahud (flûte), Paul Meyer (clarinette), Daishin Kashimoto (violon), Zvi Plesser (violoncelle), Eric Le Sage (piano)
Enregistré à Aix-en-Provence (23-28 juillet 2018) – 115’06
Album de deux disques Alpha 588 (distribué par Outhere)


Must de ConcertoNet





Sous un titre très générique, cet enregistrement est un véritable panorama de la musique de chambre viennoise du tout début du XXe siècle, servi par des interprétations superlatives.


Le projet a pris naissance au sein du Festival international de musique de chambre de Provence à Salon et a été enregistré dans un auditorium du Conservatoire Darius Milhaud d’Aix-en-Provence en 2018.


Le programme convoque en une heure les piliers de la révolution musicale qui eut lieu à Vienne entre la mort de Brahms et la fin de l’Empire austro-hongrois. Six œuvres composées entre 1896 et 1925, auxquelles s’ajoutent deux transcriptions de lieder de Mahler, constituent ce fascinant voyage dans une «Ecole de Vienne élargie».


S’il ne fallait qu’une œuvre pour justifier le surnom de Wunderkind d’Erich Wolfgang Korngold, son opus 1 suffirait! Composé à treize ans et dédié à son père, le critique Julius Korngold, le Trio avec piano, s’il reste classique de facture, contient déjà en germe toute l’audace harmonique et thématique du futur compositeur de La Ville morte et de tant de musiques de film pour Hollywood. Eric Le Sage, Daishin Kashimoto et Zvi Plesser en donnent une interprétation passionnée. Ce trio semble avoir les faveurs des chambristes car on a récemment pu l’entendre dans un nouvel enregistrement chez Mirare par Nathanaël Gouin, Yan Levionnois et Guillaume Chilemme, dans un programme où Beethoven, avec deux trios de jeunesse, encadrait ce premier opus.


Suit une œuvre de jeunesse de Zemlinsky, mentor de Korngold, son Trio pour clarinette et piano, composé tout à fait dans la continuité de l’héritage brahmsien avec une fébrilité romantique et une prépondérance donnée à la clarinette. Paul Meyer rend parfaitement la mélancolie concédée à l’instrument dans cette œuvre d’une construction parfaite.


Pour la Sonate pour piano de Berg (1907-1908), Eric Le Sage adopte un ton et des couleurs résolument passionnés qui vont mieux au postromantisme exacerbé de l’opus 1 de Berg qu’une approche froide et détachée. La réexposition médiane dans ce mouvement unique est un véritable feu d’artifice de couleurs qu’il mène avec un contrôle admirable. De Berg aussi les Quatre pièces pour clarinette et piano semblent tout autant dériver des pièces pour piano seul de Schoenberg qu’annoncer l’orchestration de Wozzeck. Paul Meyer et Eric Le Sage expriment à merveille la rigueur de cette écriture si singulière. L’Adagio du Concerto de chambre de Berg, œuvre entièrement dodécaphonique, ici joué dans une transcription pour clarinette, violon et piano de 1935 mise en valeur par le violon de Daishin Kashimoto, tombe un peu à plat après les œuvres précédentes tant elle est loin de refléter l’original de la version de 1925 qui comporte, outre le piano et le violon, treize instruments à vent.


Le joyau de ce programme est la longue Première Symphonie de chambre de Schoenberg dans la magnifique réduction pour quintette (l’effectif exact du Pierrot lunaire pour la circonstance d’un concert) réalisée en 1923 par Anton Webern. La virtuosité, l’équilibre des cinq musiciens et la fluidité de leurs phrasés sont exemplaires. Autres transcriptions, dues à Ronald Kornfeil (né en 1979) avec l’aide du flûtiste Emmanuel Pahud, deux lieder de Mahler extraits du Cor merveilleux de l’enfant («Petite légende du Rhin») et des Chants des enfants morts («Souvent je pense qu’ils n’ont fait que sortir») illustrent l’importance du compositeur dans la vie musicale viennoise de ce tournant de siècle. L’interprétation de Pahud et Le Sage peut rivaliser de charme avec les meilleurs chanteurs de ce répertoire.


Olivier Brunel

 

 

 

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