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07/05/2020
«Vinophony»
George Frideric Handel : Chaconne en sol, HWV 435
Robert Schumann : Fantasiestücke, opus 12: 1. «Des Abends» & 2. «Aufschwung»
Franz Schubert : Impromptus, D. 935: 4. Allegro scherzando
Johannes Brahms : Klaviertücke, opus 118: 2. Intermezzo (Andante teneramente)
Franz Liszt : Soirées de Vienne, S. 427: 6. Valse Caprice – Années de pèlerinage (Première Année: Suisse), S. 160: 6. «Vallée d’Obermann» – Consolations, S.172: 3. Lento placido
Gabriel Fauré : Barcarolle n° 6, opus 70
Isaac Albéniz : Recuerdos de viaje, opus 71: 6. «Rumores de la Caleta (Malaguena)»
Claude Debussy : Préludes (Premier Livre): 4. «Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir» – Beau soir (arrangement Jascha Heifetz)

Julien Gernay (piano, violon)
Enregistré à Cinqueux (19-20 mars 2019) – 72’
Klarthe KLA086 (distribué par PIAS)





Né en Belgique en 1981, Julien Gernay commence tôt la musique. Formé au Conservatoire de Nice où il obtient un premier prix de piano et de violon, il poursuit sa formation au Conservatoire de Paris avec pour professeurs Michel Béroff, Jean-Claude Pennetier, Daria Hovora – entre autres – et où il reçoit un premier prix de piano, de musique de chambre ainsi que son diplôme de formation supérieure. Ayant pratiqué le violon pendant longtemps, c’est finalement le piano qui s’impose à Julien Gernay, qui fait partie de plusieurs ensembles de musique de chambre – notamment le Trio Magellan ou le duo avec le violoncelliste japonais Dai Miyata – avec lesquels il a enregistré plusieurs disques.


«Vinophony» est le premier album solo du musicien, dont l’éclectisme du répertoire dévolu au piano (sauf le duo final), allant de Haendel à Debussy, répond à la volonté d’associer chaque pièce à un vin particulier, d’où le choix du titre. C’est ainsi qu’après avoir recueilli des impressions de viticulteurs ayant une certaine perception de la musique, Julien Gernay se lance dans le projet, fruit d’un long travail auquel il songe depuis des années. Issu d’une famille de restaurateurs, le pianiste s’exprime en ces termes: «chaque jour presque, je joue et je déguste musiques et vins. Les deux activités sont indissociables et se confondent. Il arrive qu’elles provoquent une onde de choc inouïe.» La sélection des vins s’opère en fonction de la gamme expressive des œuvres, en une sorte de synesthésie où les sens du goût et de l’ouïe se mêlent, où les harmoniques et les arômes se correspondent. Et les correspondances sont nombreuses dans la rencontre entre ces deux univers faisant tous deux appel à la puissance de l’évocation: «Il existe alors une infinité de textures, de densités que l’on peut ressentir au contact des grands vins: ce sont ces matières qui stimulent l’imaginaire et permettent au corps et à l’esprit d’entrer en vibrations communes avec la musique» (J. Gernay).


«Vinophony» se présente comme un parcours aux humeurs ou «états d’âme» contrastés, comme se plaît à l’affirmer le pianiste. De fait, en s’ouvrant sur l’énergique Chaconne en sol majeur de Haendel au caractère vif et effervescent, il traverse l’atmosphère de confidence schumanienne, avec «Des Abends» où le compositeur indique sur la partition de «jouer très intimement», ou lisztienne avec la Consolation no 3, s’enrichit d’une tendresse persuasive, pleine d’élans contenus avec l’Intermezzo opus 118 n° 6 de Brahms. Mais c’est aussi le temps du voyage, vers les régions de l’âme à la conquête du «moi» dans le vaste champ de la nature avec la «Vallée d’Obermann» du pèlerin Liszt, ou des festivités avec les Soirées de Vienne schubertiennes ou la malaguena (chant mélodique typique du flamenco) aux accents nostalgiques et aux rythmes sautillants des «Rumores de la Caleta» d’Albéniz. La Sixième Barcarolle de Fauré, nous amène, quant à elle, au temps de la rêverie avec la fluidité de son langage et la moirure de ses arpèges, rappelant le doux frémissement des eaux nous plongeant vers quelque «horizon chimérique». Et ce temps du songe se voit couronné par «Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir» et la mélodie Beau soir de Debussy où le violon, joué par Julien Gernay lui-même, remplace la voix et se substitue aux vers de Paul Bourget. Ces dernières pièces du disque nous emplissent de voluptés baudelairiennes dans le Prélude, des douceurs languissantes d’une «valse mélancolique» et d’un «langoureux vertige» – pour reprendre le vers de Baudelaire –, clôturant le cycle par un retour vers une intimité plus profonde, «Car nous nous en allons, comme s’en va cette onde: Elle à la mer, nous au tombeau» (Paul Bourget).


Pour ce qui est de l’interprétation, Julien Gernay a su rendre avec une belle maîtrise du clavier la diversité des états d’âme, en «modelant le son» selon la gamme d’expressivité propre à chaque pièce. Par son toucher délicat, presque cristallin, par son souci des nuances et l’usage habile qu’il fait de la palette des couleurs, il nous plonge dans une ivresse chaque fois renouvelée.


Le projet de «Vinophony» est original, et l’on rêverait d’un concert où le public pourrait marier entre les morceaux le plaisir de l’écoute et celui de la dégustation.


Le site de Julien Gernay


Jessica Naïm

 

 

 

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