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03/30/2020
Antonio Salieri: Tarare
Cyrille Dubois (Tarare), Karine Deshayes (Astasie), Jean-Sébastien Bou (Atar), Judith van Wanroij (La Nature, Spinette), Enguerrand de Hys (Calpigi), Tassis Christoyannis (Arthénée, Le Génie du feu), Jérôme Boutillier (Urson, Un esclave, Un prêtre), Pierre-Nicolas Martin (Altamort, Un paysan, Un eunuque)
Les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles, Fabien Armengaud (chef de chœur), Les Talens Lyriques, Christophe Rousset (direction)
Enregistré au Conservatoire Jean-Baptiste Lully, Puteaux et à la Cité de la musique-Philharmonie de Paris (26-28 novembre 2018) – 164’41
Coffret de trois disques Aparté AP208 – Notice en allemand, anglais et français, livret en français et anglais


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Si l’intérêt de Christophe Rousset pour la musique de Salieri remonte à 2005, avec la production de La grotta di Trofonio (1785) donnée à Lausanne (voir ici) et gravée au disque par Ambroisie, c’est surtout le projet d’enregistrer les trois ouvrages lyriques créés à Paris sous l’influence de Marie-Antoinette qui permet de donner un éclairage passionnant sur le legs de ce compositeur encore en grande partie méconnu. Le soutien de Gluck fut déterminant pour asseoir le tout premier succès parisien de Salieri avec Les Danaïdes (1784), avant qu’une autre tragédie lyrique ne déçoive les attentes par son sujet aride, Les Horaces (1786). Place cette fois à l’opéra en cinq actes Tarare (1787), déjà présenté en concert à Versailles puis Paris, qui fut l’un des plus ambitieux composés par Salieri et logiquement l’un des plus donnés de son temps, grâce à la traduction italienne en quatre actes réalisée par Lorenzo Da Ponte, sous le titre d’Axur, re d'Ormus (1788).


On comprend d’emblée cet enthousiasme, tant l’ouvrage brille de mille feux autour d’une variété d’atmosphères portée par une palette de couleurs en fines touches, autant qu’un rebond rythmique constant. Dès l’Ouverture dramatique, on pense bien entendu à l’influence de Gluck, tout autant que la déclamation éloquente de l’opéra français: le librettiste Beaumarchais fut en effet très attaché à défendre la primauté du texte, grâce à une attention à la prononciation. La présente version s’efforce, avec son plateau vocal de luxe pratiquement entièrement francophone, à réussir cette gageure, tout en étant aidée par la direction vive et légère de Rousset, très engagé tout du long. Le chef français parvient à donner une opportune continuité entre les courts récitatifs (où chaque détail de l’orchestration est mis en valeur) et les airs et ensembles, donnant beaucoup de vitalité à l’ensemble.


La grande force de ce disque est aussi de réunir les meilleurs chanteurs actuels dans ce répertoire, tous parfaitement investis dans le projet. Ainsi de la lumineuse Judith van Wanroij ou de l’incandescente Karine Deshayes, sans parler du timbre toujours aussi séduisant de Cyrille Dubois ou de l’art de la déclamation de Jean-Sébastien Bou. La distribution sait aussi soigner les seconds rôles avec les interprétations de caractère d’Enguerrand de Hys (irrésistible de drôlerie dans les accents donnés au populaire Calpigi) ou le superlatif Jérôme Boutillier, dont on ne cesse de vanter les mérites prestation après prestation. Outre une édition luxueuse, bénéficiant du livret complet et d’une large iconographie, on se félicitera de l’excellente prise de son qui rend justice à ce petit bijou. On se réjouit d’avance de retrouver Christophe Rousset au Festival de Beaune le 11 juillet prochain, afin de découvrir les charmes d’un nouvel ouvrage d’importance, l’Armida du même Salieri – tout premier succès obtenu à la cour d’Autriche en 1771, peu de temps avant la mort de son protecteur Florian Leopold Gassmann (1729-1774).


Florent Coudeyrat

 

 

 

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