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12/22/2019
«Origine[s]»
Robert Schumann: Fünf Stücke im Volkston, opus 102
Ernest Bloch: From Jewish Life, B. 54 (transcription Basha Slavinska)
Zoltán Kodály: Sonate pour violoncelle seul, opus 8
Carlos Gardel: Milonga fina (arrangement Olivia Gay)
Astor Piazzolla: Milonga sin palabres (transcription Basha Slavinska)
Nadia Boulanger: Trois pièces pour violoncelle et piano: 3. «Danse espagnole» en ut dièse mineur
Tradition: Am Brunnen vor dem Tore – Kol Nidrei – Magyar Népzene – Chiquitita la novia (arrangements Olivia Gay)

Olivia Gay (violoncelle), Basha Slavinska (accordéon), Célia Oneto Bensaid (piano)
Enregistré au Théâtre Saint Bonnet, Bourges (fin mai 2019) – 76’55
Ilona Records LIR 9020212 (distribué par L’Autre Distribution) – Notice en français et en anglais de Jean-Louis Gouraud et Olivia Gay





Passionnée de violoncelle, de musiques traditionnelles et de... chevaux, trois retours aux sources, en quelque sorte, qu’elle aborde avec une pareille émotion, Olivia Gay (née en 1987) tente une évocation de cette relation hautement personnelle, terrienne, peut-être, dans un programme d’allure hétéroclite qui tient la route grâce à son empreinte personnelle. Par la présence de pièces bien connues, telles celles de Schumann, de Bloch, de Kodály et de Nadia Boulanger, qu’elle confronte à des airs de mêmes sources populaires, elle tisse un ensemble cohérent, bien qu’atypique du fait de ses critères de choix et de la variété d’identités fortes, de modes de motifs et de couleurs qu’ils entraînent.


Olivia Gay arrange la Milonga fina de Carlos Gardel (1890-1935), la prière juive et les trois airs populaires (allemand, hongrois et espagnol) pour violoncelle à cinq voix, quatre préenregistrées et une en direct. La coloration plus dense se veut une mise en condition de l’auditeur, dont l’écoute de la pièce classique qui suit peut ainsi se modifier. Cet effet est plutôt réussi quand une voix mélodique domine, tel un chant accompagné, ce qui est largement le cas de l’air allemand qui précède les Cinq Pièces dans le ton populaire (1849) de Schumann. Soutenue par Célia Oneto Bensaid, elle livre ensuite une version de ces Pièces d’un généreux style classique, ample et belle. Les blocs d’accords de l’air arrangé qui précède la Sonate (1915) de Zoltán Kodály (1882-1967) produisent un effet moins positif. Ils restent en contraste trop feutré avec les quadruples cordes risoluto des premières mesures qui préparent l’envol d’un «chant» lyrique intense. Toujours soucieuse des origines, la violoncelliste semble tenir à éveiller les sources populaires inhérentes à la Sonate en en accentuant le lyrisme, les rythmes et certains effets d’imitation peut-être au dépens de la créativité extraordinaire du compositeur. Le beau son de son violoncelle agrémente une prestation néanmoins de haute voltige, moins rugueuse, plus lisse et plus ronde, sans doute, que la récente version brûlante d’Aurélien Pascal.


Ces deux œuvres, fondamentales pour Olivia Gay, sont à la base du projet «Origine[s]», qui se bâtit autour d’elles par ordre chronologique des compositeurs à l’exception de Nadia Boulanger (1887-1979) placée in fine, ce qui permet de terminer le récital avec un panache tout traditionnel grâce à la conclusion de la «Danse espagnole» (1914) qui capture les intonations, la sensualité et la gaieté trépidante ad hoc comme les parfums de l’arrangement qui la précède.


L’accordéon, instrument d’origine populaire, semble avoir pleinement sa place ici grâce à la présence d’Astor Piazzolla (1921-1992), qui composa la Milonga sin palabras pour bandonéon et piano en 1979. Il s’ensuivit de multiples arrangements. Celui de Basha Slavinska, accordéoniste classique, mi polonaise mi hongroise, reste très proche et tout à fait dans l’esprit de l’original, le violoncelle s’imposant tout naturellement à la place du bandonéon dans ce curieux renversement des rôles. Malgré la contribution indéniable de l’accordéon à la musique klezmer, par exemple, il sied peut-être moins bien aux trois mouvements plus hébraïques et fortement intériorisés du cycle De la vie juive (1924) d’Ernest Bloch (1880-1959). Le charme, même teinté d’une nostalgie déchirante, n’est plus autant de mise et l’ancienne version pour violoncelle et piano s’impose à l’esprit, malgré l’admiration que l’on peut avoir pour une interprétation de haut niveau qui révèle l’entente parfaite qui existe entre les deux musiciennes.


Une pareille complicité existe entre la violoncelliste et la pianiste, Célia Oneto Bensaid, toutes deux formées en partie à Paris auprès de grands instrumentistes français. Olivia Gay, seule ou avec l’une comme avec l’autre, s’investit avec une conviction louable dans son projet. Toutefois, la diversité notable des partitions au programme et le nombre important d’arrangements, certains avec accordéon ou avec des parties pré-enregistrées, pourraient en détourner les puristes, mais ce serait passer à côté d’une interprétation ressentie, d’une belle qualité technique et sonore, mise en valeur par une prise de son équilibré et chaleureux.


Le site d’Olivia Gay
Le site de Basha Slavinska
Le site de Célia Oneto Bensaid


Christine Labroche

 

 

 

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