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11/15/2019
«Dialodie»
Bruno Maderna: Dialodia [1]
Sylvano Bussotti: Brutto, ignudo... [2] – Due ballabili [3]
Luciano Berio : Sequenza II [4] – Sequenza III [5] – Chamber Music [6]
Franco Donatoni : Marches [7] – Hot [8]

Duo Controversia: Aurélie Bouchard (harpe [3, 4, 6, 7], direction [8]), Sergio Menozzi (saxophone sopranino [1], saxophone ténor [8], clarinette [3, 6], clarinette basse [2]) – Amadea Lässig (mezzo [6]), Nicholas Isherwood (baryton-basse [5]), Lucas Dietsch (petite clarinette [1], clarinette, petite clarinette [8]), Florent Farnier (trompette [8]), Thibaut du Cheyron (trombone [8]), Orlando Bass (piano [8]), Carlos Puga (percussion [8]), Raphaël Ginzburg (violoncelle [6]), Nicolas Jacobée (percussion [8])
Dates et lieux d’enregistrement non précisés – 63’51
Editions Hortus 176 (distribué par UVM)


Sélectionné par la rédaction





«A géométrie variable», la harpiste française Aurélie Bouchard pouvant se faire tour à tour récitante ou, ici, diriger un petit ensemble, tandis que le clarinettiste suisse Sergio Menozzi (membre de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon) se montre tout aussi remarquable au saxophone, le Duo Controversia n’hésite pas à aborder les rivages moins fréquentés de l’interprétation créative ou de l’improvisation tout en aimant également à s’associer à différents artistes – des guests qu’on a aussi plaisir à découvrir sur cette parution aussi inattendue que réjouissante.


Inattendue et réjouissante, d’abord, par son programme finement conçu, homogène (l’Italie de la seconde moitié du XXe siècle) tout en offrant une grande diversité stylistique et instrumentale: dans l’œuvre ô combien riche et varié de Maderna (1920-1973), Berio (1925-2003), Donatoni (1927-2000) et Bussotti (né en 1931), les musiciens ont ainsi choisi aussi bien des pièces solo que pour ensemble, faisant également appel à la voix.


Inattendue et réjouissante, ensuite, par l’intérêt soutenu des partitions réunies, pourtant restées, pour la plupart d’entre elles, dans l’ombre du catalogue de ces quatre compositeurs, à commencer par la brève Dialodia (1972) de Maderna – qui, portée au pluriel, donne son titre à l’album: conçue pour deux flûtes (ou deux hautbois ou deux autres instruments), elle attire l’oreille d’emblée, avec cette version pour petite clarinette en mi bémol et saxophone sopranino (!), presque stridente et conflictuelle. Brut, nu (1980) de Bussotti contraste immédiatement en termes de registre, belle divagation confiée à la clarinette basse. Les étonnantes Deux Pièces de danse (1937/1983), originellement pour flûte et piano, associent pour l’occasion clarinette et harpe: dans «Versione dal francese» comme dans «Studia Sempre», plus développée, c’est comme un regard ironique sur des compositions de prime jeunesse, distordant la naïveté de mélodies enfantines, mais aussi une réflexion sur le temps qui passe, à la manière d’une vanité ainsi que le suggère l’excellente notice (en français et en anglais) de Frank Langlois.


Vient ensuite Berio, avec, sans surprise, sa Sequenza II (1963) pour harpe – où le sens dramatique d’Aurélie Bouchard fait merveille – mais aussi, de façon plus surprenante, sa Sequenza III (1966) pour voix et, de façon plus surprenante encore ici, pour voix d’homme («première mondiale», nous dit-on), en l’espèce Nicholas Isherwood, sans doute moins agile et cursif qu’une femme, mais n’incarnant pas moins de façon théâtrale cette épopée polymorphe de la voix humaine. Entre ces deux pages justement célèbres, les trois courtes mélodies de Chamber Music (1953) sont moins caractéristiques de l’écriture de Berio, mais, bien que fondées sur des textes de Joyce, distillent un charme très viennois, la mezzo Amadea Lässig se coulant dans le capiteux accompagnement de la clarinette, du violoncelle et de la harpe, un trio dont on ne sait trop s’il est de caractère brahmsien ou debussyste.


S’il ferme la marche, Donatoni n’est en rien relégué à une portion congrue, bien au contraire, puisque ses deux œuvres représentent près de la moitié de la durée du disque. Le diptyque Marches (1979) se révèle particulièrement séduisant, et Aurélie Bouchard quitte ensuite sa harpe pour coordonner le combo (clarinette/petite clarinette, trompette, trombone, percussion, piano et contrebasse) qui accompagne le saxophone ténor dans Hot (1979), éblouissante réinterprétation de l’écriture instrumentale, des techniques, des figures imposées et des climats du jazz, dont la virtuosité et l’exubérance n’ont en outre rien à envier au Second Concerto pour trompette de Jolivet.


Une publication exemplaire tant par son originalité de conception que par sa qualité de réalisation.


Simon Corley

 

 

 

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