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09/16/2018

Giselle

Adolphe Adam (musique, révision Joseph Horovitz), Marius Petipa (chorégraphie, d’après Jean Coralli et Jules Perrot, révision Peter Wright)
Marianela Nunez (Giselle), Vadim Muntagirov (Comte Albrecht), Bennet Garside (Hilarion), Johannes Stepanek (Wilfred), Elizabeth McGorian (Berthe), Gary Avis (Le duc de Courlande), Christina Arestis (Bathilde), Itziar Mendizabal (Myrtha), Olivia Cowley (Moyna), Beatriz Stix-Brunell (Zulme), The Royal Ballet, Orchestra of the Royal Opera House, Barry Wordsworth (direction musicale), Christopher Carr (mise en scène), John Macfarlane (décors), Jennifer Tipton (lumières, recréées par David Finn), Ross MacGibbon (réalisation)
Enregistré en public à Londres (6 avril 2016) – 130’ (+ bonus 14’)
Opus Arte Blu-ray OABD 7216 D (ou DVD OA 1230 D) – Image 16:9 1080p High Definition – Son LPCM 24-bit stereo/DTS-HD Master Audio 5.1 – Region Code: 0







Giselle
Adolphe Adam (musique), Mats Ek (chorégraphie)
Ana Laguna (Giselle), Luc Bouy (Albrecht), Yvan Auzely (Hilarion), Vanessa McIntosh (Bathilde), Lena Wennergren (Myrtha), Cullbergbaletten, Orchestre national de l’Opéra de Monte-Carlo, Richard Bonynge (direction musicale), Marie-Louise De Geer Bergenstråhle (décors), Måns Reuterswärd (réalisation)
Enregistré en 1987 – 89’
Arthaus Musik Blu-ray 109281 (ou DVD 109280) – Image 16:9 1080i High Definition – Son PCM Stereo – Region Code: 0


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Il est toujours passionnant, comme le Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP) est, sauf erreur, le seul à le proposer régulièrement, de confronter la version traditionnelle de Giselle d’Adolphe Adam de ou d’après Petipa et celle résolument moderne de Mats Ek. Deux récentes parutions vidéo le permettent.


Giselle, le plus célèbre des ballets romantiques est peut être celui dont la vidéographie est la plus riche. Les grandes versions du marché comptent les interprétations inoubliables de Carla Fracci et Erik Bruhn à Berlin en 1968 (Deutsche Grammophon), Carla Fracci et Rudolf Noureev à Rome en 1980 (Hardy), Galina Mezentseva et Konstantin Zaklinsky à Leningrad en 1983 (NVCArts), Natalia Bessmertnova et Yury Vasyuchenko à Moscou en 1990 (TDK), Laëtitia Pujol et Nicolas Le Riche à Paris en 2006 (TDK).


La version donnée au Royal Opera House de Londres par le Royal Ballet le 6 avril 2016 pour une retransmission mondiale dans les cinémas, est une révision en 1985 par Peter Wright de la version de Marius Petipa d’après la version originale de Coralli et Perrot, et est toujours à son répertoire. On est, dans ces révisions de Giselle, toujours au plus près de ce que l’on croit être l’original car depuis la création parisienne en 1841, des traditions et variations se sont accumulées. Celle de Peter Wright dans des décors assez désuets de John Macfarlane est très fidèle au canevas traditionnel mais, faisant une très grande part à la pantomime et développant beaucoup les scènes de genre à la chaumière, elle augmente beaucoup le premier acte. Il s’agit d’une excellente version dont les deux interprètes principaux sont parmi les meilleurs du Royal Ballet: l’Argentine Marianela Nunez et le Russe Vadim Muntagirov. Ils forment un couple très bien apparié, elle d’une fragilité exquise, lui d’une allure princière, leur technique est impeccable et il se dégage beaucoup d’émotion de leurs duos. Tous les seconds rôles sont parfaits. Une réserve cependant pour Myrtha, la reine des Willis, d’Itziar Mendizabal. Il s’agit d’un rôle sérieux mais cette excellente danseuse espagnole au physique quasi masculin y met vraiment trop d’énergie, transformant un peu le caractère royal en un rôle plus caricatural. L’ensemble du corps de ballet est superlatif, les évolutions des Willis frisent la perfection. L’Orchestre du Royal Opera House, dirigé par Barry Wordsworth, tire le meilleur de cette partition sans en accentuer trop les rythmes. Le film en HD réalisé pour les cinémas est d’une grande qualité et le produit comporte un livret digne de ce nom, fournissant tous les renseignements souhaitables. Les bonus du disque permettent de faire connaissance avec chorégraphes et solistes principaux. Une représentation d’un très haut niveau technique et artistique qui ne se hisse cependant pas au niveau des références citées.


La mythique version «moderne» de Giselle par le Suédois Mats Ek, chorégraphiée sur la même partition d’Adolphe Adam, restera l’un des plus intelligents ballets réalisés au XXe siècle. La version que réédite Arthaus Musik, dans sa série «Elegance. The Art of...» (toujours scandaleusement privée de livret et de bonus), reste sans concurrence. Cette chorégraphie créée en 1982 a été adaptée pour la télévision et filmée en studio en 1987 avec les formidables interprètes de la création et le Cullberg Ballet avec l’Orchestre national de l’Opéra de Monte-Carlo dirigé par Richard Bonynge. C’est un rare exemple de danse filmée en studio qui paraît aussi naturelle que si elle était filmée live. Le passage au Blu-ray disc n’améliore pas la qualité de l’image, qui reste bien de son temps.


Chez Mats Ek, les Willis sont priées de déposer leurs ailes au vestiaire! Plus de chaumière pour Giselle, ni d’épée pour Albrecht, pas plus de cor de chasse pour Hilarion. Mais une Giselle paysanne quasi-Bécassine, candide et passionnée mais au psychisme fragile, qui se laisse séduire par Albrecht, un homme de la ville. Sur fond de lutte des classes, l’affaire tourne mal, se poursuit dans un hôpital psychiatrique où Giselle est devenue folle et Myrtha est l’infirmière en chef, et s’achève par une formidable rédemption par l’amour. Personne ne meurt dans cette Giselle qui va au bout des émotions et des situations avec la force des images et de la danse.


Pour cette Giselle dite moderne, cette réédition de la seule version existant en vidéo – les opéras de Paris et Lyon qui l’ont à leur répertoire ne l’ont jamais filmée – immortalise les danseurs de la création. L’ineffable Ana Laguna, muse et épouse du chorégraphe, n’a jamais été dépassée dans le rôle de Giselle. La Myrtha de Lena Wennergren déborde d’humanité dans sa mission d’infirmière de l’asile, Albrecht (Luc Bouy) et Hilarion (Yvan Auzely) sont rompus au vocabulaire et à la gestuelle expressionniste d’Ek et toute la troupe du Cullberg Ballett (fondé par la propre mère du chorégraphe) est habitée par cette géniale vision.


Olivier Brunel

 

 

 

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