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09/16/2018
La Petite Danseuse de Degas
Patrice Bart (chorégraphie), Denis Levaillant (musique)
Clairemarie Osta (La petite danseuse), Dorothée Gilbert (La danseuse étoile), Mathieu Ganio (Le maître de ballet), José Martinez (L’abonné), Benjamin Pech (L’homme en noir), Elisabeth Maurin (La mère), Stéphanie Romberg (La chanteuse de caf’conc’), Emmanuel Thibault (Le violoniste), Ballet de l’Opéra national de Paris, Orchestre de l’Opéra national de Paris, Koen Kessels (direction musicale), Ezio Toffolutti (décors), Sylvie Skinazi (costumes), Marion Hewlett (lumières), Vincent Bataillon (réalisation)
Enregistré en public à Paris (26 juin 2010) – 112’ (+ bonus 20’)
Arthaus Musik Blu-ray 109273 (ou DVD 109272) – Image 16:9 1080i High Definition – Son PCM Stereo/DTS-HD Master Audio 5.1 – Region Code: 0


Sélectionné par la rédaction





Créée en 2003 par le Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP), cette chorégraphie de Patrice Bart inspirée par l’histoire du modèle de La Petite Danseuse de Degas, visuellement superbe mais méritant d’être resserrée pour être plus efficace, paraît sur les supports vidéos dans la collection «Elegance The Art of...» d’Arthaus Musik sans documentation mais en revanche de nombreuses interviews en bonus.


La plus célèbre statue de Degas, La Petite Danseuse de quatorze ans «qui s’anime sous le regard et semble prête à quitter son socle» selon l’expression de Huysmans et excita les sarcasmes quand elle fut présentée à l’exposition de peinture impressionniste de Paris de 1881, a une véritable histoire. Celle de ses modèles possibles, les trois sœurs Van Goethem, danseuses du Ballet de l’Opéra de Paris aux destinées divergentes. Cette histoire a été reconstituée grâce à une véritable enquête menée par Martine Kahane, à l’époque responsable des services culturels de l’Opéra de Paris et anciennement directrice de sa bibliothèque-musée, comme elle s’en explique dans un article de 48/14 La Revue du Musée d’Orsay (1998, n° 7). Ainsi est venue l’idée à Brigitte Lefèvre, directrice de la danse à l’époque, de réunir une équipe autour de l’histoire de Marie Van Goethem, l’une des trois sœurs, pour en faire une chorégraphie digne du BOP. Aussi, Patrice Bart, maître de ballet et Martine Kahane élaborèrent-ils un scénario, l’enrichissant de personnages du monde de la danse typiques de l’époque, et commande fut passée à Denis Levaillant d’une partition originale.


L’histoire, un roman noir à la Zola, mène l’héroïne de la classe de danse à la prison de Saint-Lazare, en passant par divers avatars qui donnent lieu à des scènes souvent très pittoresques comme un bal à l’Opéra, ou le cabaret du Chat Noir à Montmartre, évoqués par des décors très finement stylisés d’Ezio Toffolutti. Clou de la réalisation, les plus de deux cents costumes de Sylvie Skinazi, tous absolument magnifiques, mériteraient de longues descriptions tant par leur beauté individuelle et leur facture d’un luxe insensé que par la réussite d’ensemble, créant de véritables tableaux vivants comme au bal, au cabaret et pour la scène finale des blanchisseuses. La partition de Denis Levaillant mérite aussi beaucoup d’éloges. Elle utilise l’orchestre classique enrichi de quelques instruments, comme l’accordéon, typique de l’époque, ou le saxophone ténor, et même d’autres plus rares, destinés à donner leur couleur individuelle à certains personnages, comme le hautbois d’amour et le contrebasson. Haute en couleur et riche rythmiquement (le jazz est l’influence la plus perceptible), elle est tout au long de la soirée un soutien d’une efficacité parfaite à la danse.


Patrice Bart a créé une chorégraphie très riche, parfois un peu trop, en privilégiant les personnages annexes comme le Maître de ballet ou la Danseuse étoile, mais les mouvements d’ensemble sont magnifiques et la caractérisation des personnages principaux est parfaite. Seul reproche, la structure de l’ensemble n’est pas d’une grande rigueur, et quelques longueurs font regretter que l’on n’ait pas songé à faire un ballet sans interruption, une succession de tableaux selon un procédé plus cinématographique comme s’applique si bien à le faire la musique de Levaillant. La belle scène des blanchisseuses, acte blanc de ce ballet selon Patrice Bart, occupe presque toute la seconde partie, elle-même déséquilibrée par rapport à la première, qui s’achève très efficacement par le bal à l’Opéra. Plus resserré ce ballet qui pourrait être un conte de fées si la fin n’en était pas aussi triste mais cependant très morale, n’en aurait que plus d’impact sans être privé de ses atouts majeurs.


Plusieurs distributions ont alterné à la création en 2010. Celle retenue par la vidéo ne nous semble pas la meilleure. Laëtitia Pujol y trouvait dans le rôle de la petite danseuse sa meilleure composition depuis qu’elle avait été nommée étoile un an au paravent. Clairemarie Osta, retenue pour le film, n’a pas la même aura. Agnès Letestu était plus vraie que nature dans son rôle de Danseuse étoile, dont Dorothée Gilbert, dans le film, ne maîtrise pas toutes les difficultés. De même Benjamin Pech n’a pas la classe qu’avait Wilfried Romoli dans le rôle ambigu de l’Homme en noir, personnage omniprésent dans les peintures de Degas et devant ici symboliser le destin de la danseuse. Elisabeth Maurin traite le rôle de la Mère avec beaucoup de personnalité et de sens dramatique. Mathieu Ganio est parfait en Maître de ballet. Parmi les rôles de silhouettes, on distingue de jeunes danseurs de l’époque aujourd’hui arrivés au sommet de la hiérarchie du BOP comme Emmanuel Thibault et Stéphanie Romberg, et on y retrouve José Martinez, danseur étoile retraité.


Dirigé par Koen Kessels, l’Orchestre de l’Opéra joue avec un entrain formidable cette belle et difficile partition, élément-clef d’un spectacle en effet digne de la maison qui lui a donné le jour. Les bonus permettent d’en savoir plus sur sa genèse et sa création avec des interviews de Patrice Bart, Denis Levaillant, Brigitte Lefèvre et Martine Kahane, intarissable sur le sujet.


Olivier Brunel

 

 

 

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