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07/16/2017
Youri Grigorovitch, L’Age d’or
Denis Sneguirev (réalisation)
Réalisé en 2016 – 87’
DVD Bel Air Classiques BAC 137 – Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code: 0 – Sous-titres en anglais, français, allemand et coréen





L’Age d’or, opus 22
Youri Grigorovitch (chorégraphie), Dimitri Chostakovitch (musique), Nina Kaptsova (Rita), Ruslan Skvortsov (Boris), Ekaterina Krysanova (Lyuska), Mikhail Lobukhin (Yashka), Vyacheslav Lopatin (Meneur de revue), Ballet du Théâtre académique d’Etat du Bolchoï de Russie, Orchestre du Théâtre académique d’Etat du Bolchoï de Russie, Pavel Klinichev (direction musicale), Simon Virsaladze (décors, costumes), Mikhail Sokolov (lumières), Vincent Bataillon (réalisation)
Enregistré en public à Moscou (octobre 2016) – 103’
BelAir Classiques Blu-ray BAC 443 (ou DVD BAC 143) – Son 2.0 PCM & 5.1 DTS HD – Format Full HD 16:9 – Region Code: A, B, C – Notice en anglais, français et allemand





Youri Grigorovitch, danseur étoile du Kirov, a été pendant trente-et-un ans, de 1964 à 1995, le patron absolu de la danse au Théâtre Bolchoï de Moscou, record de longévité pour un directeur du Ballet.


Sa carrière a coïncidé avec l’ère soviétique de Staline à Khrouchtchev, dont il a été le chorégraphe emblématique; il est parti à la retraite à la chute de l’URSS, titulaire du prix Lénine et décoré de la plus haute distinction possible, «héros du travail socialiste». Son ballet Spartacus est célébrissime dans le monde entier, ses étoiles ont été Plissetskaïa, Bessmertnova, Maximova, Vassiliev, Liepa, Moukhamedov, ses compositeurs de prédilection Khatchatourian, Chostakovitch et Prokofiev. Bel Air lui consacre un passionnant documentaire, L’Age d’or, réalisé par Denis Sneguirev en forme de lettre ouverte, à l’occasion de son quatre-vingt-cinquième anniversaire, avec des images d’archives inédites en Occident et des témoignages à la gloire de cet immense chorégraphe et de son testament chorégraphique.


L’Age d’or est précisément le titre de sa dernière création, pour la réouverture après travaux du théâtre Bolchoï de Moscou en octobre 2011 – moins emblématique que Spartacus et Ivan le Terrible, mais avec un charme indéniable. Créé au Kirov de Leningrad en 1930 sur la toute première musique de ballet de Chostakovitch qui reste célèbre par la Suite qu’il en a tirée, L’Age d’or n’eut guère de succès et fut même interdit pour sa musique jazzy parodique, mélange de cabaret, danses américaines et exotiques. Son intrigue politisée évoquait les aventures de l’équipe nationale de football soviétique en pays capitaliste. Dans sa seconde vie, le livret a été révisé et il en existe deux versions dont celle de Grigorovitch. Ne connaissant pas l’original, on peut supposer qu’elle édulcore beaucoup le propos avec son intrigue déplacée dans un restaurant cabaret et son histoire d’amour à rivalités sur fond de brigandage dans les Années folles. Il serait intéressant de la comparer avec celle que le Théâtre Mariinsky avait réalisée en 2006 avec son action transposée à notre époque.


Comme toujours, Grigorovitch a réalisé une chorégraphie énergique qui donne la part belle aux ensembles et valorise le corps de ballet. Des deux couples rivaux, celui le moins recommandable, formé par les vedettes du Bolchoï Ekaterina Krysanova (Lyuska) et Mikhail Lobukhin (Yashka), crève l’écran, la métaphore cinématographique étant justifiée par l’esthétique de comédie musicale filmée américaine. Rita et Boris, le couple «pur», est dansé avec moins d’investissement par Nina Kaptsova et Ruslan Skvortsov. Mention pour le meneur de revue du cabaret Vyacheslav Lopatin, excellent et virtuose danseur de caractère. Le corps de ballet du Théâtre Bolchoï est admirable dans une chorégraphie très animée qui réserve à ses solistes de très beaux pas de deux. Pavel Klinichev dirige avec causticité cette musique aux lignes acérées assez voisine dans sa verve satyrique de celle du Nez.


Deux réserves cependant. D’une part, la réalisation de l’enregistrement par Vincent Bataillon est un peu trop frontale, privilégiant certes les ingénieux décors de Simon Virsaladze et les ensembles mais offrant peu de gros plans sur les protagonistes. D’autre part, ce film a bénéficié d’une diffusion mondiale dans les cinémas (Pathé) et la télévision (Mezzo, NHK...). A l’entracte, Irina, la veuve de Chostakovitch, témoignait des circonstances de la création. Il est dommage que ce document n’ait pas fait l’objet d’un bonus pour ce film qui a une grande valeur documentaire et récréative.


Olivier Brunel

 

 

 

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