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07/10/2017
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9 en ré mineur, opus 125 [1]
Discovering Beethoven Symphony n° 9 [2]

Annette Dasch (soprano), Mihoko Fujimura (mezzo-soprano), Piotr Beczala (ténor), Georg Zeppenfeld (baryton), Wiener Singverein, Johannes Prinz (chef de chœur), Wiener Philharmoniker, Christian Thielemann (direction), Agnes Méth [1], Anca-Monica Pandelea et Christoph Engel [2] (réalisation)
Enregistré en public dans la Goldener Saal der Gesellschaft der Musikfreunde, Vienne [1], et en studio au Palais am Festungsgraben, Berlin [2] (avril 2010) – 80’ [1] + 58’ [2]
C Major/Unitel Classica Blu-ray 737904 (ou DVD 737808) – Son LPCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code 0 – Notice (en anglais, allemand et français) de Harald Reiter





Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45
Christine Schäfer (soprano), Christian Gerhaher (baryton), Chor des Bayerischen Rundfunks, Peter Dijkstra (chef de chœur), Münchner Philharmoniker, Christian Thielemann (direction), Agnes Méth (réalisation)
Enregistré en public à la Philharmonie im Gasteig, Munich (avril 2007) – 83’
C Major/Unitel Classica Blu-ray 719904 (ou DVD 703308) – Son LPCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code 0 – Notice (en anglais, allemand et français) de Harald Reiter


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Anton Bruckner : Symphonie n° 6 en la majeur (édition Haas)
Staatskapelle Dresden, Christian Thielemann (direction), Henning Kasten (réalisation)
Enregistré en public au Semperoper de Dresde (13-14 septembre 2015) – 63’
C Major/Unitel Blu-ray 738304 (ou DVD 738208) – Son LPCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code 0 – Notice (en anglais, allemand et français) de Tobias Niederschlag





Christian Thielemann, actuel directeur musical de la Staatskapelle de Dresde, fait partie des chefs dont les concerts symphoniques sont régulièrement filmés. En voici trois nouvelles preuves qui s’inscrivent chacune dans un cycle particulier puisque données avec des orchestres différents et à des époques qui, chacune, trahit un style propre au grand chef allemand.


Commençons donc, pour prendre l’ordre alphabétique des compositeurs, par la Neuvième Symphonie de Beethoven, captée en concert au Musikverein de Vienne dans le cadre d’une intégrale que les Wiener Philharmoniker avaient ensuite notamment donnée à Paris (voir ici, ici, ici et ici). Une fois n’est pas coutume, commençons par la réalisation du film, qui est excellente. La qualité de l’image (précisons, à l’instar de la notice d’accompagnement, que l’intégrale filmée est la première des Symphonies de Beethoven satisfaisant aux critères de la technologie Blu-ray haute résolution) est parfaite, de même que la spatialisation sonore, chaque enceinte rendant parfaitement compte des instruments avec une précision des plus appréciables. La réalisatrice Agnes Méth sait par ailleurs varier les plans avec beaucoup de recherche, permettant ainsi d’apprécier les musiciens seuls, en groupe ou dans leur ensemble, l’orchestre étant filmé dans sa totalité en plus d’une occasion, rendant ainsi compte de la monumentalité de l’œuvre, contrairement à ce que nous déplorions dans le film de la symphonie dirigée par Mariss Jansons. Les caméras s’attardent aussi en plus d’une occasion sur le chef bien sûr dont la direction était à cette époque parfois assez caricaturale – ah! ce mouvement de balancier constant! ces génuflexions! – mais qui pouvait également revêtir une incroyable sobriété, que ce soit dans le troisième mouvement ou même dans le Molto vivace, où un simple mouvement du poignet suffit à faire démarrer en trombe un orchestre des plus opulents.



Car, et maintenant venons-en à l’analyse musicale, Christian Thielemann reste le tenant d’une tradition germanique qui requiert en l’espèce un orchestre symphonique pléthorique avec ses huit contrebasses, ses bois par quatre, ses cinq cors aux côtés desquels les deux trompettes font pâle figure! Difficile dans ces conditions d’adopter un discours sinon léger, du moins véloce, d’autant que le chef berlinois a tendance à alourdir le trait (dans l’Allegro ma non troppo, un poco maestoso à 5’35 ou 13’35), l’approche pesante s’avérant parfois à la limite du supportable comme dans le pourtant noté Molto vivace (à 22’15 et à 28’30, juste avant la relance de l’orchestre par le basson solo tenu pour l’occasion par Michael Werba). Or, après deux premiers mouvements moyennement convaincants en dépit de très belles qualités individuelles (un pupitre de cors irréprochable, une petite harmonie où brillent en plus de Werba les solistes habituels, à savoir Dieter Flury à la flûte, Martin Gabriel au hautbois et Matthias Schorn à la clarinette), on assiste à un véritable tournant dans ce concert. Car Thielemann et le Philharmonique de Vienne nous délivrent un troisième mouvement d’une indicible beauté où, aux côtés de cordes souveraines, chacun contribue au climat presqu’extatique souhaité par le chef – l’entrée du hautbois et de la flûte à 38’04! Le dernier mouvement impressionne d’emblée (l’entrée des pupitres de violoncelles et de contrebasses), l’orchestre étant renforcé par un excellent Wiener Singverein et un quatuor de solistes où seule Annette Dasch connaît quelques difficultés (une voix un peu aigrelette dans les aigus). En fin de compte, et sans prétendre à surpasser le concert de la Saint-Sylvestre 1977 (Unitel) dirigé à Berlin par Karajan, une excellente version de la Neuvième de Beethoven par une Rolls dont on ne cesse, au-delà de quelque défaut par-ci par-là, d’admirer l’éclat.


Ce concert est complété par un assez long documentaire (presqu’une heure) qui permet à Christian Thielemann d’échanger avec le célèbre critique musical Joachim Kaiser sur la Neuvième. Alternant entretien entre les deux hommes (on sourira en remarquant que Thielemann a à sa disposition deux verres, un d’eau et un de vin, quand son comparse ne dispose que d’un verre d’eau...), interview de Kaiser seul, extraits (trop brefs malheureusement) de répétitions avec le Philharmonique et extraits d’autres concerts filmés (notamment Karajan et Berlin en 1968, Bernstein et Vienne en 1979 et 1989, et Paavo Järvi avec Brême dans les années 2000), ce documentaire nous éclaire utilement sur les options du chef allemand. Souhaitant trouver un moyen terme entre la précision des sextolets introductifs et le «brouillard brucknérien» du début, n’abordant pas les roulements de timbales comme l’annonce d’un cataclysme (à rebours de l’option Furtwängler en 1942 comme le souligne Kaiser), Thielemann convainc assez bien l’auditeur quant aux choix arrêtés, avouant même qu’il déteste les indications métronomiques, surtout lorsque l’on sait qu’elles ne valent pas grand-chose chez Beethoven et qu’il est difficile de les prendre au pied de la lettre... Aussi intéressant soit-il, on regrettera donc que certaines séquences ne soient pas davantage développées (répétitions, comparaisons de passages peut-être plus brefs avec d’autres concerts ou d’autres chefs); pour autant, un très bon documentaire qu’il importe de regarder avant le concert.


Brahms: voici de nouveau un compositeur fréquemment dirigé par Thielemann. On se souvient par exemple de l’excellente intégrale des Symphonies donnée à la tête de son orchestre dresdois. Ici, c’est avec le précédent orchestre dont il était le directeur musical, les Münchner Philharmoniker, qu’il donne une version exemplaire du Requiem allemand qui connaît déjà de superbes réussites en vidéo, que ce soit à Salzbourg sous la baguette de Herbert von Karajan ou à Vienne sous celle de Claudio Abbado, tous deux à la tête du Philharmonique de Berlin. Alors que les années 2000 voyaient sur scène un Thielemann à la gestique souvent brouillonne, ce concert nous montre au contraire un chef et dirigeant sans baguette et tout en réserve qui, certes, adopte souvent son mouvement de balancier extrêmement raide mais qui démontre aussi sa souveraine maîtrise de la partition, qu’il sculpte avec de légers mouvements des doigts. Il n’est que de regarder sa conduite à 34’50 et plus encore à partir de 37’15 dans «Herr, lehre doch mich» pour admirer, le mot n’est pas trop fort, l’effet qu’il arrive à obtenir par un simple et presqu’imperceptible mouvement des doigts. Pour une fois d’ailleurs, saluons la réalisation (Agnes Méth en l’occurrence) qui ne rompt pas les plans de manière intempestive et qui nous permet ainsi de suivre sur la longueur nécessaire la direction d’un des grands chefs de notre temps. Adoptant comme à son habitude un regard dur qui ne s’éclaire que rarement (les premières secondes suivant la fin de l’œuvre), il impose déjà un style classique mais souverain. Car l’orchestre est également fabuleux: le timbalier (quel passage à partir de 14’45 dans «Denn alles Fleisch, es ist wie Gras»!), les bois d’une finesse extraordinaire, les cordes à la puissance constamment maîtrisée... Et que dire du chœur de plus de cent chanteurs, une fois de plus parfaitement préparé par Peter Dijkstra, si ce n’est qu’il est tour à tour parfaitement recueilli, galvanisé, repentant, bref, toujours juste? D’une pureté presque virginale pourrait-on dire, Christine Schäfer illumine sa partie tandis que Christian Gerhaher met toute la sobriété qu’il convient dans ses interventions. L’image est irréprochable, les plans variés contribuant à l’excellence d’une version qui, sans conteste, se place au sommet des Requiem allemand disponibles en vidéo. Thielemann a, nous indique la notice d’accompagnement, refusé que le public applaudisse immédiatement: il a eu raison tant on ressort de cette interprétation avec un goût de complet aboutissement. On ne peut que regretter de n’avoir pas été, à l’époque, dans la salle...


On le sait, Bruckner fait partie des compositeurs de prédilection de Christian Thielemann. Visiblement, le chef allemand s’est lancé dans une intégrale filmée des symphonies, achevant avec le présent opus le cycle des symphonies dites «de maturité» puisqu’ayant déjà enregistré les Quatrième, Cinquième, Septième, Huitième et Neuvième. On a déjà eu l’occasion de le dire mais, avec le temps, la direction de Thielemann a perdu en gesticulations et brutalités ce qu’elle a gagné en sérénité et autorité. Car, avec cette Sixième, il nous conduit sur des cimes brucknériennes comme, soyons honnête, peu de chefs sont aujourd’hui capables de le faire. Le premier mouvement impressionne grâce à un orchestre impeccable – cor solo en tête, mais aussi les cordes et n’oublions pas le formidable Thomas Käppler aux timbales! – conduit avec une maîtrise souveraine qui atteint son apogée dans la coda, peut-être la plus belle coda jamais composée par Bruckner avec celle qui conclut la Huitième. Le deuxième mouvement -Adagio. Sehr feierlich) s’avère des plus recueillis avant un Scherzo à la texture presqu’allégée, chose que l’on ne retrouvait pas il y a quelques années encore chez Thielemann. Après un dernier mouvement triomphal où l’orchestre applaudit son chef dès le premier rappel, c’est le public qui salue bien bas une interprétation de tout premier plan. L’excellent Henning Kasten est à la manœuvre pour superviser le film du concert, tourné sous les ors du Semperoper, alternant avec beaucoup de naturel vues de l’orchestre, des musiciens et du chef, dont la direction, souvent imperceptible, fonctionne grâce à une gestique impérieuse (à 14’55, dans le premier mouvement). Une splendide version.


Le site de Mihoko Fujimura
Le site de Piotr Beczala
Le site de Christine Schäfer
Le site de Christian Gerhaher
Le site de l’Orchestre philharmonique de Vienne
Le site du Wiener Singverein
Le site de Peter Dijkstra
Le site de l’Orchestre philharmonique de Munich
Le site du Chœur de la radio bavaroise
Le site de la Staatskapelle de Dresde


Sébastien Gauthier

 

 

 

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