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07/09/2017
Anton Bruckner : Symphonie n° 1 en ut mineur, WAB 101 (version de Vienne, 1890-1891) – Marche en ré mineur, WAB 96 – Trois pièces pour orchestre, WAB 97
Orchestre philharmonique du Luxembourg, Gustavo Gimeno (direction)
Enregistré à la Philharmonie du Luxembourg (juin 2016) – 63’06
SACD Pentatone PTC 5186613


 Sélectionné par la rédaction





Anton Bruckner : Symphonie n° 2 en ut mineur (version de 1872)
Mozarteumorchester, Ivor Bolton (direction)
Enregistré en public au Grosses Festspielhaus de Salzbourg (2-4 octobre 2015) – 71’36
Oehms Classics OC 447 – Notice (en allemand et en anglais) de Gottfried Franz Kasparek





Anton Bruckner : Symphonie n° 3 en ré mineur (version originale de 1873)
Altomonte Orchester St. Florian, Rémy Ballot (direction)
Enregistré en public à la Stiftsbasilika de Saint-Florian (23 août 2013) – 89’06
Gramola 99044 – Notice trilingue (allemand, anglais et français) de Klaus Laczika





Anton Bruckner : Symphonie n° 4 «Romantique» en mi bémol majeur (version de 1878/1880, édition Haas)
Gasteig-Orchester Müchen, Christoph Lickleder (direction)
Enregistré en public (21 juin 2009) – 78’29
TYXart TXA 13034 – Notice en allemand et en anglais





Anton Bruckner : Symphonie n° 5 en si bémol majeur
Philharmoniker Hamburg, Simone Young (direction)
Enregistré en public à la Philharmonie de Hambourg (1er-2 mars 2015) – 73’23
Oehms Classics OC 689 – Notice (en allemand et en anglais) de Michael Lewin





Anton Bruckner : Symphonie n° 6 en la majeur (version de 1881, édition Benjamin-Gunnar Cohrs)
Oberösterreichisches Jugendsinfonieorchester, Rémy Ballot (direction)
Enregistré en public à la Stiftsbasilika de Saint-Florian (19 août 2016) – 69’08
Gramola 99127 – Notice (en allemand, anglais et français) de Klaus Laczika





Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur (version complétée par Gerd Schaller)
Philharmonie Festiva, Gerd Schaller (direction)
Enregistré en public (juillet 2016) – 84’37
Album de deux disques Profil Hänssler PH 16089





Il y a encore quelques années, une véritable «folie Gustav Mahler» s’était emparée des grands orchestres et des salles de concert qui ne cessaient de le programmer. Depuis, il semble que l’engouement soit quelque peu passé de mode au profit d’Anton Bruckner (1824-1896), un des autres grands symphonistes de cette seconde moitié du XIXe siècle, comme en témoignent les nombreuses parutions discographiques de ces derniers mois. En voici quelques-unes.


Gustavo Gimeno (né en 1976) a choisi la Première Symphonie dans sa version «viennoise», plus rarement donnée que la «version de Linz» (1877), bien qu’également choisie par des chefs aussi connaisseurs de Bruckner que Claudio Abbado (Accentus) ou Günter Wand (RCA). A la tête de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg dont il est directeur musical depuis la rentrée de 2015, le chef espagnol nous donne là une excellente version de cette symphonie, qui augure (si tel devait être le but poursuivi) une intégrale des plus intéressantes. L’Allegro initial est très prenant, bénéficiant d’une belle variété de climats (les «lâcher-prises» que l’on entend fréquemment chez Bruckner) et notamment d’une fulgurante accélération à partir de 11’. Si le deuxième mouvement n’appelle guère de commentaire, on insistera en revanche sur un classique Scherzo - Trio brucknérien, servi par de superbes pupitres de cuivres et déroulant la partition de façon implacable. C’est donc d’autant plus décevant d’entendre un dernier mouvement (Finale: Bewegt, feurig) qui connaît pour sa part quelques baisses de tension, souffrant au surplus de certaines raideurs dans les transitions et l’articulation générale. Pour autant, une indéniablement très belle version de cette symphonie. En complément, la Marche en ré mineur et les trois rarissimes pièces orchestrales composées par Bruckner en 1862: la marche, évidemment martiale et fière comme Artaban, la première pièce orchestrale, aux douces mélopées chantées par la clarinette et le cor avant d’être reprises par les pupitres de cordes, la deuxième, plus lyrique à l’instar d’un superbe hautbois solo, et la troisième, très brahmsienne dans ses tonalités, offrent un complément de choix à un disque dont on aura compris qu’il s’avère de très haute tenue.


Sauf erreur, avec cet enregistrement de la Deuxième, Ivor Bolton (né en 1958) clôt son intégrale des Symphonies de Bruckner à la tête de l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg. On avait été peu convaincu par son interprétation de la Première: force est de constater que cette version de la symphonie la plus solaire de Bruckner ne marquera pas davantage les esprits. Dès le premier mouvement, et ce en dépit de beaux pupitres (les bois en particulier dans le passage à partir de 5’25), on ne perçoit aucune vision: les phrases s’alignent les unes après les autres mais les grandes arches font constamment défaut. Après une fin très lourde, c’est au contraire un Scherzo. Schnell (placé en deuxième position alors qu’on le trouve en troisième dans la version révisée de 1876-1877) trop véloce qu’on entend et qui, à force de ralentis et d’affectation dans les traits, lasse bien vite. L’Adagio. Feierlich, etwas bewegt, qui occupe de fait ici la troisième position, ne manque pas de nuances mais la masse orchestrale s’épaissit (à 5’40!) et, banalité après banalité, Bolton a tendance à livrer une version caricaturale du style brucknérien. On en restera donc sans hésiter à Simone Young ou, surtout, au génial Herbert Blomstedt (avec le Gewandhaus de Leipzig) qui a su le mieux transcender la version originelle de cette symphonie, souvent considérée comme mineure dans l’œuvre du maître de Saint-Florian.


Après des versions moyennes des Huitième et Neuvième symphonies, Rémy Ballot (né en 1977) poursuit son intégrale avec cette fois-ci les Troisième et Sixième, toujours enregistrées en concert dans le cadre du Festival Bruckner de Saint-Florian qui se déroule annuellement au mois d’août. Commençons par la Sixième, la moins réussie des deux gravures. Souffrant dès le début d’un léger halo dans l’enregistrement, le premier mouvement s’étire devant nous: là aussi, soulignons tout de même de très beaux moments comme ce grand choral de cuivres à 9’53 mais, par ailleurs, quelle pesanteur! L’ensemble apparaît au mieux besogneux mais la fin est à la limite du supportable. Le deuxième mouvement (Adagio. Sehr feierlich) bénéficie de savantes couleurs qui sont malheureusement masquées par une lenteur rédhibitoire qui fait place à l’ennui au bout de quelques minutes. Le Scherzo ne convainc pas davantage en raison d’un manque de tension et surtout d’un manque de contrastes entre le Scherzo lui-même et le Trio central qui précède la reprise. Le dernier mouvement ne changera guère l’impression générale; pour qui souhaite une récente Sixième, on conseillera la splendide version dirigée par Mariss Jansons à la tête de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam sachant qu’il s’agit là de l’édition Nowak. Dirigeant cette fois-ci l’Orchestre Altomonte de Saint-Florian, Rémy Ballot nous donne à entendre une version plutôt réussie de l’édition primitive de la Troisième (1873), dont on comprend que Bruckner l’ait retravaillée car cette version originelle, bien qu’intéressante du point de vue musicologique, comporte d’indéniables longueurs au fil de sa presque heure et demie. Qu’on ne se méprenne pas pour autant: on aura toujours droit à notre contingent de lourdeurs (la fin du premier mouvement, le dernier à partir de 8’23), de relances poussives (le deuxième mouvement à 11’44), de passages plus grandiloquents que solennels, mais les réussites du jeune chef français sont ici patentes. Tout d’abord, l’orchestre semble être d’un meilleur niveau que dans le précédent enregistrement: excellent pupitre de cors (dans le premier mouvement notamment), de très beaux cuivres en général et des bois d’une finesse rarement prise en défaut. Ensuite, Ballot réussit à instaurer une belle progression dans les mouvements impairs, l’Adagio. Feierlich bénéficiant également de larges développements où la science contrapuntique de Bruckner brille de mille feux (magnifique relance à 17’14). Bien que les versions dirigées par Herbert Blomstedt (avec Leipzig), Yannick Nézet-Séguin avec la Staatskapelle de Dresde ou Georg Tintner avec le Royal Scottish National Orchestra (Naxos) soient à notre sens plus convaincantes, celle-ci ne décevra pas les brucknériens avertis.


Christoph Lickleder ne fait pas partie des chefs d’orchestre très connus. Le voici dirigeant, dans un concert un peu ancien désormais, la célèbre Quatrième dont les versions de référence (Wand, Böhm, Jochum, Abbado, ces trois derniers ayant opté pour l’édition Nowak) abondent. Etait-il nécessaire de publier cet enregistrement? On peut se le demander car, même si l’orchestre est très bon (un excellent cor solo et le tutti des cuivres dans le premier mouvement à partir de 10’53!), on ne se sent guère emporté par l’interprétation. Au-delà de quelques défauts de l’orchestre (des attaques pas toujours synchronisées, un manque de volume de temps à autre notamment au sein du pupitre de violoncelles à moins que ce ne soit dû à la prise de son, globalement très bonne pourtant?), on est surpris par la lenteur de l’interprétation qui ne connaît guère que Celibidache comme comparaison possible, le chef roumain livrant en revanche une version autrement plus habitée. Le célèbre troisième mouvement ahane plus qu’autre chose (notamment à 10’20) mais c’est surtout le quatrième mouvement qui plombe l’ensemble. Les attaques des cordes sont parfois beaucoup trop charnues (à 11’) mais l’interprétation s’avère très fréquemment lourde et statique, au point d’être presque insupportable (le passage à partir de 12’48), la coda conclusive se caractérisant par une raideur du trait chez les cordes (à 24’22 notamment) qui disqualifie complètement une interprétation qui, jusque-là, s’avérait pourtant de plutôt bon niveau.


De son côté, la cheffe australienne Simone Young (né en 1961) clôt son intégrale brucknérienne avec la redoutable Cinquième, dont la structure interne des mouvements pairs a mis en échec plus d’une baguette, y compris parmi les plus prestigieuses. Comme dans les précédents volumes (voir ici, ici, ici, ici et ici), l’orchestre brille de bout en bout: cuivres puissants, bois d’une grande finesse, et cordes à l’ampleur bienvenue. La coda du dernier mouvement illustre particulièrement la grandeur de cette phalange qui, c’est indéniable, rivalise ici avec les meilleures. La réussite incombe bien entendu en premier lieu à Simone Young, qui parvient à ne jamais relâcher la tension (le premier mouvement revêt toute la grandeur nécessaire, comme en témoigne par exemple le formidable choral de cuivres à partir de 13’45), notamment dans l’Adagio. Sehr langsam, le mouvement ne semblant donc jamais s’étirer et trouvant pleinement sa cohérence musicale. Le Scherzo, molto vivace (schnell). Trio est très réussi, Young adoptant un tempo léger, voire frivole qui dénote avec beaucoup de conviction avec le climat plus pesant des deuxième et quatrième mouvements. On aura compris que voilà donc une Cinquième des plus recommandables.


Gerd Schaller (né en 1965) avait déjà enregistré la Neuvième complétée par William Carragan. Le voici qui récidive mais, cette fois-ci, avec un quatrième mouvement arrangé par lui-même. Même si, comme on a déjà eu l’occasion de l’écrire, un quatrième mouvement nous semble totalement inutile tant la fin de l’Adagio est sublime et ne nécessite aucun ajout supplémentaire, cette nouvelle expérience s’avère musicologiquement des plus intéressantes. Les trois premiers mouvements de la symphonie sont ceux que l’on entend habituellement (vraisemblablement les mêmes que dans l’édition Nowak) et bénéficient ici d’une excellente interprétation. Dès le premier mouvement, Schaller, très bon brucknérien, sait parfaitement conduire son orchestre, alternant avec une indéniable subtilité des cuivres éclatants et les interventions millimétrées de la petite harmonie (à partir de 9’44 par exemple). Puissant sans être massif (les martellements de timbales!), le Scherzo revêt parfaitement le caractère inexorable qu’on aime y trouver, enrichi par une légère réverbération qui sert parfaitement la transition avec le troisième mouvement, une des plus belles pages composées par Bruckner. Quant au dernier mouvement (Finale. Bewegt, doch nicht zu schnell), d’une durée de presque 25 minutes, il offre presque un patchwork du Bruckner symphoniste: évocation de la fin du premier mouvement de la Huitième avec ses trompettes retentissantes à 9’50, rappel du quatrième mouvement de la Sixième à 12’40, avant la reprise partielle du thème du premier mouvement de la Neuvième à 22’15. S’il s’avère parfois assez lisse, ce dernier mouvement reprend la plupart des canons du style brucknérien avec ses ensembles de cuivres rougeoyants (à 19’05!) et, bien que les cordes manquent parfois de scintillement et de souplesse, ce dernier mouvement convaincra sans aucun doute les adeptes de l’achèvement de ce chef-d’œuvre inachevé.


Le site de Gustavo Gimeno
Le site de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg
Le site d’Ivor Bolton
Le site de l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg
Le site de l’Orchestre Altomonte de Saint-Florian
Le site du l’Orchestre Gasteig de Munich
Le site de Simone Young
Le site de l’Orchestre philharmonique de Hambourg
Le site de Gerd Schaller
Le site de la Philharmonie Festiva


Sébastien Gauthier

 

 

 

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