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06/04/2017
Johannes Brahms : Concerto pour violon en ré majeur, opus 77 [1] – Concerto pour piano n° 1 en ré mineur, opus 15 [2]
Robert Schumann : Quatuor avec piano en mi bémol majeur, opus 47 [3]

Frank Peter Zimmermann (violon), Emanuel Ax (piano), RCO Chamber Soloists [3]: Vesko Eschkenazy (violon), Henk Rubingh (alto), Gregor Horsch (violoncelle), Koninklijk Concertgebouworkest, Bernard Haitink (direction)
Enregistré en public au Concertgebouw (17-19 et 21 mars [1], 15, 17 et 19 décembre [2] 2010) et en studio à la Waalse Kerk (20 juin 2016), Amsterdam [3] – 105’57
Album de deux disques RCO Live 17001 – Notice (en anglais, français, allemand et néerlandais) de Marco Nakken


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Bernard Haitink a été le directeur musical de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam de 1961 à 1988 avant d’être nommé directeur musical honoraire en 1999, fonctions dont il démissionna en 2014 après une brève crise avec la direction du Concertgebouw à l’occasion des 125 ans de l’orchestre, chef et phalange s’étant rabibochés depuis... C’est heureux car, à l’écoute de ces deux concertos de Brahms captés en concert dans la grande salle du Concertgebouw, piliers du répertoire l’un comme l’autre, on assiste à une entente idéale qui justifie à nos yeux la récompense suprême accordée aux disques par notre site.


Etonnant voire inutile de couronner ces versions au sein de discographies qui ne manquent certes pas de références pourront dire certains... Et pourtant, dès le premier mouvement du Concerto pour violon, la vision du chef néerlandais s’impose à tous, assez retenue dans l’allure mais d’une finesse incroyable (des bois à se pâmer!): l’orchestre instaure un climat d’élégance aristocratique à laquelle Frank Peter Zimmermann s’identifie totalement, y compris dans la cadence qui bénéficie de la même ambiance, vision de grand seigneur que d’aucuns pourront peut-être trouver trop retenue. L’Adagio, point commun d’ailleurs à l’ensemble des deux concertos, se veut résolument chambriste à l’instar des bois (du début jusqu’à 2’11, où s’illustre notamment un exceptionnel hautbois solo) ou de l’ensemble des cordes, avant que le mouvement n’explose. Tout n’est alors que joie (les trilles de la petite harmonie!) mais Haitink sait varier les couleurs: l’orchestre s’avère parfois sage mais pour mieux faire montre de soudaines fulgurances, avec une fierté qui le fait se cabrer face à un soliste qui sait lui répondre avec la même assurance. Zimmermann, comme on avait déjà eu l’occasion de le souligner récemment dans une version captée en concert du Concerto de Beethoven (là aussi sous la baguette de Haitink), allie une fois de plus à merveille technique ravageuse et finesse de jeu grâce à son Stradivarius «Lady Inchiquin»: c’est superbe.


La réussite est peut-être encore plus patente dans le Premier Concerto pour piano, où Haitink retrouve un de ses partenaires privilégiés, le pianiste américain Emanuel Ax. Alors que nombre de chefs ont tendance à aborder le premier mouvement de façon assez monumentale (n’oublions pas qu’il s’intitule Maestoso!), Haitink opte avant tout pour la clarté: clarté de l’orchestre donc, clarté des transitions également (à 8’13) et surtout clarté du dialogue avec le soliste, qui relègue au second plan la monumentalité de la partition. Emanuel Ax adhère pleinement à cette façon de voir les choses, son piano étant frivole avant d’être conquérant puis véritablement impérial (la variation des climats à 13’05!): le chatoiement de couleurs passe sans aucune rupture du soliste à l’orchestre. La vision là encore chambriste du concerto éclate pleinement dans le mouvement lent, le toucher rêveur du soliste permettant aux bois de l’orchestre de faire une entrée à pleurer à 5’15. Quant au troisième mouvement (Rondo. Allegro non troppo), même si l’on peut préférer plus conquérant (Gilels et Jochum chez Deutsche Grammophon ou Arrau et Giulini chez EMI), il reflète parfaitement le style souhaité dès le premier mouvement: conquérant, «orchestral» mais pas grandiloquent et c’est bien cela dont il s’agit, grâce à un Emanuel Ax au sommet de sa forme qui préserve la poésie de la partition de la première à la dernière note.


En complément de ces deux concertos, le Quatuor avec piano de Schumann permet à Emanuel Ax de retrouver quelques chefs de pupitres du Concertgebouw pour une entente évidente là encore. Dès le premier mouvement, l’écoute mutuelle entre les trois cordes et le pianiste est patente, chacun prenant le sillage du précédent pour se retrouver avant de mieux jouer sa partition propre ensuite. Après un Scherzo. Molto vivace sous-tendu par une noirceur implacable, l’Andante cantabile s’offre à nous dans une vision qui n’a jamais mieux porté son qualificatif tant l’ensemble des protagonistes le chante avec art et manière. Une superbe version: alors, à quand le Quintette opus 44 par les mêmes?


Le site d’Emanuel Ax
Le site de l’Orchestre royal du Concertgebouw


Sébastien Gauthier

 

 

 

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