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05/26/2017
Hans Zender : ¿Adónde? Wohin? [1] – Oh bosques ǀ O Wälder [2] – ¿Por qué? Warum? [3] – Oh cristalina ... [4]
Angelika Luz [1, 2] (soprano), Ernst Kovacic [1] (violon), Chor des Bayerischen Rundfunks [2], SWR Vokalensemble Stuttgart [3, 4], Klangforum Wien [1], Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks [2], SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg [4], Sylvain Cambreling [1], Susanna Mälkki [2], Marcus Creed [3], Emilio Pomarico [4] (direction)
Enregistré en public à Vienne (18 juin 2010 [1]), à Munich (8 juillet 2011 [2]) et à Donaueschingen (17 octobre 2014 [4]) et en studio à Stuttgart (17-28 mars 2014 [3]) – 59’20
Wergo WER 7336 2 (distribué par Distrart) – Notice en allemand et en anglais
 Sélectionné par la rédaction
Compositeur, chef d’orchestre, enseignant, penseur et écrivain: Hans Zender (né en 1936) agrège tous les dons, au point d’échapper à toute catégorie. Son goût pour les musiciens inclassables (Giacinto Scelsi, Morton Feldman) – dont il devint l’avocat passionné – joint à sa fascination pour la philosophie zen est à l’origine de sa poétique singulière. Zender projette souvent l’auditeur sur un terrain instable en mêlant des couches temporelles et stylistiques différentes. Il a par ailleurs forgé sa propre grammaire harmonique (une division de l’octave en 72 micro-intervalles).
Les quatre œuvres présentées ici (les trois dernières en première mondiale) ont comme dénominateur commun la poésie de saint Jean de la Croix, qui forma, aux côtés d’Ignace de Loyola et Thérèse d’Avila, la triade mystique espagnole du XVIe siècle. Bien qu’orchestrées de manière différente, les pièces peuvent toutefois se jouer consécutivement dans le cadre d’une soirée. Elles témoignent de l’univers sonore caractéristique de Zender (pianos accordés en quarts de ton...).
¿Adónde? Wohin? (2010) pour violon, soprano et instruments, se présente comme une œuvre mixte: ni tout à fait concerto, ni tout à fait cantate. Les commentaires instrumentaux colorent et diversifient le «paysage vaste et rude» dans lequel évolue la mariée en quête de son époux. La maîtrise de l’écriture vocale nécessite une certaine maestria de façon à restituer la micro-tonalité en tant qu’enrichissement plutôt qu’erreur d’intonation. D’où les dangers d’une voix ayant un vibrato trop marqué, ce qui n’est heureusement pas le cas de la soprano Angelika Luz, laquelle tisse un superbe dialogue avec le violon dans la pièce centrale de «Pastores, los que fuerdes».
Oh bosques ǀ O Wälder (2010), pour soprano, chœur mixte et petit orchestre, bénéficie du voluptueux Orchestre Symphonique de la Radio bavaroise enrichi d’un ensemble de percussions disposé hors scène. Les sonorités chuintantes propres à la langue espagnole favorisent les phénomènes de tuilage, tandis que les techniques responsoriales et celles dites du hoquet régissent ¿Por qué? Warum? (2011) pour deux chœurs mixtes. Oh cristalina ... (2014) referme sur un geste plus apaisé ce cycle d’après saint Jean de la Croix, digne de figurer aux côtés de la magnifique Noche Oscura (1950) pour chœur et orchestre de Goffredo Petrassi (1904-2003).
Les interprètes servent cette musique – redoutable à mettre en place – avec un professionnalisme qui force l’admiration: Hans Zender en ressort grandi.
Jérémie Bigorie
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