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02/14/2017
«Shakespeare Songs»
Gerald Finzi : Let Us Garlands Bring
William Byrd : Caleno Custure me
Thomas Morley : It was a lover and his lass – O mistress mine
John Wilson : Take, o take those lips away
Robert Johnson : Where the bee sucks – Full fathom five
Franz Schubert : An Silvia, D. 891
Joseph Haydn : Second Set of 6 Original Canzonettas: «She never told her love», Hob. XXVIa.34
Roger Quilter : Three Shakespeare Songs, opus 6 : 1. «Come away, death»
Ivor Gurney : Under the Greenwood Tree
Peter Warlock : Pretty Ring Time – Sweet and Twenty
Erich Wolfgang Korngold : Four Shakespeare Songs, opus 31: 1. «Desdemona’s Song» – Songs of the Clown, opus 29: 1. «Come away, death» & 2. «Adieu, good man devil»
Francis Poulenc : Fancie, FP 174
Benjamin Britten : Fancie
Michael Tippett : Songs for Ariel
Igor Stravinsky : Three Songs from William Shakespeare
Anonyme : When that I was and a little tiny boy

Ian Bostridge (ténor), Antonio Pappano (piano), Elizabeth Kenny (luth), Adam Walker (flûte), Michael Collins (clarinette), Lawrence Power (alto)
Enregistré à St Jude-on-the-Hill, Londres (7-11 février 2016) – 66’54
Warner Classics 0825646106639 – Livret et textes en français, anglais et allemand


Must de ConcertoNet





Les quatre cents ans de la disparition de William Shakespeare, célébrés rappelons-le en 2016, sont le prétexte de ce disque centré autour du ténor anglais Ian Bostridge. Ce récitaliste hors du commun excelle notamment dans les opéras de Britten ou chez Bach, mais son format vocal l’éloigne de répertoires plus lourds où Shakespeare est volontiers convoqué, comme chez Verdi par exemple. L’idée de lui confier un enregistrement de mélodies autour de Shakespeare était donc excellente et ce disque s’avère une totale réussite à laquelle participe le piano présent et lumineux du grand chef italien Antonio Pappano qui s’avère ici un extraordinaire accompagnateur. La présence de musiques très variées est aussi un des intérêts de cet enregistrement.


Dès les magnifiques pièces de Gerald Finzi, composées entre 1929 et 1942, qui débutent ce disque le miracle opère: musicalité, clarté du timbre, précision de l’intonation, nuances, connexion entre le chanteur et le pianiste, tout est au service d’une émotion vraie et contenue avec, pour chaque pièce, la création d’une ambiance propre. La déploration centrale («Fear no more the heat o’ the sun») est particulièrement poignante avant d’être immédiatement suivie par la joie de «O mistress mine». Les pièces de William Byrd, Thomas Morley, John Wilson et Robert Johnson qui suivent sont, elles, magnifiquement accompagnées au luth par Elizabeth Kenny. Elles illuminent les textes de Shakespeare que l’on peut ainsi goûter jusque dans chacun de leurs détails.


Avec le célèbre A Silvia de Schubert, on retrouve le piano élégant et subtil de Pappano dans une osmose musicale au plus haut niveau. Plus surprenant est le bel adagio de Haydn «She never told her love», exemple unique de mise en musique de Shakespeare par le compositeur, tout de retenue et de mystère qui ne sont pas sans évoquer... Schubert. La pièce unique («Come away death») de Roger Quilter (1875-1953) est une miniature très séduisante ici aussi magnifiquement mise en lumière par Bostridge et Pappano. Il est de même pour les pièces suivantes: Under the Greenwood Tree d’Ivor Gurney (1890-1937) ainsi que Pretty Ring Time et Sweet and Twenty de Peter Warlock (1894-1930).


Avec des pièces de la fin des années 1930, Korngold fait ce qu’il fait le mieux, à savoir faire mettre du sentiment sur des mots. Ainsi «Desdemona’s Song» est empreint de la gravité ad hoc alors que les deux pièces extraites des Chansons du clown évoquent, pour la première, Mahler alors que la seconde, d’une électrique concision, laisse apercevoir tout le génie de Korngold. Francis Poulenc (Fancie) n’est pas oublié avec sa seule pièce écrite en anglais et une de ses dernières mélodies, quintessence de son art. Le contraste avec l’enjouée pièce de Britten du même nom et donc sur le même texte est passionnant.


Les trois pièces de Michael Tippett (Chansons pour Ariel) datent de 1962 et seront sans doute pour beaucoup une belle découverte. Composées originellement pour flûte, clarinette, cor, harpe, clavecin et percussions, elles ont été transcrites pour le piano par l’auteur. Ian Bostridge démontre à nouveau ici ses infinies possibilités, notamment dans la pièce «Come unto these yellow sands», où il imite avec conviction les aboiements d’un chien. Rien de cela dans la méditative «Full fathom five», qui fait penser, par son climat, à la pièce homonyme pour chœur de Ralph Vaughan Williams. La troisième et très courte pièce, «Where the bee sucks», utilise les rythmes pointés si chers à Purcell.


Plus de 60 ans après leur composition les Trois Chansons de William Shakespeare de Stravinsky étonnent par leur modernité persistante. Les incroyables intervalles imposés au chanteur sont accompagnés d’une flûte, d’une clarinette et d’un alto, un mélange lui aussi assez peu banal. Mais Ian Bostridge en a vu d’autres et donne tout son sens à ces acrobaties vocales qui illustrent respectivement le Huitième Sonnet, Peines d’amour perdues et La Tempête. La pièce anonyme, a cappella, qui termine intelligemment ce disque rare, est une autre merveille.


Un magnifique album, on l’aura compris qui plus est doté d’un magnifique livret richement et intelligemment illustré. Une vraie réussite musicale comme éditoriale: bravo! Un enregistrement à découvrir absolument.


Gilles Lesur

 

 

 

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