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01/03/2017
Vincenzo Bellini : I Capuleti e i Montecchi
Margherita Rinaldi (Giulietta), Giacomo Aragall (Romeo), Luciano Pavarotti (Tebaldo), Nicola Zaccaria (Capellio), Walter Monachesi (Lorenzo), Coro del Teatro Comunale di Bologna, Residentie Orkest Den Haag, Claudio Abbado (direction)
Enregistré en public à La Haye (30 juin 1966) – 126’
Album de deux disques IDIS 6709/10





«Rarities»
Giuseppe Verdi : Simon Boccanegra: Prélude – Ernani: «Odi il voto» (récitatif et aria, acte II) (*) – Attila: «Oh dolore!» (acte III) & «Io la vidi» (**) – I due Foscari: «Dal più remoto esilio» (scène et cavatine, acte I) (**) & «Sì lo sento, Iddio mi chiama» (cabaletta, acte I) – Les Vêpres siciliennes: «O toi que j’ai chérie» (nouvelle romance pour M. Villaret, acte IV) – Aida: Sinfonia

Luciano Pavarotti, Antonio Savastano (**) (ténors), Giuseppe Morresi (*) (baryton), Alfredo Giacomotti (*) (basse), Orchestra del Teatro alla Scala, Claudio Abbado (direction)
Enregistré aux studios CTC de Milan (janvier 1978 et avril 1980) – 88’
Warner Classics 2564 64653-8 – Notice (en anglais) de Pietro Spada





Giuseppe Verdi : Un ballo in maschera
Luciano Pavarotti (Gustavo III), Piero Cappuccilli (Le comte Renato Anckarström), Gabriele Lechner (Amelia), Ludmila Schmetschuk (Ulrica), Magda Nádor (Oscar), Georg Tichy (Cristiano), Franco De Grandis (Le comte Horn), Goran Simic (Le comte Ribbing), Alexander Maly (Un juge), Franz Kasemann (Serviteur d’Amelia), Orchester und Chor der Wiener Staatsoper, Claudio Abbado (direction)
Enregistré en public à l’Opéra de Vienne (26 octobre 1986) – 132’35
Album de deux disques Orfeo «Wiener Staatsoper Live» C 907 162 I – Notice (en allemand, français et anglais) d’Oliver Láng





Giuseppe Verdi, Claudio Abbado, Luciano Pavarotti: quel trio! Et pourtant, lorsqu’on regarde la discographie rassemblant ces trois noms, on ne trouve guère de réalisations hormis un Requiem capté sur le vif le 10 octobre 1970 (Horne, Scotto et Ghiaurov complètent le quatuor), édité chez Opera d’Oro, et Un bal masqué enregistré à Milan en 1978 avec, également, Piero Cappuccilli dans l’équipe (édité chez Bella Voce). Voici trois autres témoignages dont on ne peut dire que les deux premiers soient vraiment des nouveautés...


Car cette version de l’opéra de Bellini I Capuleti e i Montecchi enregistrée en concert, en Hollande, a déjà connu plusieurs parutions chez Opera d’Oro (dans la série «Pavarotti Collection»), Melodram et chez Rodolphe Productions. Notons dès à présent qu’il ne faut pas la confondre avec la version milanaise du même opéra, enregistrée également en concert mais le 7 octobre 1967, sous la baguette d’Abbado, le changement notable de distribution concernant Juliette, qui fut alors incarnée par Renata Scotto (Opera d’Oro). La présente édition n’apporte guère de nouveauté hormis une bande-son meilleure que chez les deux premiers éditeurs en tout cas (nous ne connaissons pas directement la dernière version...). Comme d’habitude chez IDIS, on ne peut que déplorer l’absence totale de travail éditorial: aucune notice d’accompagnement, aucun renseignement sur cette représentation, le minutage de l’œuvre ne faisant même pas apparaître la subdivision en scènes... Bref, quel est l’intérêt de cette nouvelle parution? Car, musicalement, elle ne fera plaisir qu’aux inconditionnels du chef ou du ténor. Claudio Abbado insuffle une belle énergie que l’orchestre ne peut pas toujours vraiment suivre (la trompette un peu étriquée à la fin de la scène 2 de l’acte I, la fin de la première scène de l’acte II) mais le public est visiblement pris. Luciano Pavarotti chantait non le rôle-vedette de Roméo (tenu par Giacomo Aragall) mais celui de Tebaldo: si son interprétation de l’air «E serbata a questo acciaro» (acte I, scène 1) est pleine de vie, on ne peut guère en dire davantage du reste puisque son rôle demeure secondaire. Dans le rôle de Roméo donc (souvent chanté par une mezzo comme ce fut par exemple le cas pour Agnès Baltsa sous la baguette de Riccardo Muti chez EMI), Aragall tient la corde et campe un personnage assez complexe avec beaucoup de vérité. On est un peu plus circonspect à l’égard de Margherita Rinaldi, qui ne semble pas toujours avoir la technique nécessaire requise par le rôle de Giulietta.


Le florilège verdien enregistré par Abbado à la tête cette fois-ci de l’Orchestre de La Scala de Milan séduira tout amoureux d’opéra mais là aussi, on connaissait déjà ce disque (notamment sous le nom de «Pavarotti Premieres» publié chez CBS Master Works). Tout d’abord, l’orchestre en tant que tel est ici excellent: la vigueur du Prélude de Simon Boccanegra et les couleurs de la Sinfonia d’Aïda, qui va droit au but sans atermoiement, témoignent à la fois de musiciens qui ont cette musique dans le sang et d’un chef des plus familiers avec ce répertoire. La voix de Pavarotti impressionne à chaque instant. Rayonnante dans Ernani, elle irradie littéralement dans Attila: quel souffle, quels aigus chatoyants, le tout doublé d’une prononciation idéale... Même s’il arrive que les aigus justement soient parfois un peu poussés (I due Foscari), on ne peut qu’être emporté par la générosité qui explose à chaque note et qui nous convainc sans aucune difficulté.


La version viennoise d’Un bal masqué, enregistrée quelques années plus tard en public alors que Claudio Abbado était directeur de l’Opéra de Vienne, aurait pu être un immense témoignage. Faisons la fine bouche et avouons que ce ne sera qu’un très grand témoignage de ce que Vienne pouvait alors offrir à un public des plus chanceux. Et pourtant, quel orchestre tout d’abord! Galvanisé par un Abbado des plus inspirés, les musiciens de l’Opéra de Vienne emportent tout sur leur passage dans les ensembles (quelle explosion sonore à l’acte I dans l’air «Il primo giudice» ou dans la scène finale, étourdissante), sachant bien entendu faire individuellement montre de leurs talents quand cela est nécessaire (le hautbois dans l’air d’Amelia «Ecco l’orrido campo», la flûte et le violoncelle solo dans celui de Renato «Alzati; la tuo figlio» à l’acte III). L’équipe masculine sur scène est excellente, dominée par les hautes figures de Pavarotti et Cappuccilli. Ce dernier, dans le rôle de Renato, est impérial: souffle long, voix chaude, pleine de caractère et d’autorité, il est justement ovationné pour ses airs «Alla vita che t’arride» (acte I) et surtout «Alzati; là tuo figlio» (acte III) par un public qui en pourtant vu d’autres. Les plus vifs éloges vont néanmoins à Luciano Pavarotti dont on ne sait ce que l’on doit admirer en premier lieu: l’émission facile, presque déconcertante? La projection, fascinante? L’incarnation même de son personnage, évidente? Dès sa première intervention «Amici miei», il est tout cela à la fois et tient la corde jusqu’à la fin, qui culmine dans le célèbre «Forse la soglia attinse» à l’acte III. Si l’on ajoute à ce duo un chœur des plus solides, qui participe pleinement à la verve collective (la fin de l’acte II!), comment alors ne pas porter cet enregistrement aux nues? Tout simplement, et ce n’est pas rien, à cause des trois principaux rôles féminins de l’opéra, qui ne sont malheureusement pas au niveau du reste de l’équipe. Dans le rôle d’Amelia (tenu lors de la première par Margaret Price), Gabriele Lechner est poussive: à l’acte II, dans l’air «Ecco l’orrido campo» puis dans le duo qui suit avec Gustavo, elle manque de souffle et termine assez péniblement sa prestation. Il arrive même que sa voix manque de stabilité («Morrò, ma prima in grazia» à l’acte III), Lechner essayant de compenser ses difficultés par un vibrato incessant. Certes, Magda Nádor possède l’agilité vocale nécessaire pour incarner Oscar mais le souffle s’avère un peu court dans l’air «Il primo giudice», ses aigus étant même poussifs au sein du bel ensemble «Ah! dessa è là» (acte III). Enfin, dans le rôle d’Ulrica, Ludmila Schmetschuk s’avère finalement assez neutre, ce qui a au moins le mérite de ne pas aggraver la situation côté interprètes féminines. En fin de compte, pour Pavarotti, pour Cappucilli, pour Vienne et surtout pour Abbado, on se précipite sur ce coffret. Pour ceux qui souhaitent une équipe totalement irréprochable, on en reste à la version d’Erich Leinsdorf, indémodable (RCA ou Sony).


Le site de Luciano Pavarotti


Sébastien Gauthier

 

 

 

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