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11/06/2016
«The Birth of the Violin»
Sabine Lutzenberger (soprano), Le Miroir de musique, Baptiste Romain (violon et direction)
Enregistré en la Schlosskirche de Beuggen (mai 2012) – 65’19
Ricercar RIC 333 (distribué par Outhere) – Notice trilingue (anglais, français et allemand) de Baptiste Romain





Carlo Tessarini : Sonates pour violon et clavecin Opera XIV: n° 1 en si bémol majeur, n° 2 en fa majeur, n° 3 en sol majeur, n° 4 en ré majeur, n° 5 en mi bémol majeur, n° 6 en sol majeur et n° 7 en si bémol majeur – Sonates pour violon et clavecin Opera II: n° 2 en si bémol majeur, n° 3 en ré majeur et n° 11 en sol majeur
Ensemble Guidantus: Marco Pedrona (violon), Marco Montanelli (clavecin)
Enregistré au sanctuaire Santa Maria del Molinello de Vezzano Ligure (4-6 juillet 2012) – 64’11
Calliope Records CAL 1208 – Notice trilingue (italien, anglais et français) de Marco Pedrona et Marco Montanelli





Pietro Antonio Locatelli : 24 Caprici ad libitum, opus 3
Gabriel Tchalik (violon)
Enregistré en l’église Saint-Pierre-Saint-Paul de Fontenay-aux-Roses (mars-mai 2013) – 76’20
Evidence EVCD 002 (distribué par Harmonia Mundi) – Notice en français, anglais et italien


 Sélectionné par la rédaction





«Minoritenkonvent»
Heinrich Ignaz Biber : Sonates n° 84 en mi majeur et n° 11 en mi mineur
Anonymes: Sonates n° 77 en la majeur, n° 87 en fa mineur, n° 4 en ré majeur et n° 75 en ut mineur
Giovanni Buonaventura Viviani : Sonate n° 90 en la mineur
Jan Ignác Frantisek Vojta : Sonate n° 70 en si mineur
Nikolaus Faber : Sonate n° 2 en mi majeur
Johann Caspar Teubner : Toccata n° 94 en la mineur – Sonate n° 88 en ré mineur

Stéphanie Paulet (violon), Elisabeth Geiger (orgue)
Enregistré en l’église Sainte-Madeleine de Strasbourg (31 juillet-3 août 2014) – 72’32
Muso mu-008 – Notice trilingue (français, anglais et allemand) de Stéphanie Paulet, Greta Haenen et Quentin Blumenroeder





Antonio Maria Montanari : Concertos en ut «Dresde», en mi bémol majeur, opus 1 n° 6, en la majeur, opus 1 n° 1, en ut majeur, opus 1 n° 5, en mi majeur, opus 1 n° 7, et en la majeur, opus 1 n° 8
Ensemble Diderot, Johannes Pramsohler (violon et direction)
Enregistré à la Gustav Mahler Saal de Dobiacco (Toblach) (12-14 janvier 2015) – 60’02
Audax Records ADX 13704 (distribué par Socadisc) – Notice (en anglais, allemand, français et italien) de Michael Talbot et entretien de Johannes Pramsohler avec Claire Boisteau





Arcangelo Corelli : Sonate a violino e violone o cimbalo, Opera quinta: Sonates n° 1 en ré majeur, n° 7 en ré mineur, n° 2 en si bémol majeur, n° 8 en mi mineur, n° 3 en ut majeur, n° 9 en la majeur, n° 4 en fa majeur, n° 10 en fa majeur, n° 5 en sol mineur, n° 11 en mi majeur et n° 6 en la majeur – Follia en ré mineur
Enrico Gatti (violon), Gaetano Nasillo (violoncelle), Guido Morini (clavecin)
Enregistré à Badia Cavana de Langhirano, Parme (25 mai-2 juin 2003) – 126’30
Album de deux disques Arcana A 397 – Notice (en anglais, français, allemand et italien) d’Enrico Gatti





Instrument-roi de la période baroque, instrument-roi de la musique classique tout bonnement, dont le titre ne lui est disputé que par le piano, le violon a évidemment été un instrument de prédilection pour bon nombre de compositeurs qui, à l’époque baroque en tout cas, étaient souvent eux-mêmes violonistes de formation. Voici, à travers ces six disques, un petit florilège de ce que l’on pouvait alors composer pour un instrument dont les possibilités techniques n’ont cessé de se développer, offrant ainsi des champs jusque-là insoupçonnés.


Le grand intérêt du disque dirigé par Baptiste Romain est de nous plonger dans des sonorités violonistiques que nous ne connaissons plus guère. Remontant au début du XVIe siècle, il nous donne à entendre des pièces utilisant le violon (mentionné, comme le précise l’excellente notice d’accompagnement, pour la première fois à la Cour de Savoie en 1523) à ses débuts. Si les œuvres de ce disque sont issues pour partie de la musique franco-flamande, pour l’autre de la musique italienne, les premières sonorités (la pièce d’Obrecht) évoquent surtout l’Afrique du Nord, qui connaissait déjà le rebec et dont la parenté avec le violon est ici évidente. Plutôt méditatif, le violon est l’instrument par excellence pour accompagner une voix (très belle Sabine Lutzenberger dans l’extrait de Josquin Desprez ou, par exemple, dans la lumineuse Vigesima settima – Da pacem, Domine de Costenzo Festa), pour accompagner les réflexions sur l’existence humaine (grave et profond Salve Regina Misericordie d’Enguerandus Juvenis) mais aussi pour danser ou se distraire, le violon quittant alors ses sonorités pleines et longues pour basculer vers la distraction et un embryon de virtuosité (La canella – Animoso – Cortesa padoana ou le beau Ricercar VII d’Adriaen Willaert). Il faut dire qu’à l’époque, les grands luthiers qu’étaient Andrea Amati et Gasparo da Salò, non plus que les musiciens (compositeurs et solistes), n’avaient pas encore fait émerger toutes les potentialités de ce nouvel instrument: l’âge d’or du violon était bel et bien à venir.


De Carlo Tessarini (1690-1767?), on connaissait quelques concertos pour violon, sous l’archet, déjà, de Marco Pedrona (voir ici). Voici maintenant des sonates pour violon et clavecin du même compositeur, issues de deux recueils différents, celles de l’Opera XIV comportant trois mouvements, celles de l’Opera II en comptant quatre. Faisant office de curiosité musicologique plus qu’autre chose et bien qu’interprétées avec soin par Marco Pedrona et Marco Montanelli au clavecin, ces sonates suscitent, avouons-le, un ennui assez constant. Rares sont les mouvements qui font appel à une technique endiablée (le Vivace de la Sonate opus XIV n° 2, au surplus orné de belles appogiatures), la plupart des mouvements se caractérisant par une certaine platitude tant dans la mélodie que dans les rythmes utilisés, voire dans certains passages par quelque maladresse comme cette fin abrupte du Presto de la Sonate opus XIV n° 3. Pour un Vivace plaisant (issu de la Sonate opus II n° 2), combien d’Andante (Sonate opus XIV n° 6) ou de Largo (Sonate opus Ii n° 11) besogneux! Si les talents de Tessarini furent soulignés en son temps, on ne s’étonnera guère à l’écoute de ce disque qu’il soit passé aux oubliettes de l’histoire de la musique.


Maître incontesté du violon italien, Pietro Antonio Locatelli (1695-1764) a composé de très nombreuses œuvres pour cet instrument dont cette série de Vingt-quatre Caprices (1723-1727), plus de quatre-vingts ans avant ceux de Paganini (1810). Comme l’explique très bien Gabriel Tchalik dans son propos introductif, le caprice est «la forme la plus libre de l’expression artistique, où l’auteur n’en fait qu’à sa tête»: c’est exactement ce que l’on entend ici. Quelle modernité et quelle découverte avec ce disque! Et pas seulement parce que le jeune homme (né en 1989) ne joue pas sur un instrument d’époque. Les traits virtuoses s’enchaînent avec une facilité et une fougue que traduit un archet conquérant. Si certains caprices (le Troisième notamment, tant dans ses traits que dans ses sonorités, avec cette finesse mélancolique propre au registre aigu) ou la toute fin de certains autres (le Vingt-et-unième notamment) évoquent bien sûr Bach, figure incontournable dans cet exercice violonistique, les autres relèvent bel et bien d’un style propre. La technique pour la technique est assez rare en fin de compte: peut-être les Neuvième et Vingt-deuxième (flamboyant celui-là) caprices, et encore. Tchalik nous fait découvrir un Locatelli où la virtuosité instaure un ressenti très différencié (Septième) mais surtout prompt à une musicalité sans pareil. Ecoutez les Onzième et Douzième, tous deux dans la belle sonorité de sol mineur: alors que le second frappe par sa véhémence, ses contrastes, cette envolée finale qui retombe d’un coup sec, le premier étonne au contraire par sa mélancolie et ses couleurs sombres. Pour se convaincre de la fantaisie dont Locatelli était capable, écoutez enfin le Seizième: quel clin d’œil final! Un maître-disque pour tout amoureux du violon baroque.


N’hésitons pas à le dire, le disque de Stéphanie Paulet et Elisabeth Geiger est austère. Austère car, puisant son choix d’œuvres dans le Manuscrit XIV 726 du couvent des Minorites de Vienne qui recèle essentiellement des pièces de la fin du XVIIe siècle, il offre ici des sonates dont l’aridité frappe de prime abord. Cela se ressent surtout dans la première sonate de Heinrich Biber, où l’orgue tient une note continue pendant plus de 2 minutes sur laquelle le violon se livre à des improvisations dont le ressenti renvoie au Moyen-Age (le procédé est repris dans la sonate de Viviani à partir de 1’10) et à des influences arabes évidentes. Sonorités arabisantes également dans la sonate de Vojta (à 6’50), où l’orgue et le violon prennent la main tour à tour, les improvisations de chacun prenant le pas sur celles de l’autre dans un dialogue en continuelle construction. Les deux instrumentistes font montre d’une entente évidente, dans des passages où le son effleure et invite (la fugue de l’orgue à partir de 3’58) plus qu’il ne s’affirme face au partenaire comme le montre la Sonate n° 4 anonyme, qui bénéficie en outre d’une très belle réverbération, l’enregistrement frappant par ses exceptionnelles conditions de prise de son.


Ce n’est pas un hasard si la musique d’Antonio Maria Montanari (1676-1737) rappelle en plus d’une occasion celle de maîtres italiens comme Corelli puisqu’il a succédé à ce dernier comme chef des instrumentistes à cordes de Rome. Musicien de grande qualité, professeur recherché mais compositeur de moyenne envergure, Montanari a notamment composé des sonates et des concertos pour violon dont les six présentés ici le sont en première mondiale. «Plaisant» est le premier qualificatif qui nous vient à l’esprit en écoutant ces œuvres de trois ou quatre mouvements, généralement brefs (le Concerto opus 1 n° 5 faisant six minutes), où le violon s’insère davantage dans un ensemble qu’il ne tient sa place de concertant en regard d’un petit orchestre. Bien que doté d’une très bonne technique, Johannes Pramsohler manque de justesse en quelques occasions (le premier Allegro du Concerto opus 1 n° 6 ou le premier Adagio du Concerto opus 1 n° 7) mais n’en conduit pas moins avec conviction ces concertos qui rappellent tantôt Vivaldi (le Concerto «Dresde»), tantôt Locatelli (Concerto opus 1 n° 5). Si certains mouvements bénéficient d’une certaine inventivité (le très beau Largo du Concerto opus 1 n° 6 aux sonorités graves particulièrement prenantes), c’est néanmoins un compositeur assez banal qu’il nous est offert d’écouter ici: la rareté des enregistrements qui lui sont consacrés lui confère à nos yeux sa vraie valeur.


Enfin, les disques réalisés par l’excellent Enrico Gatti sont une réédition et non une nouveauté. Publiés dans le cadre de la célébration en septembre 2016 du trentième anniversaire de l’ensemble Aurora fondé par Gatti, ces deux disques rassemblent plusieurs sonates de l’Opus V du célèbre compositeur italien dont la maîtrise comme violoniste et l’imagination comme compositeur ne cessent de surprendre. La musique de Corelli est immédiatement reconnaissable (le très vif deuxième Allegro de la Sonate n° 1), pleine de surprises et de fantaisies (quel Vivace de la même sonate, au début classique et dont la folie ne cesse de se développer!). Servi par une technique infaillible (et en dépit de quelques problèmes de justesse comme dans le premier Allegro de la Sonate n° 3), Gatti éblouit par son sens inné de l’ornementation, les appogiatures, les effets dans la pulsation et les trilles survenant avec un naturel et un bon goût de chaque instant comme en témoigne le premier mouvement de la Sonate n° 5. Surtout à l’aise dans les mouvements de danse (la Gigue de la Sonate n° 9, qui bénéficie par ailleurs d’un beau dialogue avec le clavecin, ou le mouvement Tempo di Gavotta concluant la même sonate, la Corrente de la Sonate n° 7 ou l’Allemande de la Sonate n° 8), Gatti dialogue brillamment avec ses deux comparses violoncelliste et claveciniste, et signe là un disque des plus enthousiasmants.


Le site du Miroir de musique
Le site de l’ensemble Guidantus et de Marco Pedrona
Le site de Gabriel Tchalik
Le site de Stéphanie Paulet
Le site de l’ensemble Diderot
Le site de Johannes Pramsohler
Le site d’Enrico Gatti


Sébastien Gauthier

 

 

 

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